Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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DANS LA SUISSE ORIENTALE

Glorieuse tournée du Brigadier Peyron-Moussel

(fin)


Nous voilà de nouveau en route, après une courte visite, mais bien bénie, aux officiers fatigués et malades de notre charmante maison de repos. Notre destination était Hérisau, mais comme aucune réunion n’y avait été préparée, car c’était un samedi soir, l’infatigable Brigadier, plus entreprenant que jamais, par une inspiration soudaine, décide autrement.

À la première gare, une dépêche est lancée qui arrange tout, et nous arrivons à St-Gall, belle ville de 35.000 habitants, centre de fabrication de dentelles et de broderies. Une dizaine de soldats se rassemblent, et l’on forme à 8 heures du soir un petit cortège pour annoncer la réunion.

Une grande lampe à l’acétylène projette une lumière éblouissante dans les rues, les concertina du Brigadier et du Capitaine d’E.-M. Maerki et les chants des soldats attirent tout le monde. Mais subitement un coup de foudre, le tonnerre gronde et une pluie torrentielle se déverse sur la ville. Qu’importe! les joyeux salutistes continuent leur marche, leur musique, leurs chants, et les voilà à 8 h. 1/2 à la salle, trempés mais prêts à commencer la réunion: 10 jeunes gens se donnant à Dieu étaient le fruit de leur persévérance.

Le Brigadier passait le dimanche à Hérisau, chef-lieu du canton d’Appenzell. Dans la réunion de sainteté, 36 personnes cherchaient un cœur pur.

Ce jour-là mérite d’être inscrit en lettres d’or dans les annales de cette ville. Les autorités nous avaient donné pour la première fois la permission de prêcher l'évangile en plein air sur une grande place publique. Depuis que Hérisau existe, jamais auparavant l’ordre si absolu que Jésus a donné à ses disciples d’aller prêcher sur les places et dans les rues de la ville, n’avait été exécuté.


Une foule énorme attendait le cortège salutiste qui arrivait, drapeau au vent, fanfare en tête et au chant de mélodies guerrières. Environ mille personnes écoutaient attentivement le message du Salut; beaucoup d’entre elles nous suivirent à la salle, et 5 se donnèrent à Dieu.

Nous ne pouvons parler, faute de place, d’un autre cortège et d’une magnifique réunion de salut que le même soir nous avions encore à St-Gall, ni du conseil de guerre pour officiers qui y eut lieu le lendemain.


En route pour Coire, petite ancienne ville au sein de hautes montagnes, déjà couvertes de la première neige. Outre une bonne réunion de salut, une nouvelle surprise nous attendait: C’était une réunion de salon.

Les officières de Coire avaient invité un bon nombre de personnes. Et nous voilà dans le salon d’un pasteur devant un auditoire choisi, nous entendant chanter sur le sang de Jésus qui purifie de tout péché.

Impression profonde. Puis le Brigadier parle, avec une force et une clarté extraordinaires, sur la révélation des fils de Dieu (Rom. 8. 15).

Il prouve que les hommes sont appelés à ressembler à Jésus-Christ, à porter les traits et le caractère du Fils de Dieu et à accomplir ses œuvres; en un mot, à représenter le Fils de Dieu. Telle est notre vocation. La création soupire après le moment où de tels fils de Dieu seront révélés. Et cela ne nous est pas impossible, répète le Brigadier, nous le pouvons par Christ.


L’après-midi, notre quatuor se rendait à Razaz-les-Bains pour une seconde réunion de salon. Le roi de Roumélie et quelques princes allemands venaient d’y arriver. Pourquoi ne viendraient-ils pas dans une réunion salutiste? Voilà ce que les officières de Coire, deux jeunes filles autrefois des ouvrières de fabrique, se demandaient, et dans leur glorieuse simplicité elles envoyaient une invitation: UN MESSAGE DU SALUT AU ROI!

Oh! ces salutistes, que ne font-ils pas pour leur cause! Nous avions assez de bonne foi pour attendre que Dieu puisse nous envoyer le roi. Or, chacun se mettait dans une tenue aussi propre et correcte que possible dans la perspective de rencontrer le roi. Il n’est pas venu, tant pis pour lui; je ne sais si un des princes nous écoutait, en tous cas notre auditoire était fort distingué et. mieux encore, très intéressé.


Autre scène, une heure plus tard. Un compartiment de 3e classe, en chemin de fer, est notre salle; un ivrogne, quelques ouvriers et quatre paysannes sont notre auditoire qui écoute nos chants et les témoignages du Capitaine d’E.-M. Mærki, auparavant maréchal-ferrant, et de l’Enseigne de Tavel, auparavant professeur de botanique et docteur es-sciences.


Je regrette de ne pouvoir mentionner que les soirées passées à Glaris et à Uster, mais il faut nous arrêter. C’est la dernière journée de la tournée... Elle nous trouve de nouveau à Zurich. Encore une lecture pour les cadets et les cadettes de L’École Militaire. Le Brigadier en a donné cinq. C’étaient de bons moments où Dieu s’approchait de chacun de nous.


Pour les officiers, le Brigadier avait fait arranger une petite fête d'adieux, un thé joyeux. C’était une heure indescriptible et inoubliable, une sainte Cène, une fête d’une simplicité et d’un charme incompréhensibles pour ceux qui aiment les plaisirs du monde.

Voilà la communion des saints, et une sainte communion. On sentait la présence de Dieu, un nouveau baptême de feu et d’amour, un saint enthousiasme, et on ne savait que chanter les louanges de Dieu. Gloire à son nom!


Dernière réunion d'enfants! 200 garçons et fillettes étaient assis autour de longues tables dans la salle du corps de Zurich III, buvant du thé, mangeant des bonbons, chantant, frappant des mains et criant de toutes leurs forces amen et alléluia.

C’était une charmante fête pleine de vie et de joie. Deux fillettes de 7 à 10 ans chantaient un duo: ah! si vous aviez entendu cela! Il me semble que les anges au ciel ne chantent guère des airs plus joyeux et d’une voix plus pure.


Enfin, nous voici à la dernière réunion de salut, à Adlisveil, village à deux heures de Zurich. Avant de commencer, un cortège magnifique était organisé: à la tête, le drapeau salutiste, puis le Brigadier à cheval, ensuite les fanfares réunies des Corps de Zurich I et de Thalweil, puis les soldats, le tout à la lumière brillante de deux lampes à l’acétylène.

Allure tout à fait guerrière; une troupe marchant vraiment à la victoire. Et ce fut en effet victoire, ce soir encore: 400 auditeurs et 8 âmes sauvées.

Le Brigadier est parti. Il a tenu en quinze jours 44 réunions et a vu 263 âmes dont 35 enfants s’avancer pour chercher le pardon des péchés ou la grâce d’un cœur pur. Dieu s’en est servi comme d’un instrument choisi pour bénir Son peuple. À Lui toute la gloire!

F. de Tavel, Enseigne.

En avant 1899 10 07



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