Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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SOCIALISME FÉCOND


À l’occasion de l’inauguration de notre Hôtellerie populaire de Bruxelles, plusieurs journaux de cette ville ont écrit d’une manière très favorable sur l’œuvre sociale de l’Armée du Salut.

Nous reproduisons l’article ci-dessous qui a paru, à la date du 3 décembre, dans la Réforme, l’un des principaux journaux belges. Nous avons pensé être ainsi utiles à nos lecteurs qui verront, dans les lignes qui vont, suivre, l’œuvre sociale de l’Armée du Salut décrite par une plume des plus autorisées, et avec une ampleur et une impartialité qui font honneur à son auteur. Nous sommes heureux d’y ajouter qu’a l'occasion de cette inauguration, le Commissaire a eu une entrevue très cordiale avec plusieurs représentants de la haute presse bruxelloise. 


L’Oeuvre sociale des Salutistes

Lundi soir a eu lieu l’ouverture officielle, après reconstruction et agrandissement, de l’Asile de nuit et de l’Hôtellerie populaire pour hommes de la rue Haute, 88, œuvre établie par l’Armée du Salut, qui d’ailleurs en est à ne plus compter ses œuvres sociales sur les divers points du globe.

Le local, simple mais très confortable, de la rue Haute, comprend indépendamment de la cuisine, de la salle de réunions des officiers? etc., trois parties principales: la salle des réunions (causeries, prières, cantiques, concerts, projections lumineuses commentées, etc.); le réfectoire où les pauvres, les victimes du chômage, les esseulés, les éclopés de la vie trouvent, presque pour rien, une nourriture réconfortante, un bol de bouillon déliceux pour un sou (en 1903), un croûton de pain de belle dimension pour un sou, une bonne assiettée de haricots pour un sou, une tasse d’excellent café pour deux centimes, etc., etc...! — et les dortoirs très propres, bien chauffés, où ils trouvent à loger confortablement et à l’abri du froid, soit pour six sous, soit pour quatre sous.

L’Asile peut abriter deux cents personnes. C’est dire qu’il rendra d’inappréciables services aux plus haut éprouvés dans la lutte pour l’existence, et nous ajouterons aux meilleurs, aux plus dignes parmi les malheureux, à ceux qui montrent par leur présence même dans ce milieu, leur bon vouloir, leur désir de fuir les occasions de chute, leur résolution de consacrer à leur bien-être, au lieu de le dissiper en genièvre tord-boyaux, en peu édifiante compagnie, le plus souvent, les quelques sous dont ils peuvent disposer par jour en attendant qu’ils aient retrouvé de l’occupation.

Hâtons-nous de dire à ce propos que l’œuvre en question, afin de ne point encourager indirectement le désœuvrement, ne permet pas à ceux qu’elle nourrit et qu’elle loge aux conditions indiquées, de passer leur journée au local à contempler les murs; non...

À sept heures du matin, tous doivent quitter le local; ils se trouvent ainsi dans l’obligation d’employer leur temps, de chercher du travail.

Si l’œuvre est une œuvre d’assistance, elle est bien plus encore une œuvre de relèvement, comme d’ailleurs toutes les institutions créées un peu partout par les Salutistes, dont on ne rit plus aujourd’hui parce qu’on les a vus à l’œuvre et que le bien réel qu’ils font, leur action humanitaire et sociale, commandent à tous, en dehors de toutes considérations d’un autre ordre, le respect et l’admiration.

Chapeaux bas devant ces hommes et ces femmes qui se vouent au soulagement des misères humaines, y compris les misères morales, dont ne se soucient point la plupart des œuvres plus ou moins philanthropiques existantes. Il nous a été donné, lundi, d’entendre M.Cosandey, (et illustrées par des projections lumineuses); l’émouvante conférence du Commissaire général — homme jeune encore, à la physionomie vive, intelligente et sympathique — a produit la meilleure impression sur l’assistance.

Puissent les privilégiés de la fortune, en qui bat un cœur, venir généreusement en aide aux salutistes! Ils ne pourraient faire un placement meilleur de leur argent en vue du bien, ils ne pourraient assurer à leur budget de l’assistance une utilisation plus efficace. M. Cosandey a terminé par un chaleureux appel à la générosité de tous ceux — croyants et non croyants — pour qui la solidarité sociale n’est pas un vain mot. On comprend que les œuvres des Salutistes exigent des ressources considérables.

«IL N’EST POINT D’OEUVRE VRAIMENT SOCIALE POSSIBLE SANS UNE BASE SPIRITUELLE, a ajouté l’orateur.

L’œuvre sociale de l’Armée du Salut est le seul terrain, le terrain de l’humanité, où peuvent se rencontrer tous les hommes de bonne volonté sans distinction de classe ni de caste, d'opinions politique, religieuse ou philosophique. On nous aidera davantage quand on nous comprendra mieux.» 


L’Armée du Salut aide, en effet, les malheureux sans avoir égard à leurs croyances et sans exercer sur eux de prosélytisme religieux, et c’est là sa supériorité. La plupart des œuvres d’assistance existantes, celles fondées par les catholiques, surtout, ont un caractère étroitement et exclusivement confessionnel.

Bref, elle fait œuvre de solidarité humaine et sociale, grande, noble et touchante: grande par l’étendue et l’efficacité de son action; noble dans son mobile et dans son but; touchante par sa simplicité même.

Les Salutistes méritent la sympathie et l’aide de tous les hommes de bonne volonté.

Ajoutons qu’une Hôtellerie pour femmes sera installée sous peu à Bruxelles, que la Maison de Relèvement pour femmes de la rue de Cologne sera prochainement agrandie, et apprenons au public que depuis huit ans l’Asile de la rue Haute a donné 200.000 logements et distribué 400.000 portions de nourriture.

Ralph.

En avant 1903 12 19


 

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