Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LES CONSÉQUENCES DU PÉCHÉ


Une jeune fille entre en service dans une opulente famille de l’Italie. Au bout de quelque temps, séduite par le fils de la maison, elle est renvoyée; on lui donne une somme d'argent pour se rendre à Paris et y subvenir aux frais de la naissance de son enfant. Celui-ci est inscrit au registre de la mairie comme fils d'un père inconnu et de Luigia Luccheni. Plus tard, l’ltalienne, se sentant sans doute étrangère et isolée à Paris, retourne dans son pays avec son enfant, le remet à l’hospice des enfants trouvés, à Parme, et émigre en Amérique.

L'enfant abandonné n'ayant connu ni l'amour d’une mère, ni la main protectrice d'un père, grandit, erre de lieu en lieu, boit à la coupe empoisonnée de la haine contre la société et devient l’anarchiste Luccheni, assassin de l'impératrice Elisabeth, écroué jusqu’à la fin de ses jours dans la prison de l'Evèché, à Genève.


Courte et lugubre histoire, mais que de larmes, que de souffrances, que de longues heures de remords, d'angoisses et d’agonie elle contient!

Si, grâce à Dieu, tous les enfants dont l’origine est semblable à celle de Luccheni (et leur nombre, hélas! est effrayant!) ne finissent pas comme lui, faut-il s'étonner qu’ils fournissent la plus grande partie des coupables devant les tribunaux et des misérables qui deviennent les fardeaux des communes et un danger pour la société?

Lorsqu’un de ces enfants grandit et sait que son père qui le renie est un homme riche et influent, tandis que lui, pauvre et méconnu, ayant peut-être hérité des goûts de grandeur, mieux doué que la plupart de ses compagnons, cet homme ronge son frein en voyant qu'au lieu de pouvoir satisfaire ses besoins d’instruction et de culture, il se heurte de tous côtés contre l'implacable pauvreté. Il n’est pas surprenant que ce pauvre déclassé, l'amertume dans l'âme, conçoive une haine toujours plus violente contre les classes élevées et devienne facilement la proie des meneurs anarchistes.


Toutes ces terribles conséquences ont leur source dans la violation du septième commandement.

Et cependant il n'y a pas de péché sur lequel le monde passe aussi légèrement que sur celui-là.

Lorsqu'un affamé se laisse entraîner, pour assouvir la faim qui le torture, à se procurer un peu de nourriture par des moyens plus ou moins légitimes, chacun de crier: «cet homme est sans honneur, c'est un mendiant!»

Mais lorsqu’un homme haut placé se permet une de ces infractions à la loi morale, dont les conséquences sont si épouvantables, le monde dit en souriant: «Il faut que jeunesse se passe», ou «c'est un mal nécessaire».

Et pourquoi ce désordre dans les idées?

Pourquoi ces fausses notions?

La raison n’en est-elle pas, hélas! dans le fait que ces péchés sont trop répandus et qu’il y a, parmi ceux qui devraient les réprouver, trop de gens dont la conscience n’est pas libre à cet égard. Et c’est ainsi que le mal prend des proportions toujours plus considérahles, les consciences s'émoussent, et l'État lui-même n'agit pas comme il devrait et se fait même souvent COMPLICE DU PÉCHÉ.

On tolère que la femme coupable soit repoussée, exclue de la société, avilie et méprisée, tandis que le séducteur, le plus coupable des deux, continue à être considéré comme un homme honorable.

Pour lutter efficacement contre un pareil état de choses, il ne suffit pas de s'indigner contre les criminels qui commettent leurs forfaits au nom de l’anarchie; il ne suffit pas non plus de s'occuper des victimes de l'injustice et de l'égoïsme des hommes, il faut combattre de toutes les manières possibles LA FAUSSE NOTION DES DEUX MORALES et flétrir le péché sans faire acception de personne.

(Journal du Bien Public)

En avant 1899 02 11



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