Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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MORT DE LA CONSUL MADAME BOOTH-TUKER


BOOTH=TUCKER
La Consul Madame Booth=Tucker

Née à Gateshead, le 8 Janvier 1860, promue à la Gloire le mercredi 28Octobre 1903, à Marceline, dans le Missouri (Amérique)


RÉUNION COMMÉMORATIVE

à la salle Auber, en souvenir de

Madame Booth-Tucker


Il est près de trois heures et demie. La salle est déjà presque pleine et les auditeurs arrivent encore. Les uns, amis, convertis ou simplement habitués de nos salles, connaissent le caractère spécial de la réunion. Mais ce qui est intéressant, c’est de noter l’expression des physionomies des gens non prévenus, auditeurs occasionnels attirés par un prospectus ou l’annonce de la réunion sur les boulevards.

Il faut vous dire que la salle, bien décorée de verdure, de palmes, l’estrade sur le devant de laquelle retombent gracieusement de jolies fleurs blanches, à droite et à gauche les drapeaux français et américain, d’autres bannières dans la salle, tout cela a un air de fête. Et l’on peut comprendre la surprise des visiteurs qui ont lu sur un prospectus: Réunion commémorative; on dirait ailleurs, service funèbre.

Or, il n’y a là rien de lugubre, comme d’aucuns le pensaient. Les Salutistes sont décidément d’étranges gens, ou du moins ont des conceptions bien extraordinaires. Nous jugerons plus tard.

Pour l’instant, la réunion commence, nos Commissaires font leur entrée accompagnés des Lieutenants-Colonels Peyron-Roussel. Un chant s’élève: Qui sont ces gens au radieux visage?

L’auditoire est debout; une impression solennelle est répandue sur tous. Après la prière, encore un chant, exécuté en partie cette fois, et d’un effet très saisissant: La sombre vallée de la mort a perdu sa terreur pour moi.


Il semble que la lumière commence à se faire dans les esprits. Les Salutistes ne sont pas des êtres insensibles, qui, à la perte d’un de leurs bien-aimés, alors que les autres ont le cœur déchiré par la douleur, demeurent impassibles. Non, ils sont humains et, comme tels, sentent et souffrent. Mais si la blessure est cuisante, si la plaie est douloureuse, ils espèrent et croient.

Ils savent que leur tendre Père Céleste, toujours amour, même dans des dispensations qu’on pourrait trouver cruelles, fait toutes choses bien. Ils savent surtout que ce que nous appelons mort n’est que l’entrée dans la vraie vie et que mourir au champ d’honneur, mourir en combattant pour ses frères, mourir après avoir donné sa vie pour Dieu et l’humanité qui souffre, ce n’est pas mourir mais c’est deux fois renaître; c’est entrer pour jamais dans la communion de leur Père Céleste, – vivre désormais dans la pleine lumière, dans l’harmonie.

Mais ils savent plus encore: ils ont l’assurance, que s’ils continuent le bon combat, s’ils conduisent les âmes altérées à la Source de Vie, les esclaves au Libérateur, ils rejoindront leurs bien-aimés et ils peuvent dès lors chanter; Ils ne sont pas perdus, mais nous ont devancés.

On sent que cette conception, nouvelle pour beaucoup (et pourtant combien réconfortante!) fait réfléchir chacun. Aussi, quand le Commissaire invite l'auditoire à se joindre à nous dans le chant du chœur: Pleine paix, en commentant ces paroles il est écouté dans la plus religieuse attention.

La Lieutenante-Colonelle Peyron-Roussel donne lecture d’une poésie de Mme Booth-Tucher, traduite en français: SAUVE NOS ENFANTS.

La Colonelle est très émue et l’auditoire aussi. Nous pensons aux précieux petits enfants qui n’ont plus de mère et nos cœurs vont vers eux et demandent au Seigneur de les garder sous son aile.


LA COMMISSAIRE qui a connu la Consul personnellement, rappelle le souvenir ému de cette guerrière tombée au champ d’honneur. – Elle est partie en vainqueur, l’épée à la main, au service de Dieu et de l’humanité.

«J’ai eu, dit la Commissaire, le privilège d’être formée par elle. C’était une âme noble entre toutes, extraordinairement douée et d’un dévouement sans bornes, s'oubliant absolument pour les autres. Son exemple m’a inspirée à travers ma carrière salutiste et m’a aidée au moment où je traversais bien des difficultés.»

La Commissaire rappelle ici avec émotion combien la Consul lui fut une aide précieuse lors du départ pour le ciel de son premier-né, comment elle l’encouragea en portant sa pensée sur les enfants de Dieu, égarés loin de leur Père céleste et qu’elle avait pour mission de lui ramener.

Dans des circonstances semblables, la Consul fit preuve d’un courage vraiment héroïque. Appelée, par les nécessités de la guerre, à se rendre en Amérique, elle partit laissant derrière elle son dernier bébé n’ayant que six semaines, très malade, et elle-même très faible.

Pour comprendre la valeur de ce sacrifice, qui faisait passer le devoir avant tout intérêt personnel, si légitime qu’il fût, il faut ne pas oublier que Mme Booth-Tucker était une mère extrêmement tendre et qu’elle avait toujours eu pour les enfants une affection très spéciale. Mais elle se sacrifiait toujours pour les autres. C’est la même pensée qui la dirigea lorsque, travaillant alors aux Indes, elle revint en Angleterre à la mort de Mme Booth, qu’elle soigna avec un rare dévouement, surmontant sa propre douleur pour soutenir et encourager son père et repartir ensuite à son champ de travail.

Oui, c’était un noble cœur, qui toute sa vie n’a vécu que pour les autres, sa grande joie étant de voir des âmes sauvées. Cette après-midi, du haut des cieux, elle est dans cette même attente vis-à-vis de vous et se réjouira pour tous ceux qui auront ce soir leur cœur purifié dans le Sang de l’Agneau. Le Lieutenant-Colonel chante un solo composé par Mme Booth-Tucker: «Oh! mon cœur est plein de musique et de joie.»


LE COMMISSAIRE complète ce qui a été dit sur cette femme admirable qui nous a quittés, en mettant en relief ses dons merveilleux, tant comme orateur que comme administrateur.

C’est grâce à elle et à son mari que l’Armée du Salut a pris de si grands développements aux États-Unis. Elle est donc partie, ce grand vainqueur! Comme un coup de tonnerre, la nouvelle nous est arrivée foudroyante. Mais le salutiste en pleurant sur cette perte élève ses yeux vers l’invisible.

«C’est dans ces moments d’épreuve, ajoute le Commissaire, qu’on se rend compte de la réalité de la foi, de la puissance de Dieu».

Il fait alors un puissant appel à l’auditoire, en s’appuyant sur les paroles de l’Apocalypse ayant trait à l'«arbre le vie dont, les feuilles étaient pour la guérison des Gentils,» et sur cette réponse donnée par l’ange à Jean qui voulait l’adorer: «Garde-toi de le faire, adore Dieu.»

Le Commissaire conjure chacun de venir à cet arbre de vie et à se poser la question solennelle: «SUIS-JE PRÊT POUR LA MORT?»

À tous qui se sentent esclaves de l’égoïsme ou d'une passion quelconque, ces belles paroles s’adressent: «VENEZ Â L’ARBRE DE VIE!»

Il est vrai que le péché a amené la mort de votre âme, mais béni soit Dieu de ce qu’entre nos iniquités et la justice divine se dresse la Croix sanglante du Calvaire. Qui voudra se mettre en route pour le Ciel?


La vraie liberté — la seule liberté — c’est la délivrance du péché.


La religion de Christ n’est pas la superstition, la crédulité enfantine, l’adhésion à certaines doctrines ou la pratique de cérémonies: LA RELIGION DE CHRIST, C’EST PAR EXCELLENCE LA DÉLIVRANCE DES PASSIONS QUI ENCHAÎNENT L’HOMME.

Le Commissaire termine par un puissant appel aux rétrogrades, les conviant à venir de tout leur cœur à Christ qui pardonne toujours.

Une âme vint au pied de la Croix.


* * *


Oh! mon cœur est plein de musique et de joie,

J'avance, emporté sur des ailes d’amour;

Mon Jésus, toujours, illumine ma voie

Et, joyeux, je monte au radieux séjour!


Chœur:

Je monte vers mon Jésus, au radieux séjour.

Je monte, entouré de gloire et de lumière,

Je monte toujours plus haut, toujours plus près de mon Père

Je monte vers le pays du pur amour;

Je monte vers mon Jésus, au radieux séjour,

Je monte, entouré de gloire et de lumière,

Je monte toujours plus haut, toujours plus près de mon Père

Je monte et j’auai ma couronne d’or!


Oh! que c’est beau d’annoncer à tous

Sa Grâce Dire au pauvre cœur brisé: «Courage, Espoir!»

Et que, pour tous, à la Croix il y a place,

Qu’en son cœur Jésus veut tous nous recevoir!

Lorsque sur mon cœur vient fondre la souffrance,

Qu'il semble que, pour moi, trop lourde est la Croix,

Si je pleure, étreint par une angoisse immense:

«Monte plus haut!» me dit de Jésus la voix!

Au chemin royal de l’amour du calvaire

Oui, partout, ô mon Jésus, je te suivrai;

Si le chemin de la Croix est solitaire

Au moins là toujours je Te rencontrerai.

En avant 1903 11 21


 

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