Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LE SALUT D’UN INCRÉDULE


L’article ci-dessous est la reproduction d’un récit parfaitement authentique d’un ouvrier autrefois incrédule, mais aujourd’hui transformé, régénéré. Les détails quoique simples, peu chargés d’incidents, n’en révèlent pas moins l’efficacité de l’Évangile et la puissance de Dieu. Nous conservons à ces détails à peu près les mêmes termes dont s’est servi le narrateur.

Le bien que Dieu avait fait à mon cœur, me disait M. B..., me poussait à parler de l’amour de Jésus pour les pécheurs à d’autres pécheurs comme moi. Un jour, Dieu me fournit l'occasion de le faire, en mettant sur mon chemin un brave homme, doux, affable, ce qu’on appelle entre ouvriers un «bon camarade».

Je liai conversation avec lui, et, après avoir causé d’affaires, je lui parlai du DEVOIR QUE TOUT HOMME A DE S’OCCUPER DU SALUT DE SON ÂME, lui disant que NOUS SOMMES TOUS PÉCHEURS, que nous avons besoin d’être pardonnés, et qu’il nous faut aller à JÉSUS, LE SEUL SAUVEUR, pour recevoir le pardon de nos péchés et devenir de nouvelles créatures; sinon, ajouté-je, nous périrons.

À d’autres! me fit-il avec ironie. Ce n’est pas moi qui croirai toutes ces balivernes. N’allez pas penser que vous me faites peur avec votre enfer.

Je suis honnête homme, je n’ai rien à me reprocher. Je n’ai fait que du bien à mes camarades. D’ailleurs, quand je serai mort, je serai bien mort, et personne ne me fera croire qu’il y a un Dieu. Pour moi mon dieu, tenez, le voilà, fit-il en me montrant le soleil. C’est lui qui réchauffe la terre et la fait produire, c’est le créateur.

Ces paroles me firent la plus vive peine. Je lui répondis que j’avais grande pitié de l’état de son âme; que s’il n’avait rien à se reprocher vis-à-vis des hommes, il était UN GRAND COUPABLE VIS-À-VIS DE DIEU, que le soleil était une des créations de Dieu et ne s’était pas fait tout seul, pas plus que la terre, pas plus qu’une pierre ou un brin d’herbe.

Mais le pauvre Jean ne voulut rien entendre: il me laissa partir en plaisantant, et je m’éloignai le cœur triste, priant Dieu qu’il lui fit la même grâce qu’il m’avait faite à moi-même, quelques mois auparavant, car j’étais autrefois aussi incrédule que lui.

Douze ou quinze jours après, je fus trouver mon pauvre camarade. Dès que je l’aperçus de loin, j’élevai mon âme à Dieu afin qu’il me donnât la force de lui parler en l’abordant.

Je m'aperçus qu’il avait la main enveloppée et qu’il tenait son bras en écharpe. Je lui demandai ce qu’il avait.

J’ai mal au doigt, me dit-il, j’ai beaucoup souffert et j’ai été obligé de suspendre mon travail depuis quelques jours.

Je profitai de cette circonstance pour lui parler encore de son âme, cherchant à lui faire comprendre que Dieu emploie souvent les moyens qui nous paraissent bien durs pour nous amener à Lui; que ce mal dont il était atteint était un premier coup de verge d’un père, et que s’il résistait, probablement Dieu le frapperait plus fort encore.

Mais, pour toute réponse, cet homme me tourna le dos. Je me retirai, mais je ne cessai de prier pour lui. Je demeurai longtemps sans le voir, et pendant ce temps-là, Dieu lui avait envoyé un surcroît d’épreuves. Ce mal qu’il avait à la main avait empiré, et Jean R... était tombé dans un état presque complet de paralysie; ce n’est qu’au bout de quelques semaines que mon pauvre camarade a pu mettre les pieds hors de chez lui, appuyé sur deux béquilles et se traînant péniblement.

Lorsque je l’ai rencontré, j’ai été frappé de voir dans un pareil état cet homme que j’avais vu si robuste quelques mois auparavant. Avant sa maladie, c’était, en effet, un véritable Hercule, fort, alerte, de haute taille, bien fait et capable de porter des charges d’un poids énorme. J’avoue que je ne pus m’empêcher de pleurer en voyant ce pauvre ami ainsi transformé. J’éprouvai alors pour lui une sympathie plus grande. Je l’abordai, les larmes aux yeux, et je lui dis:

Mon pauvre ami, que je suis peiné de vous voir dans cet état! Hélas! je ne croyais pas parler si juste quand je vous disais que si vous ne répondiez pas à Dieu au premier coup de sa verge, il pourrait bien en frapper un second plus rude encore.


Dieu vous cherche, Dieu vous appelle, croyez-le.


Ne vous endurcissez pas. Vous pouvez mourir sans Le connaître, et alors vous serez perdu.

Je vis cette fois que mes paroles l’avaient touché. Sous l’impression de la douleur, en présence d’un avenir qui s’ouvrait devant lui très sombre et peut-être en présence de la mort, il me répondit:

Vous avez raison, mon ami, et c’est moi qui ai tort.

Je redoublai mes visites auprès de ce pauvre infirme; je lui ai proposé de prier avec lui; il a accepté. Depuis lors, il s’est fait dans cette âme un travail de transformation de jour en jour plus sensible. Jean R... aimait nos conversations spirituelles.

Il ne disait plus qu’il était irréprochable, mais il se sentait pécheur.

Il ne disait plus qu’il n’y avait pas de Dieu, parce qu’il sentait qu’il y avait un juge, et que ce juge ce n’était pas le soleil, mais Dieu lui-même.

Il a compris aussi l’amour de Dieu, qui ne le faisait pas souffrir pour le plaisir de le faire souffrir, mais pour l’amener à Lui et lui donner un bonheur éternel.

Un dimanche, à notre réunion du matin, nous exposions à Dieu tous les besoins de nos cœurs, et nous lui demandions en particulier de bénir ce pauvre ami qu’il avait éprouvé si rudement, lorsqu’une voix se fit entendre.

C’était la sienne.

Il était venu péniblement avec ses béquilles et n’avait pas plutôt franchi le seuil de la salle où nous étions en prière, qu’il se mit à prier lui-même.

«— Mon Dieu, s’écria-t-il, je Te remercie de m’avoir accordé la grâce d’avoir pu venir jusqu’en ce lieu où Tes enfants se réunissent pour prier. Moi, moi aussi, je veux Te prier et Te rendre grâce de m’avoir envoyé ces amis qui m’ont parlé de Toi et de Ton amour pour les pécheurs.

Je reconnais que si Tu ne m’avais pas envoyé cette maladie, je ne T'aurais pas connu. Donne-moi maintenant, mon Dieu, de pouvoir Te glorifier, et que les quelques jours que Tu me laisseras encore sur la terre soient employées à Te servir.»

Dieu lui a permis de le faire.

Il faut que je dise que jamais je n’ai connu un homme plus franc ni plus désintéressé que Jean R... Sans doute il a reçu, et il le fallait bien, quelques secours de nos amis, mais sa foi s’était manifestée auparavant et a été indépendante de toute question d’intérêt.

Il n’est pas possible ici de donner tous les détails, mais ce qui est certain, c’est que notre ami a montré une force d’âme héroïque, pour ne pas renoncer à la foi qui faisait sa consolation et son espérance.

Notre ami, n’ayant aucune fortune, était soutenu par des personnes, charitables sans doute, mais d’une charité qui n’était pas sans quelque fanatisme. Ces personnes l’ont menacé de lui retirer leurs secours s’il persistait dans sa foi et dans ses relations avec des salutistes.

Il a vivement repoussé cette proposition. — Je serais bien coupable et bien ingrat, a-t-il répondu, d’abandonner ceux qui m'ont amené à Jésus-Christ, et je ne le ferai jamais, quand même vous devriez me refuser tout secours.


MON SAUVEUR EST LÀ ET IL NE M’ABANDONNERA POINT.


Les secours habituels ont cessé en effet, mais le Seigneur y a pourvu et il est resté à notre ami l’honneur d’être demeuré ferme dans la foi.

Depuis cet acte de courage, Jean R... ne s’est plus occupé qu’à confesser son Sauveur. Il racontait, toutes les fois que l’occasion lui en était fournie, le bien que Dieu lui avait fait par le moyen de sa maladie et de quel abîme de perdition II l’avait tiré. Il se sentait heureux quand nous étions autour de lui et qu’il pouvait parler de son Sauveur.

Cependant son état s’aggravait, sa fin approchait, mais sa foi grandissait. Un matin qu’il se sentait plus mal, il appela son fils et, l’embrassant, il lui dit:

Je sens bien, mon enfant, que je n’ai plus longtemps à vivre ici-bas. Je vais vous quitter bientôt; mais ne crains rien, mon cher enfant, la vie la plus longue sur cette terre est bien courte en comparaison de la vie éternelle.

Crois-moi, sers Dieu mieux que je ne l’ai fait. Peut-être un jour Dieu te fera devenir père de famille. Ne fais pas comme moi. Donne un bon exemple à tes enfants, si tu en as. Trop longtemps ton père a été un incrédule, toi, sois un croyant. Promets-moi de faire ce que je vais te dire.

L’enfant le promit.

Alors ouvrant la Parole de Dieu, son père mourant lui montra du doigt un passage.

Lis-moi ce verset, mon enfant, lui dit-il.

L’enfant lut:

«Pour moi et ma maison, nous servirons l'Éternel.»

(Josué, ch. XXIV, v. 15.)


Tu me promets, mon enfant, n’est-ce pas, de mettre ces paroles en pratique?

L’enfant, pleurant et embrassant son père, lui promit de le faire, et il a tenu parole. Lui et ses frères ont marché dans la foi.

Cet homme a quitté la vie quelques jours après, et il est mort dans la paix la plus profonde, pardonné et sauvé par ce Dieu dont il avait autrefois nié l’existence, et qui était maintenant son espérance et sa joie.

Tout mon désir, ajouta celui qui m’a raconté ce fait, vrai dans ses moindres détails, c’est que Dieu me donne une mort comme celle de Jean R...

En avant 1899 03 04


 

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