Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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PETITE CHRONIQUE


Sous ce titre voici ce que nous lisons dans un journal régional le «PETIT COMTOIS»:

Depuis quelques mois, les rues et les cafés de la tranquille cité qu’est Besançon, sont littéralement pris d’assauts par les officiers et soldats de l’Armée du Salut.

Avec une politesse exquise, mais aussi avec une insistance des plus tenaces, les jeunes filles qui font partie de cette armée céleste, viennent vous offrir, accompagné d’un gracieux sourire tout chrétien, le numéro du jour de leur journal En Avant!

Et il paraît, car en profane endurci, je n’ai pu moi-même vérifier la chose, que rue d’Alsace, en plein centre bisontin, les adeptes du nouveau culte donnent des représentations publiques en chantant les louanges du Seigneur.

Je n’y vois, pour ma part, aucun inconvénient, et comme ces manifestations font partie de l’actualité, je vais donner à mes lecteurs quelques renseignements sur cette fameuse association que l’on nomme l’Armée du Salut.

J’en ai vu, il y a plus de quinze ans, les premières exhibitions à Paris. Les réunions d’alors, organisées rue Auber à grand renfort de grosse caisse et de tambour, firent presque scandale. Puis l’on prit le parti, beaucoup plus sage, d’en rire et de se moquer, dans les revues de fin d’année, des petits chapeaux de paille bleue des jeunes salutistes.

Malgré cette indifférence railleuse, les bataillons de l’Armée du Salut grossirent en nombre. On les aurait dits sortis de terre comme une nuée de sauterelles. Bientôt ils envahirent l’Europe entière, que dis-je? même l’Asie, l’Amérique et l’Afrique. En Chine, au Congo comme en Suisse, on a rencontré de ces zélés novateurs dont la principale action religieuse consiste à frapper très fort sur des tambours et à souffler à pleins poumons dans des trombones retentissants.


Leur fondateur est aujourd’hui un vieillard de soixante-dix ans, le général Booth, qui tient ses assises à Londres. L’Armée entière compte aujourd’hui 6,822 corps commandés par 49,155 officiers de tous grades.

La Maréchale Booth, fille de William Booth, est un des grands chefs de l’armée. Cette association est non seulement une œuvre religieuse, mais en plus — et en cela elle mérite nos louanges, — une œuvre philanthropique.

Elle fait la guerre à la misère en fondant des asiles où les malheureux trouvent, comme dans nos asiles de nuit, à coucher et, de plus, à manger. D’après le rapport lu en ce moment au congrès salutiste de Londres l’an dernier, on aurait abrité plus de trois millions de pauvres diables et donné plus de six millions de repas. Ces chiffres se passent de commentaires; mais ils me laissent rêveur en ce sens que je trouve que tout gouvernement vraiment humanitaire et disposant de plus de ressources en tous genres qu’une simple association pourrait arriver facilement à l'extinction du paupérisme, cette belle rêverie de nos pères, si réalisable cependant.

Alexandre Tanchard.


Nous ne pouvons que remercier l’auteur de ces lignes pour les détails qu’il publie et ses sentiments bienveillants à notre égard. Dieu veuille qu’à Besançon comme ailleurs, l’Armée puisse étendre ses ramifications et conduire surtout beaucoup d’âmes à Celui qui nous a sauvés. Tel est l’unique et noble mobile des officiers et soldats qui travaillent dans cette ville comme partout.

Réd.

En avant 1899 08 26



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