Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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DANS UN TRAIN


Les serviteurs de Jésus-Christ sont heureux de pouvoir glorifier leur Maître partout et toujours.

En revenant de Saint-Étienne, l’autre jour, nous nous installons confortablement dans le coin d’un compartiment de troisième classe; et, étalant journaux et brochures, nous nous proposions de passer un agréable moment dans une bonne lecture. Mais le Seigneur en avait jugé autrement. Il avait du travail pour nous.

À peine avions-nous commencé notre lecture que deux ouvriers entrèrent et prirent place à côté de nous. Pendant quelques instants, ces deux voyageurs parlèrent des trains, des locomotives, de la vapeur, de la vitesse..., lorsque l'Enseigne Mousseaux leur offrit le Vainqueur qui, d’ailleurs, fut accepté avec plaisir. Cependant, la lecture ne dura pas longtemps. L'un d’eux, le regard vif et intelligent, se penchant vers l’Enseigne, lui dit:

Ah! vous y croyez, vous, à toutes ces choses-là?

Oui, béni soit Dieu! nous y croyons; de tout notre cœur, nous y croyons et nous en sommes bien heureux.

Non, pas moi, répondit-il, je n’y crois pas, je ne puis y croire; car s’il y avait un Dieu bon, tout puissant comme vous le dites, il n’aurait pas permis que la mort m'enlevât ma mère, ma femme et mes enfants. Non, je ne puis y croire! J’ai été trop éprouvé, j’ai trop souffert pour y croire!

Dans sa douleur, ce pauvre homme nourrissait je ne sais quelle aigreur. Pauvre homme! Hier encore, il était heureux avec sa femme et ses enfants. Aujourd’hui déjà, tout est changé. Un sombre nuage s’est élevé sur l'horizon de cette famille, et dans ce nuage se cachait la mort.

Oui, la mort cruelle, impitoyable, qui lui brisa ses plus chères affections terrestres. Aussi de tout cœur pouvions-nous sympathiser avec lui et lui montrer la suprême consolation qui ne se trouve qu’en Jésus-Christ.


Nous avons essayé de lui faire comprendre que ce n’est pas au fond de cette froide tombe qu’il doit arrêter ses regards, qu’il est une belle et heureuse patrie où les souffrances de la terre ne viendront jamais altérer notre bonheur...

Un prêtre, qui était monté dans le compartiment voisin et qui avait suivi la conversation, s’approcha de nous pour nous serrer affectueusement la main en nous disant: Dieu vous le rende! Dieu vous le rende!

Bientôt après nous débarquions tous à Lyon. On se serra la main, et ce cher homme nous promit de penser à ce que nous lui avions dit et de lire les journaux et brochures que nous lui avions laissés.

P. CHATELAIN.

En avant 1903 04 04


 

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