Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UN AMI VRAI 


Il n’y a rien qui soit plus propre à nous élever au-dessus de nous-même, à nous ennoblir, qu’une amitié étroite et intime.

L’amitié véritable est une école de pureté, de candeur, de modestie, d’oubli de soi-même, un apprentissage des plus hautes vertus. Pour conquérir et conserver cette amitié-là, nous sommes obligés de rester sur les sommets de l’idéal et celui qui répond à la nôtre est tenu d’en faire autant. Il y a de part et d’autre comme une compétition dans le sens de ce qu’il y a de meilleur.

«Quel est le secret de votre vie?», demandait quelqu’un à Charles Kingsley, et la réponse fut: J’AI EU UN AMI VRAI.

Il y a dans le sentiment de respect que nous éprouvons pour ce lien si précieux, quelque chose qui rappelle de loin l’idée de culte. Bunsen disait sur son lit de mort, en voyant se pencher vers lui le visage de sa compagne:

J’ai vu sur ta figure l’éternité. N’est-ce pas là ce que nous ressentons vis-à-vis des êtres qui nous sont les plus chers?

Ne sont-ils pas pour nous comme un objet de vénération secrète, comme notre conscience qui s’incarnerait en eux et nous inspirerait à chaque instant la crainte de mal faire?

«Il y a des personnes qui lorsqu’elles s’attachent à quelqu’un, lui donnent l’impression d’avoir reçu une sorte de consécration et de baptême; elles ont une telle foi dans ce qui est juste et pur qu’elles nous contraignent pour ainsi dire à nous y consacrer tout entier, et nous font voir dans chaque faute commise une sorte de sacrilège qui nous ôte la vision bénie de l’autel invisible dressé en l’honneur de la fidélité».


Un ami vrai a tout un ministère à exercer à notre égard.

Il est le rayon de soleil qui vient embellir nos joies et adoucir nos peines,

le conseiller qui met un esprit de sagesse dans nos projets,

celui qui nous aide à multiplier les occasions de nous rendre utile et nous supplée en cas d’absence;

mais il est surtout le grand accusateur qui met nos erreurs, nos fautes sous nos yeux, nous fait rougir des bassesses dont nous nous sommes peut-être rendu coupable;

il est celui qui nous avertit et nous redresse; il est cet idéal qui semble nous dire:

Mon ami, monte plus haut, plus haut, en marchant avec moi, afin que nous soyons du nombre de ceux qui s’aiment d’un amour véritable et, à mesure qu’ils se rapprochent l’un de l’autre, se rapprochent aussi de Dieu.

Et quand un ami comme celui-là, qu’il s’agisse d’un père, d'un mari, d’un frère, d’une mère, d’une épouse ou d’une sœur, ou simplement d’un être qui nous est cher, se rapproche encore davantage de Dieu en s’en allant auprès de Lui, la mort se revêt de beauté, le monde invisible prend un cachet de réalité vivante, l’amour divin se révèle à notre âme comme il ne l’avait encore jamais fait.

La pensée de celui qui nous a quittés est là qui plane sur toute chose, transforme tout en projetant sur le monde invisible un rayon de bienveillance et de bonté.

Oh! qui dira le prix de ces nobles amis qui en nous quittant NOUS ONT LÉGUÉ UN HÉRITAGE DE PIÉTÉ meilleure et plus avancée, une certitude plus complète de l’éternité qui est devant nous!

Nous ne pouvons comprendre quel trésor de bénédictions est renfermé dans une amitié vraie qu’âpres la mort de celui ou de celle qui en a été l’objet de notre part. Nous parlons des cercles de famille que la mort est venu briser, mais en réalité ils ne sont vraiment au complet que lorsque l’un ou l’autre de ceux qui en faisaient partie, a été recueilli loin de notre vue dans l’éternel repos.

(Extrait.)

En avant 1903 12 19


 

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