Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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INVRAISEMBLABLE


«Achetez la liste des numéros gagnants au dernier tirage des bons de l’Exposition universelle, avec la liste de tous les numéros sortis aux précédents tirages... dix centimes, deux sous!»

Vous l’avez entendu comme moi, ce refrain plaintif répété indéfiniment par une voix monotone. J’ai fait plus que de l’entendre: je suis entré en conversation avec le crieur.

«Eh bien!» lui dis-je, «est-ce que la vente marche?»

«Mais oui, répondit-il, tous ceux qui ont un billet, vous comprenez, veulent savoir s’ils ont eu de la chance.»

Il y a donc beaucoup de gens qui ont de ces billets?

Oh! des masses.

Et vous? lui dis-je en riant, vous n’êtes pas du nombre?

Peut-être bien.

Comment «peut-être bien...» Vous n’en êtes pas sûr?

C’est-à-dire que, après l’Exposition, j’avais porté les bagages d’un étranger qui était sur le point de quitter Paris il avait dans sa poche un Bon de l’Exposition, auquel restaient attachés quelques billets d’entrée. Il m’en fit cadeau. Je me servis des billets, et je dois encore avoir le Bon parmi mes paperasses.

En savez-vous le numéro?

Je ne me le rappelle pas.

Vous n’êtes vraiment pas curieux. Mais où sont-elles, ces paperasses?

Au fond d’une vieille commode,

Et la commode?

Dans mon garni.

Et le garni?

À cinq minutes d’ici.

Eh bien, allons-y voir!


Cinq minutes après, nous constations que le billet n’avait rien gagné. Mais j’en inscrivis le numéro sur mon carnet. Six mois plus tard, absent de Paris, j’entendais un autre crieur annoncer un récent tirage. Aussitôt, je pensai à mon vieux bonhomme, et, jetant les yeux sur la liste, je constatai avec une joyeuse surprise que son numéro était sorti, et cela pour un lot de cinquante mille francs.

Rentré en ville, j’eus la curiosité d’aller m’enquérir de sa nouvelle adressé.

«Mais il demeure toujours ici,» me dit le tenancier du misérable hôtel. «Tenez, le voilà qui rentre.»

Une seconde fois, je vérifiai le numéro qu’il avait une fois de plus négligé de regarder, et je lui fis voir sur la liste officielle la bonne aubaine qui lui ôtait échue.

«Pour le coup,» lui dis-je, «c’est à votre tour d’avoir de la chance.»

«C’est pourtant vrai», fit-il sans enthousiasme.

«Et maintenant vous pouvez toucher la somme quand il vous plaira. Il suffit de porter votre Bon à l’adresse indiquée sur le Bon lui-même.»

«Je vous remercie. C’est tout de même drôle de penser que me voilà à la tête de cinquante mille francs! Mais n’allez pas raconter la chose à tout le monde, s’il vous plaît.»


Le croirez-vous? Trois mois plus tard, je rencontrai mon homme distribuant des prospectus au coin d’une rue; toujours mal nourri, mal vêtu, transi de froid. Dès que je pus l’aborder:

«Qu’est-il donc arrivé? lui dis-je. On vous a refusé la somme qui vous appartenait?»

Non, Monsieur, dit-il d’un air embarrassé.

Quoi! vous l’avez déjà dépensée!

Non. — On vous l’a volée?

Non.

Mais enfin, vous avez été la réclamer, pourtant?

Vous savez, Monsieur (et cette fois les paroles ne lui venaient pas facilement), c’est bien loin ce quartier-là, et puis je ne suis pas habillé comme il faudrait, et puis... j’ai tellement de choses à faire que je n’ai pas encore trouvé le temps d’y aller.»

Ici, mon cher lecteur, vous perdez patience:

«Mais c’est une histoire à dormir debout qu’on nous débite là! Jamais il ne s’est rencontré un idiot de cette force!»

En êtes-vous bien sûr, mon ami? Eh bien! laissez-moi vous raconter une autre histoire, celle-là absolument authentique.


Je connais un homme qui possède une pièce authentique à laquelle, dit-il, il tient beaucoup, parce qu’elle ne renferme rien qui ne soit vrai. Il s’agit d’un testament qui le concerne et qui s’appelle Le Nouveau Testament de notre Seigneur Jésus-Christ.

On y rencontre, parmi beaucoup d’autres déclarations du même genre, celles que voici:

«Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en Son fils

«Jésus leur dit: Celui qui vient à moi, je ne le mettrai point dehors.»

«Toutes choses sont à vous.»

«Je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu afin que tu sois riche.»


EH BIEN! CET HOMME VIT DANS L’INDIGENCE SPIRITUELLE.

Il ne connaît ni le pardon ni la paix de Dieu; il se plaint lui-même que la pureté du cœur et celle de la vie lui soient étrangères; il déclare mélancoliquement qu’il manque de force, de lumière, de patience, de consolation, d’espérance.

Demandez-lui pourquoi il ne va pas toucher sa part de ce que Dieu a donné aux hommes en leur donnant Jésus-Christ.

Il vous répondra que ce sont là des choses incontestables assurément, mais bien mystérieuses, bien lointaines, que d’ailleurs il est très occupé, qu’il n’a guère le temps de prier; qu’il verra plus tard.

En somme, il a droit à un trésor, mais il ne va pas le réclamer. Et cette fois il ne s’agit pas d’une pauvre somme d’argent; il s’agit de son bonheur présent et à venir;


IL S’AGIT DE SON ÂME À SAUVER;

IL S’AGIT DE LA VIE ÉTERNELLE.


Cet homme-là, le connais-tu?

Th. Monod.

En avant 1899 07 29


* * *


JÉSUS


Jésus! ce nom suffit pour saisir tout mon être,

Tout l’esprit, tout le cœur, tous les sens éperdus;

Je l’aime, il est mon roi; je l’adore, il est maître;

J’ai tout dit par un mot, en nommant mon Jésus.

Il me faut du bonheur: une force invincible

Me pousse à le chercher au-dessous, au-dessus,

En tout ce qui m’entoure, en tout être possible;

Et le voici, je l’ai: le bonheur c’est Jésus.

Jésus! que ce doux nom que ma bouche proclame,

Soit mon chant d’ici-bas, le trésor des élus!

Ah I s’il est dans l’exil le parfum de mon âme,

Que sera-t-il au ciel où je verrai Jésus?

A. F.

En avant 1899 07 29


 

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