Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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NOËL


«Mortels, vous dont l’orgueil méconnaît l’Éternel,

Fléchissez. Un berceau doit sauver Israël,

Un berceau doit sauver le monde.»

Victor Hugo.


Le berceau de Moïse, libérateur du peuple d’Israël, préfigure la crèche de Bethléem où vient de naître le Messie promis, Sauveur de l’Humanité.

Noël! oh! le mot joyeux! Que de visions délicieuses il fait passer sous nos yeux!

Noël! c’est la fête d’amour! Dieu a donné son Fils au monde et toute la chrétienté célèbre ce grand anniversaire.

Noël, c’est le jour des réunions de famille! C’est le jour où l’on parvient à étouffer jusqu’à un certain point la grande rumeur humaine pour écouter la voix du cœur.

Noël! mot magique! On peut aller jusqu’à négliger Dieu, à L’oublier, à s’en moquer, à Le nier même, à certaines heures sombres de la vie; Noël n’exerce pas moins son influence mystérieuse et divine sur les âmes.

Les lieux de culte se remplissent, depuis le jour de Pâques on n’avait pas su trouver le temps de s’y rendre. À Noël ON SE SOUVIENT qu’on a une âme, que la vie est courte, qu’après la mort, IL FAUDRA RENDRE COMPTE DES ACTIONS BONNES OU MAUVAISES QU’ON AURA COMMISES DANS SA VIE.

On veut pouvoir dire au divin Juge:

«Seigneur, l’anniversaire de votre venue dans ce monde a toujours excité en moi de douces et pieuses émotions...

Il est vrai que le lendemain j’ai été ressaisi par l’engrenage de mes affaires, de mes plaisirs, de mes préoccupations, de mes habitudes; mais pour mon excuse j’ai toujours salué avec respect l’aurore de Noël.

J’ai même profité de ce jour-là pour penser à ceux qui avaient faim, qui avaient froid, et si je ne me suis donné moi-même, j’ai donné au moins, mon argent...»


«Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme de la menthe, de l'anis et du cumin, et que vous laissez ce qui est le plus important dans la Loi: la justice, la miséricorde et la fidélité; c'est là ce qu'il fallait pratiquer sans négliger les autres choses


Vous donnez quelques heures de votre vie à Dieu en assistant à un culte, et vous gardez en votre possession votre cœur, votre volonté, vos forces, votre mari, votre femme, vos parents, vos enfants, vos frères et vos sœurs.

Vous croiriez vous rendre coupable d'un crime si vous n’alliez à l’église le jour de Noël, et vous refusez votre amour à Celui qui vous le demande.

Vous lui refusez votre fils qui veut devenir serviteur de Dieu.

Vous rêvez pour lui un avenir brillant dans le monde.

Vous lui refusez votre fille qui veut devenir diaconesse, missionnaire, officière de l’Armée du Salut: vous voulez lui procurer un foyer terrestre.....

Vous sacrifiez ainsi une existence dépensée au service de Dieu, des hommes, et une gloire éternelle, à une félicité d’un jour.

Vous lui refusez un père, une mère, préférant une vie de concessions coupables et d’égoïste tranquillité à une vie d’obéissance.

Vous vous refusez vous même à lui parce que:


VOUS VOULEZ JOUIR DES BIENS DE CE MONDE

AVANT DE JOUIR DES BIENS ÉTERNELS.


Ah! Noël! tu as beaucoup à nous apprendre! C’est à Noël que par un mystère d’amour, le Père se sépara de son Fils, de son Unique, de Celui qui était le délice de ses yeux, et la félicité de son cœur, de Celui dont il dit: «Tu es mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute mon affection.»

Il se sépara de l’objet de cette affection pour l’envoyer sur une terre désolée et maudite, au milieu d’une race souillée et déchue.

Dans un monde dont le Prince est Satan, Il envoya le Saint, le Juste, l’Agneau sans tache pour y établir un royaume de justice et d’amour. Et Lui, le Fils consentit à laisser son Père, à abandonner Sa gloire, pour prendre la forme chétive et misérable de l’homme, pour naître dans une étable comme le dernier et le plus vil représentant de l’humanité, pour mener une vie de renoncement, d’opprobre et d’humiliation.


Cette vie aura pour point d’origine une crèche et pour fin une croix!


Saurons-nous jamais ce qui s’est passé dans le cœur du Père et dans celui du Fils, à cet instant suprême où leur séparation se consomma, où le Père sonda d’un regard l’abîme de douleur dans lequel Son bien-aimé allait être plongé, et où le Fils accepta de boire jusqu’à la lie la coupe qui lui était préparée?

Ah! Noël, tu es un mot joyeux! mais que tu es solennel et redoutable!

Vous qui avez salué Noël avec joie ce matin, qui pensez à l’heureuse journée que vous allez passer avec vos parents et vos amis:


TROUVEZ-VOUS MAINTENANT QU’IL Y AIT QUELQUE RAPPORT

ENTRE VOTRE NOËL ET CELUI DE JÉSUS?


Ou bien, Jésus serait-il venu sur la terre pour nous enseigner à mener une vie absolument contraire à la sienne; à prouver par une trop parfaite contrefaçon du sien, notre amour pour Dieu? Car ils sont nombreux les hommes et les femmes qui en ce jour de Noël ne devraient pas être autour d’une table de famille.

Revêtus de toute l’armure divine, leur place est au milieu de la lutte sanglante que se livrent actuellement les armées du bien celles du mal... Mais ils veulent fêter Noël et le Sauveur du monde à condition que cela ne leur coûte rien... quelques heures dans un lieu de culte... et quelques pièces d’argent... pour les généreux!

Si Dieu avait mesuré Son sacrifice pour nous, comme nous mesurons le nôtre pour Lui, où en serait l’humanité à cette heure?

Où en serait-elle sans le Christ de Noël?

Vous dites vous-même qu’il a transformé la face du monde, que le plus grand révolutionnaire a été Jésus, et que Lui seul a ouvert à nos yeux appesantis des horizons infinis de justice et de miséricorde.

Ah! c’est que Dieu a tellement aimé le monde qu'II a donné son Fils unique au monde.

Voilà le vrai sens de Noël: LE DON DE DIEU AU MONDE.

Mon frère, ma sœur aimez-vous assez le monde perdu pour imiter Jésus?

Avez-vous jamais pleuré à la vue du mal qui vous entoure?

En passant devant un théâtre, un café ou un autre lieu de perdition, avez-vous jamais ressenti au cœur une douleur si intolérable que vous avez cru en mourir?

En jetant un coup-d’œil sur ce qui s’imprime, sur ce qui s’étale dans nos gares et dans nos kiosques, êtes-vous jamais rentrés dans votre chambre pour faire monter vers Dieu un cri d’angoisse?

Si la vue d’un monde perdu n'a excité en vous qu’une compassion platonique et sans effet, eh bien, Noël, pour vous n’est pas le vrai Noël.

Et ce soir vous aurez beau vous réjouir à votre réunion de famille et d'amis, je vous dis, que si le Christ de Noël entrait dans la salle où vous vous trouvez, cherchant de son regard le votre, vous crieriez: «coteaux, tombez sur moi!»

Voulez-vous laisser à d’autres les émotions sentimentales de Noël?

Voulez-vous que votre fête d’aujourd’hui ressemble à celle du ciel, qu’elle soit vraiment une fête d’amour, eh! bien, donnez-vous à Dieu et au monde perdu.

Quittez ce qui fait le délice de vos yeux, la joie de votre cœur et la félicité de votre vie pour aller à la recherche de ceux qui se perdent.

Joignez-vous à cette poignée d'humbles enfants de Dieu qui vivent, luttent et meurent pour faire avancer son Royaume. Si vous voulez le bonheur ici-bas et l’immortalité dans le ciel, «offrez vos corps (comme Christ l’a fait) en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu ce qui est votre service raisonnable.»

Que Dieu vous bénisse et vous aide.

L. D.

En avant 1899 12 23


 

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