Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UN PETIT HÉROS HOLLANDAIS


La Hollande, comme la plupart d'entre nous le savent sans doute, est un pays qui a été conquis sur la mer. La mer est contenue par d'immenses dunes ou murailles de pierres. Celles-ci viennent-elles à se rompre, la mer inonde aussitôt le pays et engloutit des villages entiers.

On prétend que les gens s’imaginent, quand le ciel est clair et pur, qu’ils voient les clochers des églises et le sommet d'autres grands bâtiments au fond de l’eau et que plusieurs grandes villes reposent sous la surface de la mer.

Vous comprenez combien il importe, en conséquence, que les dunes et les écluses soient entretenues en bon état. Le moindre trou, la moindre fissure négligés, peuvent causer la ruine d’une ville entière.

Le père de notre jeune héros était employé à la surveillance des dunes. Il était chargé d’ouvrir et de refermer les écluses qui alimentent les canaux. Si on ne les ferme pas au moment voulu, la mer inonde le pays.

Les enfants des employés comprennent naturellement la responsabilité de leurs parents. Un jour, notre petit héros, âgé de huit ans, pria sa mère de lui permettre d’aller de l’autre côté de la dune, faire visite à un vieil aveugle à qui elle l’envoyait souvent porter de petits présents.

L’après-midi étant déjà passablement avancé, le père n’y aurait pas consenti, n’eût été que l'enfant se réjouissait tant de porter au pauvre vieux quelques petits gâteaux que sa mère venait d’apprêter. Il lui recommanda de revenir vite et se mit en route lui-même, un peu plus tard, pour aller d’un autre côté. L’aveugle, heureux de la visite de son petit ami, lui raconta plusieurs choses au sujet de son fils, qui était soldat et venait de lui faire une courte visite.

L’enfant serait resté longtemps encore à l’écouter, mais la vieille horloge d’un clocher voisin, en sonnant l’heure, lui rappela la recommandation de son père, et il partit en courant après avoir pris congé du vieillard. Le chemin longeait le canal gonflé par les pluies de l’automne. La lune éclairait la contrée de ses rayons argentés, mais tout était silencieux, on n'entendait que le cri d’un oiseau de mer.

L’enfant hâtait le pas lorsque, tout à coup, il lui sembla entendre un.bruit d’eau clapotant sur des cailloux. Il s’arrêta, examina la grande écluse près de laquelle il se trouvait et aperçut bientôt un petit trou par lequel l’eau s’échappait. Il comprit que si on ne le bouchait pas tout de suite, il s’agrandirait bientôt, et qu'un malheur menaçait la contrée tout entière.

Sautant d’une pierre à l’autre, il atteignit bientôt la place où était le trou et vit qu’en y fourrant son petit doigt, il empêchait l’eau de couler. Cependant, la nuit avançait et le silence devenait plus profond. L’enfant espérait toujours que quelqu’un viendrait à passer; il appela au secours, mais en vain. L’endroit était solitaire.

Les ouvriers étaient, depuis longtemps, rentrés chez eux. Les doigts du petit garçon s’engourdissaient, puis sa main, puis son bras. Tout son corps se raidissait dans cette position forcée, la douleur devenait insupportable, mais le petit héros ne bougeait pas. Il songeait à la bonne chambre chaude et à la table du souper où ses parents l’attendaient. Il savait que son père était sorti, mais sa bonne mère ne viendrait elle pas à sa recherche? Il l’appela: «Mère! mère!» Mais personne ne répondit.

La douleur, le froid et la faim l’accablaient; il se mit à pleurer; mais le brave enfant ravala ses larmes à la pensée que s’il abandonnait son poste, son père, sa mère et tous leurs voisins seraient noyés. Ses parents, qui craignaient Dieu, lui avaient enseigné qu’il devait le servir et faire son devoir. Vous pouvez vous représenter ce que fut pour lui cette longue et terrible nuit. Bien des prières, sans doute, s’élevèrent de cette petite âme héroïque vers Dieu.

Au point du jour, arriva enfin sur les lieux un brave pasteur qui venait de passer la nuit près d’un mourant et qui, en approchant, crut entendre de faibles cris au secours. Il regarda autour de lui sans rien discerner. Le faible cri se fit de nouveau entendre. Il vint plus près et se pencha sur la dune. Jugez de son étonnement en découvrant l’enfant couché sur une pierre, le visage pâle et couvert de larmes.

Pour l’amour de Dieu, que fais-tu donc là mon enfant? s’écria-t-il.

Je retiens l’eau, murmura l’enfant d’une voix tremblante. Après avoir bouché le trou avec un mouchoir, le pasteur souleva l’enfant dans ses bras et le rapporta à ses parents, tandis que d’habiles ouvriers réparèrent la dune. Nul ne sait le nom de l’enfant.

L’histoire s’est transmise de père en fils et on la raconte encore à Harlem, mais le nom de l’enfant a été oublié. Pour supporter si longtemps la douleur d’une position forcée, il faut que cet enfant ait eu un cœur héroïque.


Tout enfant de Dieu peut également être un héros à la place où Dieu l'a mis,

s’il résiste au péché et empêche l’impiété d’inonder le pays où il vit.


En avant 1903 10 03


 

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