Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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ARRIVÉE AU PORT


Le terme que la parole de Dieu fixe à la vie de l’homme pour le plus robuste est de quatre-vingts ans.

Notre chère amie, Madame Fontanieu, la bien-aimée sœur de Madame Peyron vient de quitter notre vallée de larmes pour la patrie céleste à l’âge de 83 ans.

Convertie à Nîmes par le moyen des méthodistes depuis cinquante-huit environ, elle était prête pour ce jour solennel où tous les hommes, les uns plus tôt, les autres plus tard, auront à comparaître devant le tribunal de notre Dieu:


II N'Y AVAIT DONC POUR ELLE AUCUNE CONDAMNATION

PARCE QU'ELLE ÉTAIT EN JÉSUS-CHRIST.


Détail intéressant à noter, en même temps furent converties Madame Peyron et une autre sœur, depuis longtemps, elle aussi, arrivée au Céleste port. Elle aimait le chant et joignait toujours sa voix à tous les cantiques.

Le ciel, le ciel, à la fin du voyage fut le dernier qu’elle put chanter distinctement.

Heureuse et patiente dans les plus grandes souffrances, il lui tardait cependant que la prière de son Sauveur fût exaucée. Père, je veux, que là où je suis, ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi, afin qu'ils soient ma gloire.

Elle disait souvent dans les derniers jours: «Pourquoi tardes-tu?... Pourtant je suis prête... exprimant ainsi les paroles du verset du Cantique.


Quand viendras-tu des cieux

Finir ma longue attente?

Quand pour ton palais radieux

Quitter ai-je ma tente?

Je languis ici-bas,

Ma route est solitaire,

Mais chaque soir un nouveau, vas

Me rapproche du Père.


Dimanche soir fut le plus beau: elle posa les pieds sur la terre où, selon la déclaration de l’apôtre saint Pierre «la justice et la paix habitent». Pendant la réunion on vint prévenir les chers Majors Peyron, que la fin, ou plutôt le commencement, était proche.

Immédiatement on se mit à genoux pour aider par la foi et la prière notre sœur à franchir les eaux profondes du Jourdain, portée dans les bras du Vainqueur de la mort, Jésus! Et tandis qu’au rez-de-chaussée, au nombre de cinquante environ, nous chantions:


Des palmes à la, main et couronnés de gloire,

Ils vont chantant le cantique nouveau,

Heureux qui par la foi remporta la victoire,

Lavé dans le sang de l'Agneau.


Au premier étage notre amie faisait son entrée dans le Ciel, disant sans doute après une si longue attente: Enfin m'y voici... et à Jésus qu’elle pouvait voir face à face: Il y a si longtemps que j’attendais!

Quel délogement digne d’envie quand la terre et les cieux s’unissent par des chants pour accompagner et recevoir dans la gloire celle qui avait été avec tant d’autres aux jours mauvais, aux heures solennelles pendant l’épreuve où la tentation fatales à leur noble vocation.


«Prends garde à l’homme droit, considères afin, car la fin d’un tel homme est la paix».

Ce furent les paroles que le Major Peyron commenta dans le culte qui eut lieu mardi dans la salle de réunion du Mas-de-la-Ville remplie par la famille et le personnel. Le plus important, dit-il, (entre autres), pour tout homme, ce n’est pas l’intelligence qu’il peut avoir pour gagner de l’argent, pour passer la vie le plus commodément possible, en cherchant à éloigner toujours la fin terrible qu’il est cependant obligé d’envisager un jour ou l’autre. Mais c’est surtout de vivre de telle manière que quand la fin arrive c’est la paix, le calme, le repos, le ciel pour cette âme.

Ils avaient cette conviction absolue qu’il eût été ainsi pour notre chère sœur. Son départ a été adouci pour nous par cette consolation qu’elle est allée retrouver notre bien aimée fille Mme Minault On chanta le cantique: Je vais à la cité et M. Carlier termina ce culte par la prière où il remercia le Seigneur de ce que:


LE CIEL N’ÉTAIT POINT FERMÉ MAIS OUVERT À TOUS LES HOMMES

QUI SONT JUSTIFIÉS PAR LES MÉRITES DE JÉSUS-CHRIST.


«Je veux que mon enterrement soit comme sera le tien» avait dit Mme Fontanieu pendant sa maladie à Mme Peyron.

La conséquence de ce désir fut que le convoi fut suivi au cimetière d’Arles par un grand nombre de personnes que ce cercueil recouvert du drap salutiste blanc avec bordure rouge et un S à chaque coin avait attirées, L’assistance au cimetière fut sûrement impressionnée par la simplicité de cette cérémonie, par les cantiques 208 et 209 de notre recueil qui furent chantés dans ce champ de repos, la lecture par le cher Major de quelques versets du 7e chapitre de l’Apocalypse, de la conviction avec laquelle les salutistes croient à l’existence du ciel et que pour ceux qui nous quittent c’est bien là dans la gloire que nous les voyons et que c'est pour eux UN GAIN INESTIMABLE et pour nous la suprême consolation qu’ils ne sont pas perdus mais qu’ils nous ont devancés.

L’Adjudante Tzaut termina par la prière, demandant à Dieu dans son amour de faire que ce départ, ces appels, cette espérance concourent au salut des âmes présentes.

Et nous laissâmes les restes mortels de notre sœur, côte à côte de celle qui fut cette sainte femme Mme Minault, à quelques pas de nos camarades Humbert, Girard, Heufierger, Gerostet Pelier, qui attendent dans le silence de la tombe le son de la trompette pour ressusciter incorruptibles.

Ainsi, mes bien aimés camarades qui avons cette glorieuse assurance, soyons fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l’œuvre du Seigneur.

Marius.

En avant 1903 10 17


 

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