EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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DANIEL DANS LA FOSSE AUX LIONS

Par le Brigadier Roussel.

Dans la fosse aux lions! Situation terrible! Là, plus de secours humains; là, la fosse aveugle aura bientôt achevé son œuvre de destruction.

Pauvre Daniel, où donc t’a conduit ta fidélité envers ton Dieu?

Maintenant, tout est bien fini, pour toi ainsi que pour tous les services que tu aurais pu rendre au Royaume de Dieu... Terrible situation!

Dans la fosse aux lions! Situation magnifique! car l’ange de Dieu lui-même se tient entre lui et les bêtes féroces; là, aucune puissance visible ne peut résister à la puissance invisible.

SEUL, MAIS AVEC DIEU! Expulsé par les hommes, mais agréé par Dieu. Dans la fosse aux lions! Là, aucun homme ne peut intervenir entre Dieu et l'âme, là seul... oh! combien magnifique! Terrible et magnifique? C'est selon les circonstances! Voyons qui a pu amener Daniel dans cette situation:

«Darius, est-il écrit dans le VIe chapitre du livre de Daniel, trouva bon d’établir sur le royaume cent vingt satrapes; il mit à leur tête trois chefs, au nombre desquels était Daniel... Daniel surpassait les chefs et les satrapes, parce qu’il y avait en lui un esprit supérieur, et le roi pensait l’établir sur tout le royaume.»

Poussés par la jalousie, ces hommes cherchent une occasion d’accuser Daniel. Mais, chose admirable, ils le trouvent si fidèle dans l’accomplissement de tous ses devoirs, qu’ils se dirent les uns aux autres:

«Nous ne trouvons rien contre lui à moins que nous ne relevions quelque chose dans l’accomplissement de la loi de son Dieu. Mais là encore sa fidélité fut telle qu’ils désespéraient de trouver une accusation pour le perdre.

Que le roi édicté une loi, dirent-ils, qui soit en contradiction avec la loi de son Dieu, et alors nous pourrons l’accuser, car sûrement il préférera obéir à la loi de son Dieu plutôt que de se soumettre à celle du roi.»

Quel magnifique témoignage rendu à la fidélité de Daniel qui, bien qu’exerçant une charge élevée dans l’empire, n’avait pas craint que tous ceux qui l’entouraient grands ou petits, sachent qu’il adorait le Dieu vivant!

Nombre de chrétiens estiment que dans la vie ordinaire ils peuvent être infidèles et lâches: dans la rue, à l’atelier, à table, quand ils sont entourés d’inconvertis, dans un wagon de chemin de fer, ILS ONT HONTE DE CONFESSER LEUR DIEU et ne se hasarderaient jamais à dire un mot pour Lui. Jamais non plus ils ne voudraient marcher dans la rue avec un de ces salutistes méprisés.

Mais qu’il arrive une occasion importante ou qu’une persécution éclate un jour, terrible, contre les chrétiens, comme au temps des empereurs romains, ils s'insinuent qu’ils deviendraient subitement des héros...

Lâches dans les petites circonstances,

ils peuvent être des héros dans les grandes!

Non ! non ! il n’en est pas ainsi:

– Si vous êtes un lâche à la maison, à l’atelier, vous serez un lâche aux jours de la persécution contre ceux qui n’ont pas le «signe de la bête sur leur front.»

– Si au contraire vous êtes fidèle dans les petites choses, vous n’aurez pas à craindre les grandes persécutions, car Sa promesse est là:

«Parce que tu as retenu la parole de ma patience, je veux aussi te garder à l'heure de la tentation, qui viendra sur la terre entière.»

C’est ce qui eut lieu pour Daniel. Dans ses fonctions particulières il était resté fidèle à son Dieu, et à présent que le mauvais jour est là, Dieu le garde fidèle.

Fidèle! N’aurait-il pas été fidèle s’il avait adoré son Dieu dans une petite chambre bien close? «Dieu ne regarde pas aux apparences», il aurait dû se le dire. «Je puis être prudent en restant fidèle.»

Fidèle! Pour être fidèle, devait-il donc ouvrir sa fenêtre, prier et louer Dieu trois fois par jour, là, devant les fenêtres et probablement à haute voix?

Ne pouvait-il être fidèle en tirant le verrou pour ne pas être surpris, étant à genoux?

D’autres auraient peut-être appelé cela de la fidélité, mais non Daniel, car, pour lui, fidèle signifie aussi courageux.

Fidèle et lâche ne s’accordent pas pour les oreilles de ce prophète antique.

Oui, fidèle Daniel! Tu as osé, et les anges qui, du ciel, suivaient ce drame terrestre avec le plus vif intérêt, se sont réjouis de te voir: «Voilà enfin un homme», il me semble les entendre, «qui donne à Dieu une occasion de faire un miracle.»

Quant aux conséquences, Daniel s’en préoccupe fort peu; LE TÉMOIGNAGE, VOILÀ SON AFFAIRE; le reste appartient à Dieu.

C’est pourquoi sans lâcheté, sans crainte, sans même songer à ses ennemis ou à une puissance terrestre, il continue à louer son Dieu à genoux. Tout à coup ses ennemis se précipitent dans son appartement... et le surprennent en prière...

L’affaire de Dieu commence.

L’arrachera-t-il des mains de ses ennemis? Oh! non. LA FOI DOIT D’ABORD PRODUIRE UNE ŒUVRE PARFAITE (l’épreuve de la foi doit être parfaite), et Daniel doit pouvoir donner une preuve décisive de sa fidélité et de sa confiance en son Dieu.

Le roi aurait bien voulu le délivrer, mais il n’avait aucun pouvoir, lié par les lois du pays et son propre décret... Toute espérance terrestre s’évanouit ainsi pour Daniel.

En est-il affligé? Non, non!

Les hommes fidèles sont toujours des hommes de foi — rien n’anéantit la foi comme l’infidélité.

Daniel avait obéi; il lui était facile, à présent, de croire et de laisser entièrement son affaire entre les mains de Dieu.

Pourquoi aurait-il peur et pourquoi douterait-il de son Dieu?

Mais Dieu ne fera-t-il pas un miracle?

Permettra-il que ce fidèle serviteur soit jeté dans la fosse aux lions?

Oui, car voulant accomplir un grand prodige, Dieu laissera aller la chose au point qu’il semble que toute espérance a disparu.

Serait-ce un si grand malheur que Daniel soit dévoré par les lions?

Serait-ce si terrible pour lui d’échanger son sort terrestre contre la couronne des martyrs?

Non, certes, et Dieu n'intervenant plus ici-bas en faveur de Daniel l’aurait laissé dévorer par les lions, le recevant de suite dans son ciel, s’il n’avait pas eu un autre but: celui de faire connaître à toutes les nations que le Dieu de Daniel est le seul Dieu véritable et tout puissant: «un Sauveur et un Libérateur», comme Darius le fit publier plus tard dans son vaste empire.

Daniel est donc jeté dans la fosse...

Heureux homme que ce Daniel qui, n’ayant plus personne sur la terre pour le secourir dans sa terrible épreuve, a le Dieu tout-puissant à ses côtés comme «Sauveur et Libérateur».

Comme il est tranquille! «Oh! le divin repos!» le repos de celui qui a abandonné son sort entre les mains de Dieu et qui veut Lui être fidèle jusqu’à la mort!

Oui, heureux Daniel, disent aussi tous ceux qui apprennent la manière si merveilleuse dont il a été gardé et qu’aucun lion ne lui a fait le moindre mal. Quant au roi, il fait publier ce prodige dans tout son royaume et lui confie une position très élevée.

Qui osera être encore un Daniel?

Est-il si difficile de se confier en Dieu?

Officiers, Soldats, Amis, Dieu aimerait peut-être faire de grands miracles.

Voulez-vous lui en fournir l’occasion? Osez-le!

En avant 1903 12 19