Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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VOIX D’EN HAUT


Un mot fait du bien,

Quand l’amour le murmure.

Je m’arrêtai quelques instants! Regardant devant moi, j’aperçus au travers des arbres, placée sur une éminence, une église dont la flèche élancée du clocher semblait indiquer au passant les cieux.

La journée avait été belle, nous étions à la veille d’entrer dans la saison de l’automne, le feuillage des arbres qui forment ces belles forêts du Jura commençait à prendre ces diverses teintes qui font l’effet d’une magnifique parure; pas très loin l’on apercevait la nappe d’un de nos beaux lacs et dans le lointain l’on entrevoyait les nombreux sommets des Alpes et, dans cette soirée, les derniers rayons du soleil semblaient s’attarder sur ces sommets neigeux pour leur donner un aspect doré.


Reprenant ma marche quelques minutes j’arrivai bientôt près de l’Église; l’idée me vint de gravir l’escalier tournant, adossé à la muraille de la tour et d’aller me reposer quelques instants là-haut et, à l’occasion, y méditer un peu.

Arrivé au haut de la tour, je m’assis sur une travée, tout près de moi, était suspendue une cloche de dimensions modestes. Cette cloche m’intéressa et je l’examinai. Elle n’était pas de première jeunesse et les coups répétés du battant en avaient même un peu usé le métal.

Dans mon esprit il me semblait que la cloche voulait parler et me dire un peu son histoire; en effet, bientôt sa voix métallique tinta et me dit:

«Visiteur salutiste, ne juge pas sur l’apparence, car tu vois que je suis petite, que le clocher où je suis fixée depuis 2 siècles est bien bruni et que tout ici est rustique, mais si tu veux m’écouter un instant, nous causerons.»

Bien, lui dis-je, je t’écoute.

«Je suis heureuse de mon sort, dit-elle, et j’ai appris que chez les hommes beaucoup sont tourmentés par l’ambition et ce doit être un grand malheur de penser qu’il y a si peu de tes semblables heureux. Mais pour être heureux, il faut que les humains comprennent la leçon que je leur donne.

Je suis placée très haut, et si l’on veut être heureux, c’est en Haut qu’il faut fixer son cœur et son âme. Tu vois cette corde qui est liée à moi. Quand on a besoin de mes services, par elle je suis mise en branle, je sonne et je vibre.

Vous aussi, salutistes, pour être utiles, vous êtes liés à certaines obligations si vous voulez garder le bonheur.

N’importe qui me sonne, je donne un son juste.

C’est vrai que le battant frappe parfois bien fort; plus il frappe, plus fort je donne mon son et plus au loin je me fais entendre. Si vous les humains et en particulier les salutistes, vous ne pouvez éviter les dures leçons de l’épreuve, c’est le battant qui frappe vos cœurs et vos âmes et donne la note.

Les circonstances, Dieu, les hommes, le diable lui-même, viennent sonner, mais si vous avez été bien fondus dans le creuset du salut par le feu du Saint-Esprit, vous aurez toujours un son juste.

Je n’ai pas de réserve, dit la cloche, de jour comme de nuit je suis disponible pour vibrer sans cesse, pour appeler les fidèles à la messe, aux vêpres ou aux prières. Je sers aussi de réveille-matin, et pendant la nuit, quand l’incendie éclate ou que quelque danger menace, je sonne l’alarme.

Vous, salutistes, vous devez avoir, je pense, diverses fonctions: vous réveillez les endormis et les avertissez du danger qu’ils courent s’ils ne se convertissent pas, etc...

Cette petite cloche me dit encore tant de choses que je ne puis dire.

Oui, lui dis-je, tout peut nous servir de leçon et je te remercie pour toutes les pensées que tu as produites dans mon âme.

Alors, je m’agenouillai quelques instants et JE SENTIS QUE J’ÉTAIS À L’ÉCOLE DE DIEU.

Du haut de ce clocher, mes pensées prirent leur essor vers ces demeures éternelles. Dans mon existence, la bonté de Dieu me parut visible, je remerciai Dieu de m’avoir placé dans le grand clocher du salut pour sonner l'appel et avertir du danger de la perdition les pécheurs.


Plein de courage, je repris ma route; la nuit était venue, les étoiles brillaient dans les cieux, et toutes étaient à leur poste, heureuses de scintiller. Cette parole de Jésus me revint: VOUS ÊTES LA LUMIÈRE DU MONDE, et dans la nuit du matérialisme dans laquelle des milliers vivent, nous devons, nous les sauvés, être la lumière du monde spirituel dans lequel nous sommes entrés, et donner l’exemple du sacrifice et de l’amour.

Oubliant les choses qui sont derrière moi, je cours vers le but, vers la vocation céleste en Jésus-Christ.

Major Jeanmonod.

En avant 1899 08 26


 

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