Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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JUDAS ISCARIOT


Sans avoir l’intention de réhabiliter la mémoire de ce traître perfide, je désire cependant que nous entrions avec lui dans le Jardin de Gethsémané, et qu’ensuite nous le suivions jusqu’à sa mort. CAR CETTE HISTOIRE EST CELLE DE BIEN DES RÉTROGRADES.

À la tête de gens armés, Judas entre dans la Jardin, et, s’approchant de Jésus, il le salue en lui donnant un baiser hypocrite au visage. Mais la bonté de Jésus fit comprendre au traître toute l’énormité de sa faute.

Judas s’enfuit précipitamment du Jardin, rentré à Jérusalem, court dans le temple pour y faire, devant les princes de la synagogue, l’aveu de son crime.

J’ai péché, dit-il, en livrant le sang du Juste.

Il veut leur laisser les trente pièces d’argent, prix de sa trahison, mais il ne reçoit de ces orgueilleux que mépris et refus.

Que nous importe, dirent-ils; c’est ton affaire et non la nôtre.

Judas, repoussé et méprisé par ceux auxquels il a vendu Jésus, parcourt Jérusalem, poursuivi par les remords et par LE DÉMON QUI RÉCLAME SA PROIE.

Tout, jusqu’à son ombre, lui fait peur.

Le ciel même, avec ses milliers d’étoiles, paraît en courroux.

Éperdu, désespéré, Judas quitte la ville, il erre longtemps sans trop savoir où il va. Semblable à Caïn, après le meurtre de son frère, il cherche un refuge pour se dérober à l’œil divin. Mais, hélas! c’est en vain, LA VOIX IMPÉRIEUSE DE SA CONSCIENCE LE POURSUIT SANS CESSE.

L'œil le regarde toujours! Saisi d’horreur et POUSSÉ PAR LE DIABLE, il lui vint alors à l’idée de se débarrasser d’une vie qu’il ne sait plus supporter. Seulement, comment mourir? Il n’a point d’arme! S’il pouvait s’étrangler! Il cherche une corde, un mouchoir, peut-être sa ceinture... Un arbre, que la lune éclaire, frappe ses regards... C’est à cet arbre que Judas se pend et meurt sans avoir osé demander grâce.



* * *


Cet esprit de trahison n’est malheureusement pas mort avec Judas.

Nous rencontrons encore des âmes qui, pour quelques pièces d’argent ou pour la gloire humaine, ou pour un verre d’alcool ou pour une cigarette, vendent le Seigneur Jésus!

Comme Judas, ces âmes marchaient naguère encore à côté de leur divin Maître; elles étaient dans sa société, dans son intimité. Mais elles n’ont pas tout livré sur l’autel du sacrifice.

Dans le fond de leur cœur, ELLES ONT CONSERVÉ DES GERMES DE PÉCHÉ, de la cupidité, de l’orgueil, de l’impureté.

Alors, petit à petit, ces germes ont poussé, grandi et sont devenus des plantes qui ont produit leurs fruits, des fruits bien amers, d’autres avaient tout déposé sur l’autel, mais une main profane a repris insensiblement l’offrande et le diable est rentré dans ces cœurs. Ces âmes sont désormais des jouets entre ses mains empoisonnées.


* * *


Regardez ce pauvre rétrograde que la maladie terrasse.

Voyez l’ange de la mort qui s’avance rapidement pour s’emparer de lui. Non, la mort n’est point un sommeil doux et paisible pour lui. IL PART POUR LE LIEU DES SUPPLICES. Regardez ses yeux fixes, effrayés, et cette froide sueur qui dégoutte de son front.

C’EST LE REMORDS D’UN JUDAS QUI RONGE CETTE ÂME, ce sont les angoisses de l’enfer, c’est l’effroi du jugement dernier, le frémissement à la vue de Celui qu’on a vendu et qui est devenu un Juge.

Bientôt, ce pauvre rétrograde perd connaissance, son œil s’obscurcit, son oreille n’entend plus et le monde se ferme derrière lui.


Le voilà seul! seul avec ses péchés et ses angoisses.


Non, il ne voit pas les larmes des siens, il n’entend plus les adieux de ses amis. Quelle solitude! Que la nuit de la mort est pour lui sombre et lourde! Mais non, il n’est pas seul: il entend autour de lui des bruits confus, comme des sifflements de serpents...

Enfin, le dernier soupir s’exhale de sa poitrine; l’âme sort de son enveloppe avec un cri d'effroi. Elle tombe là au fond des abîmes éternels, dans la société de Judas qui hurle et qui grince des dents, sans que jamais un rayon d’espérance parvienne jusqu’à lui.

Que ce ne soit pas ton sort, mon pauvre ami, rétrograde, qui lira ces lignes.


Reviens donc!

Reviens aux pieds du Christ qui t’aime toujours

et qui veut te faire grâce aujourd’hui.


P. CHATELAIN

En avant 1903 04 18


 

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