Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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PLUS FORT QUE LA MORT


Une histoire bien touchante me fut racontée un jour. Un terrible incendie avait éclaté dans un village et bientôt tout le monde fut rassemblé sur le lieu du sinistre, chacun cherchant de son mieux à se rendre maître des flammes dévastatrices.

Quel ne fut pas l’étonnement de quelques-uns des spectateurs en voyant courir au travers des flammes une chatte, tenant fermement un de ses petits qu’elle déposa avec tendresse sur le gazon. On la vit aussitôt s’élancer de nouveau, rapide comme l’éclair, dans la maison qui brûlait, puis déposer un autre de ses petits auprès du premier. Un troisième effort sauva la vie à un autre; mais hélas! à quel prix? La pauvre mère était couverte de blessures et semblait souffrir atrocement. Plus vite encore on la vit, échappant à une main sympathique qui voulait la retenir, s’élancer de nouveau au milieu des jets de flamme et de fumée pour sauver une autre vie.

Mais on ne la revit plus jamais; cette noble bête avait été la victime de son dévouement maternel. 


Le dévouement, l’esprit de sacrifice, d’où qu’ils viennent, font toujours vibrer une corde bien sensible du cœur de l’homme et font appel aux sentiments les plus élevés de l’humanité. Tous les peuples ont eu, en leur temps, leur histoire, leur épopée plus ou moins glorieuse, leurs légendes; les générations successives se sont transmis avec fierté les noms de ceux qui, sacrifiant tout sur l’autel de la patrie, ont ainsi contribué à sa gloire et à sa sécurité.

Mais au-dessus de tous ces dévouements, au-dessus de toutes les abnégations — et comme les symbolisant toutes dans sa grandeur solitaire — qui pourra jamais décrire:


LE DÉVOUEMENT DU CHRIST MOURANT SUR LA CROIX,

VICTIME EXPIATOIRE DES PÉCHÉS DU MONDE?


Il fallut que le mal fût bien grand pour demander un si grand sacrifice!

Il fallut que le besoin fût bien réel pour exiger une telle victime. Et cependant le Christ mourut.

Enlevez du Christianisme son esprit d’abnégation et de sacrifice et il n’est qu’un squelette dépourvu de toutes ses chairs!

Enlevez du chrétien l’amour et le renoncement qui doivent en être l'âme agissante et il n’est plus qu’un froid théoricien l’airain qui résonne et la cymbale qui retentit, — l’image morte de ce qui devrait être et qui vous repousse plutôt à cause de l’idéal qu’il énonce et qui ne fait ressortir que plus cruellement la réalité égoïste qui existe.

Si le Christianisme à son origine a pu gagner l’empire des Césars, c’est parce qu’il a su aimer et se donner, et qu’en se donnant il a tout reçu.

Les premiers chrétiens ont donné leurs corps mortels en pâture aux fauves de l’arène; ils ont revêtu, dans le ciel, l’immortalité; ils ont donné leur vie, leur sang mais cette semence précieuse a produit une moisson de dévouement, un torrent d’amour et de puissance qui eut bientôt raison de la Rome antique.

IL EST IMPOSSIBLE DE SERVIR DIEU ET LE MONDE; il est inutile d’essayer de suivre Christ et soi-même tout à la fois:


LE SERVICE DE L’UN EXCLUT CELUI DE L’AUTRE ET LE REND VAIN.


Le Christ n’a-t-il pas dit: «Celui qui veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il Me suive?»

Et puisque ce sont ses divines lèvres qui ont ainsi énoncé le principe fondamental de ce Royaume éternel de vie, de paix, de joie et de puissance apostolique; puisqu'enfin l’amour et le renoncement sont la condition sine qua non de la vie chrétienne, délaissons à tout jamais les choses quelles qu’elles soient, qui pourraient s’opposer à leur règne complet.

Apprenons à nous donner pour les autres afin de les sauver.

Profitons en particulier de cette Semaine de Renoncement pour faire un examen sévère de notre vie de tous les jours; demandons-nous, à la lumière des faits et de l’Évangile, si nous sommes ce que nous devrions être.

Devenons et soyons de vrais disciples du Christ.

Profitons aussi de cette Semaine pour nous unir de cœur et d’âme à nos camarades de la France toute entière, dans un effort digne de nous, en vue de l’extension du Royaume de Dieu sur la terre. Faisons tout ce que notre cœur et le sentiment du devoir nous disent de faire afin que cette belle guerre du Salut puisse être poussée de l’avant avec plus d’ardeur et de succès que jamais.

En avant 1903 10 24


 

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