ÉPREUVE
Dieu ne peut te laisser voir toujours ton chemin,
Car marcher par la foi, tel est l’ordre divin;
Dieu ne peut de ta route enlever chaque pierre:
Tu lâcherais bientôt sa tendre main de Père;
Dieu ne peut t’épargner ni les pleurs, ni la croix,
Ni le joug qui t’oppresse et t’irrite parfois.
Il faut, jusques au fond, boire la coupe amère;
Il faut, pour vivre au ciel, passer par le Calvaire;
Il faut que la douleur nous guide, pas à pas,
Vers un but que, sans elle, on ne poursuivrait pas!
Souvent à la nacelle, il faut un vent d’orage,
Pour peu que les matelots pointent droit au rivage;
Souvent à la brebis il faut prendre un agneau,
Pour qu’elle entre au bercail avec tout le troupeau.
Ainsi, dans son amour, Dieu permet la fournaise;
Il l’attise parfois, plutôt qu’il ne l’apaise;
Mais ce Dieu tout-puissant a dit que, pour les siens,
Le feu ne brûlerait jamais que les liens.
En Dieu qui te conduit mets donc ta confiance,
Chante, si tu le peux, une hymne d’espérance;
Peut-être, en l’écoutant, un cœur auprès de toi,
Triste, désespéré, retrouvera la foi.
Qu’importe si ta voix hésite, pleure ou tremble:
Dieu permet de pleurer et chanter tout ensemble!
L. Challand.
En avant 1903 10 24
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