EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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EN MER PERDUS

EN MER RETROUVÉS

B., 9 novembre. — Ce matin, jeudi, à 10 heures, six jeunes gens, malgré une mer démontée, s’étaient aventurés sur les empierrements établis sous le pont de la Barre de B ; ils ont été surpris et enlevés par une énorme vague qui les a aussitôt entraînés au large.

Un seul, âgé de 15 ans, a été rejeté à 200 mètres en amont et a pu se sauver, mais il est gravement blessé. Les cinq autres ont disparu et leurs corps n’ont pas encore été retrouvés.

Celui-là, s’il se rétablit, pourra dire comme l’on dit vulgairement; je l’ai échappé belle. Puisse cet exemple frappant le faire rentrer en lui-même et donner son cœur à Dieu.

* * *

Il est aujourd’hui malheureusement, et combien c’est déplorable de le constater, des multitudes de jeunes gens s’engageant sur CETTE MER DÉMONTÉE QUI S’APPELLE LE MONDE.

Ils s’y engagent sans réflexion, sans boussole, souvent aussi sans pilote, délaissant et oubliant tous les conseils paternels ou maternels. Ils veulent absolument, sans être contredits, SUIVRE LEURS CAPRICES ET FAIRE LEUR PROPRE CHEMIN.

Allons, disent-ils avec le proverbe qu’ils interprètent à leur guise: il faut que jeunesse se passe, il faut s’amuser, payons-nous théâtre, concert, jeux, cafés, etc., etc. Mais le salaire de leur désobéissance les suit.

Les uns deviennent alcooliques, ivrognes invétérés, leurs facultés se paralysent, ils vont même jusqu’à perdre leur raison.

D’autres, aventuriers, viennent échouer sur le pavé de quelques grandes villes; ils avaient, au préalable pensé, suivant cet autre dicton populaire, que les allouettes leur tomberaient du ciel toutes rôties.

Hélas! déçus, trompés par le mirage, ces fils de pères et mères respectables peut-être! TRISTES ÉPAVES, PAR LE CONTACT DE MAUVAISES INFLUENCES, ils deviennent souvent des maraudeurs, des voleurs, voire même des meurtriers.

Les voilà aujourd’hui par centaines, expiant dans quelques prisons centrales ou à la Nouvelle-Calédonie, le fruit de leur désobéissance.

D’autres avec des sentiments élevés, nobles, purs, ont cru devenir des hommes distingués, des poètes, académiciens, que sais-je? Mais ô tristesse! ils ont compté sur leur propre enthousiasme.

Jeunes, pleins de vie, de force, nous arriverons, pensaient-ils; mais toute médaille a son revers, la mer s’est démontée, le vent impétueux des passions, des luttes, des déceptions, s’est élevé et... ils ont sombré.

Peut-être ont-ils tenté un suprême effort... mais inutile, hélas! ils ont été submergés par les flots humains, et ils récoltent le fruit de leur ambition. Ils se rencontrent aujourd’hui par multitudes dans nos grandes villes de France, ces déshérités.

Courage, énergie, tout a été noyé, et ils sont devenus les sceptiques les indifférents, les incrédules, que l’on rencontre.

Que voulez-vous, disent-ils, nous en avons tant vu, nous avons été tellement trompés, que nous ne croyons plus à rien.

Il en est d’autres enfin et je suis du nombre, alléluia, qui après avoir passé par toutes sortes de luttes, misères et angoisses de toute nature, ont laissé parler leur conscience.

Exhortés à abandonner leur vie de péché et à se jeter dans les bras de Jésus-Christ, leur Sauveur, ils ont obéi.

Dès lors leur vie a été changée, purifiée, une force nouvelle, une force divine s'est emparée de leur être. Conduits par ce Sauveur qui a pris la direction de leur vie, ils marchent vers la cité céleste et cherchent à gagner à leur cause, ou plutôt à celle de leur Maître, le plus de pécheurs, le plus d’épaves possibles. Gloire à Dieu!

Jeune homme, sur quelle voie es-tu? À l’exemple de ces derniers, à mon exemple, ne veux-tu venir à Jésus pour avoir la vie... le salut.

Ch. Laxenaire.

En avant 1899 12 02