Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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NAUFRAGÉS


En furie avec ses vagues immenses se brisant avec fracas sur la grève, ou calme, inondée de lumière, rien n’est comparable à la beauté et à la grandeur de la mer. C’est un spectacle qui élève et agrandit l’âme; il semble que l'on se trouve en face de l’infini

Aussi pur que dans ma paupière,

Le jour pénètre ton flot pur;

Et, dans ta brillante carrière,

Tu sembles rouler la lumière

Avec tes flots d’or et d’azur.

Et pressant dans ses bras, ces golfes et ces îles

De son humide haleine en rafraîchit les bords.

Aussi libre que la pensée,

Tu brises le vaisseau des rois

Et dans ta colère insensée,

Fidèle au Dieu qui t’a lancée,

Tu ne t'arrêtes qu'à Sa voix.

(Lamartine).


Et pourtant ce grand océan n'est-il pas aussi un immense tombeau? Dans ses profondeurs, que de victimes dorment de leur grand sommeil, que d'existences englouties par la fureur des flots et de la plage!

Quand on regarde la barque qui s'éloigne du bord, ou le vaisseau allant vers d’autres rives, involontairement une question s’impose à votre esprit.

Arriveront-ils?


Et aussi comment ne pas songer à l’humanité en route vers l'éternité?

Chaque heure précipite dans l’au-delà des milliers d’existences.

Qu’en est-il de ces existences?

Que deviennent-elles?

Est-ce que tout est fini, le gouffre de la mort ne contient-il que le néant?

Arrière de nous une telle pensée! Dans cette Création de Dieu il y a la vie, tout ce qui est, sorti de Ses mains créatrices possède la marque de Son Grand Génie, la vie, l'existence l'éternité. Et ces créatures faites à Son image, nées de Son souffle. Sorties de Son cœur, elles iraient se dissoudre dans le néant! tout le labeur, le travail d’ici-bas, tout serait inutile, tout serait perdu?

NON, MILLE FOIS NON!

Le Bon sens, la Raison, le Cœur s'opposent énergiquement à une telle conception.

Il y a des choses qui ne se conçoivent pas seulement par l’intelligence, mais par cet instinct qui fait dire à l’enfant PÈRE avant que sa raison ou son développement intellectuel aient acquis toute leur plénitude. Dieu est un Père pour toute créature QUI NE VEUT PAS LA MORT DU PÉCHEUR, MAIS SA CONVERSION ET SA VIE.

Dans cette foule des humains, que de naufragés ou de gens qui voguent vers un naufrage certain. Car «ce que l'homme aura, semé, il le moissonnera.»

Tous les naufragés n’en arrivent pas là par la même voie ou dans les mêmes conditions. La tempête peut briser le navire et le plonger dans le gouffre; un manque de surveillance peut jeter le bateau sur un récif.


On peut perdre son âme de bien des façons.

Par le vice, l'amour du plaisir. À l’heure de la jeunesse, l’on se croit fort. — être chrétien, vieilles histoires! en avant la musique, pensez-vous et dites-vous. — Mais voici venir les difficultés; c’est l’heure de la lutte, les déceptions et, en fin de compte... une épave!

Les adorateurs de la matière sont nombreux, ils se comptent par millions, ils se sont voués à ce dieu lourd qui les écrase, enlève toute joie et fait que l’homme a bientôt tout perdu... sauf la bête, et quand il ne reste chez l’homme que l’animal, c’est la plus cruelle, la plus sale, la plus laide créature, etc., etc.


On naufrage par indifférence.

Dans les mers du Sud, quand aucun souffle ne ride la surface des eaux, pendant des mois le voilier reste immobile. C’est la mort pour les marins; mieux vaudrait la tempête; les vivres s’épuisent, plus d’espoir!

Pauvres indifférents, heureux de votre sort, QUI NE VOYEZ PAS LA PUISSANCE DE LA MORT QUI S'AVANCE.

Demain peut-être, saisis par sa main brutale, sans pitié, ni pour l’âge, ni pour le rang, vous serez jetés devant le trône de Dieu.


Par le péché, l'humanité a fait un grand naufrage.


Tout être sent cette puissance de la tentation, mais voici la barque du secours, — place pour tous! — LA BARQUE DU SALUT PAR JÉSUS-CHRIST, que Dieu dans son grand amour a envoyé pour sauver TOUS les naufragés.

Et comment ne pas penser aussi à ces naufragés de première classe, classe privilégiée par la fortune, classe spéciale qui nous rappelle un peu le genre du mandarin de Chine. L’on s'entoure de formes que l’on nomme l’Étiquette, comme ce petit morceau de papier qui contient un titre menteur et que l’on colle sur la bouteille d’absinthe.

Dans cette classe, l’on sacrifie tout à la forme, mais celui qui voit le dessous se rend vite compte de L’HORREUR DU VICE RAFFINÉ.

Il s’aperçoit que tout ce clinquant cache une grande corruption. Ah oui, chez beaucoup de membres de cette classe, que de plaies, jalousies, rivalités, discordes, situations irrégulières et, bien souvent, festins à la façon de Balthazar! Mais aussi que de victimes, que de tristesses! Oui, tout ce qui a nom «Haute société» bien souvent, se trouve composé des pires naufragés.

Et aussi, l’on ne peut oublier ces êtres épris de science, d’art, ces artistes de tout genre, avec un idéal élevé, courant toujours vers un but jamais atteint.

Ah! oui, que de souffrances, que de misères, quels drames navrants se reproduisent sans cesse! Vers vous mon âme et mon cœur va.

Pour vous qui luttez, qui souffrez, tombés et déchus, il y a de l’espoir.

Un immense espoir Voici un SAUVEUR, un Messie véritable, recevez-le, acceptez-le; donnez-vous à Lui avec la même puissance avec laquelle vous vous êtes donné au plaisir ou au monde; il y aura alors une transformation complète.

Ainsi lecteur, n’importe où ce numéro d’En Avant te trouvera, puisse-t-il être le moyen de t’amener à Christ! Peu importe par quelle voix ce journal te parviendra; peut être la cadette salutiste te rencontrera par une froide soirée de novembre... arrête-toi; prends son journal, ÉCOUTE LA VOIX DE DIEU ET SOIS SAUVÉ.

Major JEAN MONOD.

En avant 1899 12 02



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