Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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L’HÔTELLERIE POPULAIRE

Du 1er Septembre 1898 au 1er Septembre 1899

(fin)


N’est-ce pas ici le lieu de rappeler un cas important survenu au mois de mars dernier? Un prêtre de La Nouvelle-Orléans, muni d’excellents certificats de son archevêque, vient un soir à notre hôtellerie. Il avait assisté à quelques-unes de nos réunions dans une ville de l’Amérique centrale, mais il n’avait rien compris aux vérités qui y avaient été démontrées.

Pendant de longs mois, il s’était jeté dans les études les plus ardues, mais son âme était restée dans le plus grand trouble. Une longue conversation avec le cadet Omnès lui montra la lumière, et quelques jours plus tard ce prêtre acceptait le salut au banc des pénitents....

Nous avons produit dans une série d’articles quelques cas particuliers de transformation spirituelle survenus parmi nos hôtes, nous n’y reviendrons pas.

Nous ajouterons seulement que notre oeuvre sociale prend de l’extension; plus on la connaît plus on s’y intéresse.


* * *


Un soir, c’est un agent de police qui nous présente une mère accompagnée de quatre petits enfants: le père, un ivrogne incorrigible, a jeté tout ce monde hors de la maison et refuse d’ouvrir la porte. Femme et enfants ont faim, nous leur donnons des aliments qu’ils dévorent en quelques minutes.

Une autre fois, nous entendons des pleurs et des sanglots dans le couloir de l’hôtellerie. La porte s’ouvre et un groupe formé d’un homme et de deux enfants dont le plus jeune est âgé de 17 mois, nous est amené par un agent de police. Cet homme revient de province, où il a laissé à la garde de vieux parents ses deux enfants plus âgés. Les enfants sont harassés de fatigue et n’ont pas mangé, aussi le plus jeune se répand en cris et en pleurs. Ils se jettent sur les aliments placés devant eux, pendant que le père nous raconte son histoire.

Nous nous mettons à sa disposition pour les démarches à faire en vue de placer ses deux enfants. Il nous remercie en termes très évasifs et nous comprenons que ce malheureux exploite sa misérable situation pour apitoyer les gens charitables.

Une autre fois, c’est également un père de famille qui vient avec deux jeunes enfants. Il n’exerce pas sa profession de boucher, mais il mendie et oblige ses deux enfants à mendier. Nous faisons remarquer à cet homme, si peu digne du nom de père, combien sa conduite est blâmable, et nous lui offrons de nous charger des visites et démarches nécessaires pour l’admission de ses enfants dans une maison de l’Assistance publique. Cet homme balbutie quelques paroles de refus et, après trois nuits passées à l’Hôtellerie, il se retira.

Combien d’autres exemples de misère pourrions-nous citer?

.... Nous avons eu à nous occuper de quelques locataires blessés accidentellement dans la rue. Ces gens illettrés auraient été victimes de l’abominable exploitation de certains agents d’affaires ou soi-disant tels, qui tarifiaient leurs tarifs à 25% du prix d’indemnité. Ces plaideurs d’occasion ont obtenu par notre moyen, sans bourse délier, l’indemnité qui leur était due.

Plusieurs visites à quelques pensionnaires malades dans divers hospices ont cimenté l’amitié qui nous unit.

Indépendamment du bonheur que nous apportions à ces chers déhérités de parents ou d’amis, nous éprouvions une grande joie à administrer à ces pauvres reclus les preuves palpables de la bonté de Dieu: nous avons constaté que nos courses n’avaient pas été vaines.

Nous n’avons pu agir ainsi que pour plusieurs malades, n’ayant pas été prévenus à temps de la présence à l’hospice d’une vingtaine d’autres hôtes, dont le décès nous a été notifié par lettres.

Notre oeuvre est encore très imparfaite. Elle a subi les tâtonnements inhérents à tout début quel qu’il soit. Nous avons cependant acquis quelque expérience, et, Dieu voulant, la deuxième année sera meilleure en résultats.

En terminant, il nous sera permis d’émettre un vœu. Pendant les douze mois écoulés, un nombre relativement important de dames et de femmes du peuple sont venues nous demander asile et ont éprouvé un grand désappointement de ne pouvoir être admises.

Beaucoup de fonctionnaires de l’ordre administratif nous ont manifesté souvent leur désir de voir l’Armée du Salut ouvrir une Hôtellerie populaire pour femmes, nous affirmant que nous rendrions des services inappréciables. Nous le croyons, en effet, après avoir examiné les motifs présentés c’est pourquoi nous ne pensons pas qu’il soit téméraire de croire que ce désir se réalisera et que bientôt deux asiles fonctionneront dans Paris.

En avant 1899 09 30



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