Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UN MYSTÉRIEUX VISITEUR


Je le rencontrai à la porte de notre église, un soir, examinant le bâtiment. Aspect rude, habillement simple, la face brunie par le soleil.

Qu’est cela? demanda-t-il.

Notre chapelle.

Un beau bâtiment, murmura-t-il en lui-même.


Il me suivit derrière l’édifice, à la sacristie. Il y avait une réunion du Conseil, présidée par l’un des membres. Je dis tout bas: Les membres du conseil sont ici. Entrons-nous? demanda-t-il? Et avant que j’eusse répondu, il avait ouvert la porte et était entré; je dus le suivre.

On y discutait quelques matières au sujet de loyers et de l’anniversaire prochain de l’École du Dimanche. L’homme s’arrêta près de la porte, et ne se rendant pas compte évidemment de ce qu’il y avait d’étrange dans le fait, demanda à brûle-pourpoint: «Savez-vous ce qu’est le Baptême de Feu?»

Les personnes présentes se regardèrent l’une l’autre, puis regardèrent celui qui avait posé cette question; mais personne ne répondit. Alors s’adressant au président «Et vous, Monsieur, savez-vous ce qu’est le Baptême de Feu?»

Le Président répondit courtoisement: «Ceci est une réunion du conseil; nous réglons quelques affaires importantes. Votre question demande réflexion; plus tard, nous pourrons la considérer.»

Mais il répondit:

«Il n’y a qu’une chose importante, pour les Chrétiens, le Baptême du Saint-Esprit. Qu’importe tout le reste à part cela je vous le demande; et avec un accent solennel, il répéta la question: «Savez-vous ce qu’est le Baptême de Feu?»

Je touchai son habit, et l’entraînai hors de la sacristie, refermant doucement la porte derrière nous.

Il y a une classe dans l’autre chambre, dis-je. Entrons; mais, je vous en prie, ne soyez pas si brusque. Asseyez-vous, et écoutez.

Nous entrons. Il y avait là une douzaine de personnes présentes. Dans un fauteuil, le président, un homme de bonne apparence. Il y eut un moment de silence, puis il fit cette question à l’un des membres.

Et vous, frère, comment allez-vous?

Le jeune homme à qui était adressée la question se leva lentement, et dit bénir Dieu pour ce qu’il avait fait pour lui; il avait eu une bonne semaine, malgré quelques fautes. Il savait qu’il était une pauvre créature infirme et demandait leurs prières. Le président répondit par de bons conseils, l’encourageant à suivre son chemin. Chaque membre eut son tour puis:

Je remarque, dit le Président, que nous avons un étranger au milieu de nous. Aimez-vous Christ, mon ami?

En une seconde, mon compagnon fut debout.

Oh oui, dit-il, j’aime Jésus-Christ. Et maintenant, il y a une question que je voudrais poser au jeune homme qui a parlé peu après mon entrée: «Avez-vous reçu le Baptême de Feu?»

Ce fut comme une flèche tombant du ciel. Pas de réponse; pourtant parmi les membres, il y avait un malaise profond. Se tournant vers le Président, mon compagnon reprit: je désire une réponse, voulez-vous poser ma question, demander si quelqu’un a reçu le Baptême de Feu?

L’ancien lui-même se trouvait mal à l’aise.

«C’est un de nos meilleurs membres, répondit-il. Il est véritablement converti, et ne manque jamais nos réunions.»

Oui, oui, reprit le questionneur; mais a-t-il reçu le Baptême de Feu? et jetant vers le Président un regard perçant, il demanda: Avez-vous été baptisé du Saint-Esprit?

Je crois que j’ai reçu en certaine mesure la grâce de l’Esprit, lui fut-il répondu. Nous avons chanté en commençant cette réunion.

«Viens, Esprit Saint, divine colombe.

Avec ton pouvoir vivifiant.»

«Ce n’est pas ce que je désire savoir, dit l’autre. Monsieur, avez-vous été baptisé du Saint-Esprit et de Feu?»

Il dit les derniers mots avec une telle force que chacun fut surpris.

«Partons, me dit-il; et nous nous retirâmes.

Ce sont de bons Chrétiens, Monsieur, lui fis-je remarquer timidement comme nous nous éloignions, ils se rassemblent ici une fois par semaine. Je sais que leurs vies sont fidèles. Ils sont véritablement convertis.

«Vraiment convertis! Répliqua-t-il, et ils ne semblent rien savoir du Baptême de l’Esprit.

Nous nous trouvions dans la rue.

«C’est demain la réunion du soir, dis-je.

«J’y serai, répondit-il vivement.


Toute une foule de pensées nouvelles tourbillonnaient dans mon esprit, ce soir-là. Je pensais aux disciples avant la Pentecôte, à Paul demandant aux Éphésiens s’ils avaient reçu le Saint-Esprit, et à la réponse des fidèles: «Nous n’avons pas appris qu’il y eut un Saint-Esprit (Act. XIX: 2).

Puis je me rappelai la froideur de nos réunions, le peu de conversions, la difficulté de trouver des fonds pour le service de Dieu, et combien les jeunes gens, en grandissant, devenaient amateurs du monde, et je me demandai: «Après tout, cet homme brusque, simple n’a-t-il pas raison? Le fait de notre faiblesse ne vient-il pas de ce que nous ne connaissons pas le Baptême du Saint-Esprit?

Je vins au service du soir. Environ cinquante personnes présentes. Le chant était encore plus lent que de coutume. Notre pasteur parla magnifiquement sur le ministère des anges. Il était sur le point de donner le dernier cantique:

«Les anges sont nos serviteurs

Qui nous gardent en notre carrière,»

Quand mon ami du soir précédent se leva:

«Monsieur le Pasteur veut-il me permettre de dire un mot?

Les gens levèrent les yeux de leur livre de chant avec surprise.

Si notre frère veut dire une parole d’encouragement, certainement dit le Pasteur.

«Je désire seulement poser une question: Avez-vous reçu le Saint-Esprit? Savez-vous ce qu’est le Baptême de Feu?


Il y eut un silence solennel. La tension était si grande que l’atmosphère en semblait changée. Quelques-uns regardaient l’homme; d’autres baissaient la tête. Un vieil homme soupira profondément; mais l’étranger ne se déconcerta point. Il s’avança vers la table, et nous regardant, répéta sa question:

«Avez-vous reçu le Baptême du Saint-Esprit?»

Pas de réponse: la situation devenait embarrassante.

Alors le visiteur plaçant sa main sur l’épaule du Pasteur, dit solennellement, mais avec un accent de tendresse:

«Mon frère, avez-vous reçu le Baptême du Saint-Esprit et de Feu?

Il y avait dans toute l’assemblée un sentiment profond de la solennité de cette question. Notre Pasteur ne répondit pas tout d’abord; puis il dit.

«Nous avons tous besoin de cette grande grâce divine; j’ai souvent prêché sur ce sujet. Peut-être notre frère voudra-t-il dire la prière de clôture?»

Mais l’homme, ne semblait pas entendre, il partit sans un mot de plus, comme quelqu’un qui, ayant reçu un message, l’a déiivré. Nous ne le vîmes plus d’une semaine; mais on en parla beaucoup. Certains disaient que c’était un homme du commun; d’autres, un Officier de l’Armée du Salut en repos; car il ne portait pas d’uniforme. Un pauvre homme membre de la classe du Pasteur prétendit que le clou s'était enfoncé dans sa tête. Les autres commencèrent à chercher dans le Nouveau Testament les passages où il est parlé du Saint-Esprit.

Vint le Dimanche matin. Le soleil brillait, et lorsque la cloche résonna pour l’office, les fidèles prirent leurs places respectives pour le culte. Il y avait une bonne assemblée. L’étranger était là, assis près de la chaire. On lui donna un livre de chant, et il chanta comme tout le monde.

Nous n’avons pas de raison de décrire la première partie du service.

Au moment du sermon, sans avoir rien demandé, le visiteur monta dans la chaire, et, après un mot à voix basse au Pasteur, se tourna vers l’assemblée. Il se fit un profond silence. Le Pasteur se leva à demi comme pour dire quelque chose, mais se rassit aussitôt.

La voix de l’étranger fut entendue de toutes les parties de l’édifice quand il dit:

«Je me suis uni à votre service, mes amis, chantant et priant au nom du Seigneur Jésus. Vous semblez aimer chanter et parler de Lui. Mais j’ai le devoir de vous demander:

«Avez-vous reçu le Saint-Esprit?

Le monde est plein de gens qui s’empressent vers l’enfer. Vous avez la Parole de vie. Avez-vous la puissance qu’elle promet? Les cris des mourants montent jusqu’au ciel, les païens crient: à l’aide.

Avez-vous reçu le Saint-Esprit et son Baptême de Feu?

Avez-vous été rendus aptes pour le service du Seigneur.

Il s’arrêta comme attendant une réponse. Mais, naturellement, personne n’en fit. La place était silencieuse comme la mort. Les yeux de l’étranger brillaient; ils rencontrèrent ceux d’un jeune homme assis dans le chœur. Alors le désignant:

«Jeune homme êtes-vous baptisé du Saint-Esprit?

On attendait une réponse; elle vint: «Non, Monsieur!

Le regard pénétrant fouilla l’assemblée et tomba sur un vieillard dans les bancs du centre. L’étranger s’adressa à lui comme s’ils avaient été les seuls présents et lui demanda:

«Mon ami, avez-vous été baptisé de Feu?

C’était un de nos meilleurs membres, un bien digne homme, assurément; mais il baissa la tête et ne fit pas de réponse.

Je pensais que l’étranger allait prier; mais, non, sans un mot à qui que ce soit, il descendit, prit son chapeau, et passant par les ailes de l’église, et disparut. Comme le pasteur se levait pour prononcer la bénédiction, je me glissai dehors et suivis l’étranger. Il marchait vite, et paraissait agité. Comme je le rejoignais, je l’entendis se dire à lui-même: «Ils n’ont pas même entendu dire qu’il y eut un Saint-Esprit

Non, ami, dis-je en l’accostant; les choses ne sont pas si mal que cela! Notre Pasteur nous a souvent parlé de l'influence du Saint-Esprit.

Et je lui répétai mou chœur favori:

Notre bien-aimé Sauveur

Avant son dernier adieu

Nous promit un Guide, un Esprit Consolateur

Pour nous soutenir dans la lutte.

C’est bien joli, me répondit-il d’un ton plus doux. La minute qui suivit, son œil me fixait et il me demandait:

«Avez-vous reçu le Baptême de Feu?

Je ne pus répondre que je l’avais; mais je lui que j’étais converti, et beaucoup d’autres dans notre église.

«Alors vous connaissez Jésus comme votre Seigneur, me dit-il?

Oui, lui répondis-je. Il a changé mon cœur et a fait de moi un être tout autre.

«Ah, me dit-il, il vous faut maintenant le connaître comme votre Sanctificateur, le Dieu puissant qui baptise de l’Esprit et de Feu.

C’est vrai, lui dis-je.

«Et bien, si Dieu le permet, me dit l’étranger, je reviendrai, et parlerai au Pasteur et aux membres de l’Église, d’un Christ plus grand que celui qu’tls connaissent, de... de Celui qui baptise ses disciples du Saint-Esprit et de feu.

Adj. Philips.

En avant 1899 12 02


 

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