Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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ÉVOCATION

Sous ton drapeau, Jésus, tu nous appelles.


C’est la nuit. Dans la vallée, comme des étoiles apparaissent quelques lumières éparses. À notre droite, les grands bois de la montagne projettent leurs ombres noires, et du chemin étroit qui traverse les hameaux et les campagnes, un concert de voix s’entend, voix peu exercées encore dans l’art du chant, mais il y a dans ce chant quelque chose qui respire l’énergie et la foi.

Puis aussi à cette heure, quand tout rentre dans le calme au milieu de cette belle nature des champs, une note joyeuse sortant des cœurs heureux s'harmonise si bien! Ce que l’on entendait n’était pas une stupide romance, soi-disant sentimentale, sortie de quelque concert douteux du boulevard pour venir échouer dans quelque hameau de province. Non!

À nos oreilles, claires et nettes, les voix cristallines de 6 à 8 campagnardes rentrant dans leurs demeures répètent sans se lasser:


Jusqu’à la mort nous te serons fidèles,

Jusqu’à la mort tu seras notre roi.

Sous ton drapeau, Jésus, tu nous appelles,

Nous y mourrons en luttant avec toi.

Jusqu’à la mort, c’est notre cri de guerre,

Le libre cri d’un peuple racheté.

Jusqu’à la mort nous aurons pour bannière

Ta croix sanglante, ô Christ ressuscité.


Ces jeunes filles viennent d'une réunion de l’Armée du salut. Depuis quelques semaines, il y a du nouveau dans le Pays: l’Armée du salut est arrivée et, à la ville comme dans les villages et hameaux, partout où une porte s'ouvre les salutistes arrive et organisent de suite des réunions de salut.

Dans les foires environnantes vous rencontrez, sac au dos, le salutiste criant à pleins poumons le journal En Avant qui obtient de suite un vif succès de vente, et il le mérite.

Un esprit de réveil est venu dans le pays, et ces jeunes filles sont des jeunes converties qui n’hésitent pas chaque soir, après le dur labeur, de franchir 8 ou 10 kilomètres pour venir aux réunions.

Dans le nombre de ces jeunes recrues du salut en voici une toute jeunette, œil clair, figure pleine de franchise et d’intelligence, et dans son témoignage, dit dans un excellent français, il y a une puissance, une force, ce quelque chose qui fait croire en Dieu, qui vous saisit; et quand je vis cette enfant de 12 à 13 ans pénétrée de l’Esprit de Dieu, et avec une intelligence si nette de Sa volonté, je sentis qu'elle devait devenir une officière, qu’elle était marquée du sceau de l’apostolat, que dans son cœur l’appel du Maître s’était fait entendre.


Subitement je dus quitter le pays, un de ces brusques et surprenants ordres de marche par voie télégraphique m’attendait au retour d’une vente faite dans une grande foire à 30 kilomètres du corps.

Deux ou trois heures après mon retour, le train m’emportait vers une nouvelle région.

4 ans plus tard, je revins prendre charge du poste dont je viens de parler, avec la surveillance des autres postes de la contrée. J’y retrouvai ma jeune convertie toujours alerte, décidée, mais grande et en âge de venir à l’École Militaire. C’était son intense désir, mais il fallait la permission des parents: le père la donna, la mère fut plus longue à se décider.

Quand j'allai insister auprès d’elle, laissant tomber la navette de ses mains, la brave femme pleurait. Donner son enfant!... et pourtant elle le fît.

Le jour du départ sonna, la petite malle fut préparée, et ce jour-là le petit hameau fut en émoi, la jeune salutiste partait pour l’École Militaire.

Dans ce village, il n’y avait ni somptueuses voitures, ni brillants équipages... Un camarade attela le mulet à sa charrette, la malle fut chargée, et en route vers la gare à 2 heures du village.

Les larmes coulent, c’est un au revoir déchirant, les parents et amis accompagnent la jeune fille jusqu’au train, et dans les hameaux traversés c’est des vigoureuses poignées de mains.

Nous voici en gare, le billet est pris, direct pour Paris. Le train s’ébranle, emportant celle que Dieu a choisie, les mouchoirs s’agitent, tout disparaît. La jeune fille est emportée rapidement dans la volonté de Dieu, dans l’Inconnu...

La petite cadette courageuse a fait sa route, et peut-être quelque officière d’État-Major en lisant ces lignes s'y reconnaîtra, et dans son cœur elle aura comme la vision de cette main de Dieu qui l’a choisie et bénie.


RESTE FERME SOUS LE DRAPEAU, VAILLANTE CAMARADE DU SALUT, donnant toujours les bontés et les tendresses de ton cœur pour les malheureux, pour sauver ce qui périt.

Que ton exemple soit salutaire!

N’importe où le journal En Avant vous parviendra, vous qui êtes appelés ou appelées. Voulez-vous répondre?

HÂTEZ-VOUS, DIEU VOUS ATTEND POUR SAUVER LES PÉCHEURS.

Nous comptons sur votre présence pour la prochaine session.

Major Jeanmonod.

En avant 1899 08 05


 

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