Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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CATHERINE DE SIENNE


Causerie de la Colonelle Peyron-Roussel à la Salle Auber

Dimanche après-midi, devant un auditoire nombreux des plus sympathiques, la Colonelle Peyron-Roussel a fait revivre pendant quelques instants, en termes précis et énergiques, une grande figure un peu oubliée et méconnue de nos jours, mais qui n’en a pas moins laissé un sillon lumineux au milieu des ténèbres profondes du XIVe siècle: Catherine de Sienne.

Sortie du peuple et ne paraissant pas, de par sa naissance ou ses capacités, appelée à une vie d’activité publique, cette frêle et pure jeune fille joua un rôle considérable dans les destinées de la chrétienté de cette époque et accomplit pour Jésus, son Maître, des miracles d’amour et de dévouement.

Élevée par de très bons parents, mais souvent incomprise, Catherine avait seize ans lorsqu’elle entendit parler des Pères du Désert. Son désir fut dès lors de les imiter. À cet effet, elle partit un jour dans la campagne environnant la ville, mais quand vint le soir elle entendit la voix du Seigneur lui ordonnant de retourner auprès des siens.

À seize ans, ses parents voulurent la marier à plusieurs reprises, mais elle refusa toujours, disant qu’elle était l’épouse de Jésus et qu’elle avait fait le vœu de lui consacrer sa vie entière.

Après quelques mois, ses parents comprirent que telle était la volonté du Seigneur et n’objectèrent plus, facilitant même l’entrée de leur fille dans le tiers ordre dominicain.

Catherine de Sienne, profondément mystique, avait toutefois un christianisme très pratique, se donnant pour les pauvres, les malades, les tombés. Elle ne s’épargnait pas la fatigue, passant des nuits en prière et des jours entiers à exhorter, encourager et guérir les gens qui accouraient en foule pour la voir et l’entendre.


On raconte qu’un jour voyant passer devant sa fenêtre des condamnés à mort, elle n’écouta que son cœur, courut à la charrette, y monta et ne laissa les malheureux qu’après avoir tourné leurs regards vers le Ciel.

Un jeune homme riche, de Pérouse, condamné à mort également, désespéré, demanda avec instances à voir Catherine de Sienne, afin qu’elle opérât un miracle en sa faveur. Elle se rendit auprès de lui et lui apporta la paix, la joie et la consolation. Le jour du supplice, elle l’y accompagna et son amour était si grand qu’elle eût volontiers donné sa vie pour sauver ce frère. Elle l’encouragea jusqu'à la dernière minute. Ce fut elle qui reçut sa tête entre ses mains après l’exécution.


En 1375, elle fut appelée à Pise par l’archevêque et les chefs du Gouvernement auprès de qui sa renommée était arrivée. Elle s’y rendit accompagnée de son historien, Raymond de Capoue, et de quelques femmes fidèles, parmi lesquelles sa mère qu’elle avait gagnée à sa cause.

Ce petit groupe fut admirable de dévouement. Ils allaient partout prodiguant leurs soins aux malades, annonçant la grâce de Dieu. Mais tant de fatigue devait laisser une empreinte sur le corps débile de Catherine. Elle tomba malade.

Lorsqu’elle fut rétablie, elle se remit à la tâche avec plus d’ardeur encore. L’Italie était en révolte contre l’autorité papale, les luttes intestines sévissaient, Catherine écrivait aux Républiques italiennes, les exhortant au retour au bien et pressait le pape de quitter Sa Cour d’Avignon pour revenir où son devoir l’appelait. Elle proclamait hautement la nécessité d’une réforme morale au sein de l’église.

La ville de Florence qui était sous l’interdit eut recours à elle et lui confia le soin de se rendre auprès du chef de l’Église, le pape Grégoire, pour le persuader de revenir en Italie. Catherine accepta cette délicate mission et entreprit ce long voyage qui dura dix-huit jours, tantôt à pied, tantôt dans quelque véhicule. Une fois arrivée, appelée dans la salle luxueuse du Chapitre et au milieu de cette imposante assemblée, cette jeune fille simple paria avec autorité, et somma le pape de laisser là son luxe et sa cour, et de revenir en Italie. Elle finit par le convaincre.

Elle dut cependant attendre encore deux longues années avant de voir ses désirs se réaliser. Elle ne passa pas ce temps dans l’oisiveté; toujours au service des malheureux, elle prêchait la vraie conversion, l’abandon du péché et amenait des âmes à son Sauveur. Sa mission accomplie, Catherine revint à Sienne puis fut appelée par le pape à Rome, pour l’aider dans son œuvre de réforme. Ce n’était plus qu’une ombre qu’on voyait glisser dans les rues de Rome, allant et venant pour faire le bien. Son état empira et bientôt après elle mourut.

Jusqu’à la fin, elle exhorta chacun à l’amour fraternel, annonçant le salut de Jésus-Christ par la foi et la conversion et non par les œuvres et les aumônes. Elle avait 31 ans.

Cette sainte femme eut aussi ses luttes intérieures terribles, et si toujours elle triompha et put accomplie des miracles en elle et autour d’elle, voici quel était son secret: OBÉISSANCE À LA VOIX INTÉRIEURE. 


Cette conférence de la Colonelle a laissé au cœur de tous les salutistes présents le désir de faire de même chacun dans sa sphère et dans sa vie et les auditeurs étrangers qui se trouvaient dans la salle ont sans nul doute été touchés et bénis.

Puissions-nous tous obéir, moment après moment, à notre conscience; cette lumière divine en nous, afin que notre religion soit une puissance non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour transformer le monde pour la gloire de notre Dieu.

En avant 1903 11 07


 

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