Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LA CROIX ACCUSATRICE

Un rêve? Non, une réalité!


La Cour d’assises d’Indre-et-Loire a jugé, l’autre semaine, les assassins du curé de Saint-Patrice et de sa servante, donnant, pour le principal coupable, un verdict de mort.

Ce misérable, après avoir assommé sa victime, le curé, vieillard octogénaire, fouilla le cadavre et arracha, notamment, la croix d'un chapelet. C’est cette croix qui, retrouvée sur lui, amena son arrestation et ses aveux...

Sans vouloir m’appesantir sur ce dernier fait, quoique je ne sois point superstitieux, on me permettra d'en tirer un puissante leçon.


C'est à vous, ami chrétien, que je m'adresse;

à vous, dont le CRHISNANISME TIÈDE ET DÉGÉNÉRÉ est fait de compromis et d'alliances impures avec le monde;

à vous qui, parce que vous avez été baptisé et confirme et que VOUS SUIVEZ, DE LOIN, EN FORMALISTE ENDURCI, les cérémonies et les devoirs de votre religion, vous qui pensez avoir le droit de vous réclamer du nom de Christ.

Vous croyez qu’après cette vie il y aura un jugement dernier, lequel décidera, à tout jamais, de notre sort, arrêt infaillible, irrévocable, émanant de la justice même de Dieu?

D’avance, vous reconnaissez que cet arrêt, quel qu’il soit pour vous, pour moi, pour tous, sera infiniment juste, juste comme Dieu Lui-même, et, d’avance, vous vous y soumettez?


Mais avez-vous songé à une chose:

c’est que VOUS SEREZ JUGÉ, VOUS CHRÉTIEN, À LA LUMIÈRE DE LA CROIX,

c'est que, vous étant dit de Christ, sur cette terre, ayant pris son signe, le signe de la croix, vous étant revêtu, en quelque sorte, de son nom, le nom du crucifié, quand vous vous présenterez devant Celui qui jugera les vivants et les morts, vous porterez sur vous-même une croix, Y AVEZ-VOUS BIEN SONGÉ?

En ce moment solennel, peut-être, je suppose, que celui qui devra être jugé immédiatement avant vous aura été un païen.

«Pauvre païen, direz-vous tout d’abord, il ne sera pas sauvé, puisqu’il ne porte pas la croix que je porte, tandis que moi...»

Et, en effet, le grand juge demandera au païen: «Où est ta croix?»

Le païen répondra: «On ne m’a jamais parlé de cette croix.»

Le grand juge, abaissant alors un regard de tendre compassion sur lui, se mettra à l'interroger avec une patiente douceur. Il arrivera alors qu’à mesure que parlera le Seigneur, il se fera dans votre coeur une extraordinaire révélation; vos yeux apercevront des choses qu'ils n’avaient jamais aperçues: votre esprit comprendra ce qu'il n’avait jamais compris.

Il arrivera qu'instinctivement vos regards chercheront les mains et les pieds du Sauveur pour y voir les empreintes des clous, et sur son front vous croirez retrouver les plaies des épines. Vous passerez alors votre main tremblante sur votre front, puis regarderez les paumes de vos mains et vos pieds et une grande frayeur commencera à vous saisir.


TOUTE VOTRE VIE SE DÉROULERA DEVANT VOUS; vous vous retrouverez d'abord enfant, au jour de votre confirmation, faisant les solennelles promesses, la main droite sur l'Évangile, de renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres pour vous consacrer à Jésus-Christ. «J’ai trahi mes promesses!» murmureront vos lèvres tremblantes.

Et à mesure que les évènements les plus importants de votre existence vous seront retracés avec force, dans les actes les plus solennels, vous découvrirez avec stupeur:

QUE VOUS FÎTES TOUJOURS PASSER VOS INTÉRÊTS PERSONNELS AVANT LES INTÉRÊTS DE JÉSUS-CHRIST;

que vous sacrifiâtes à l’opinion, à l’approbation du monde plutôt qu’à celle de Dieu;

qu’en un mot, ayant essayé de servir deux maîtres, le monde et Dieu, vous ne servîtes réellement que le monde et votre égoïsme!


Enfin que la croix du Sauveur ne fut pour vous

qu’un prétexte, une excuse, un mensonge hypocrite...


Oh! quelle angoisse vous étreignit en ce moment horrible. Vous auriez voulu que l’interrogation du païen durât éternellement, tant vous aviez peur de voir peser sur vous, et vous transpercer, le regard sévère de votre Juge. C’est alors que vous fîtes un effort désespéré pour détacher de votre poitrine la croix accusatrice, la croix qui allait décider de votre condamnation.

«Si seulement j’avais été comme ce païen... au moins, il n’a pas à rendre compte de sa croix».

Et vos doigts impuissants se crispaient sur le signe dénonciateur.

Rassemblant vos pensées dans un effort suprême, vous cherchâtes à découvrir quelque véritable renoncement dans votre vie, quelque chose qui prouvât que vous eûtes, fût-ce un seul instant, un véritable amour pour le Sauveur, afin d’avoir un plaidoyer, une excuse..., mais tout s’embrouillait, de plus en plus dans votre cerveau qui était comme embrasé.

De ce que vous avez fait. vous, il ne revenait rien de bon; quand vous aviez cru trouver quelque chose, voici, une tache d’orgueil, d’avarice le couvrait hideusement, tandis que vous apparaissaient, comme jamais sublimes, la vie du Sauveur, ses souffrances infinies, son long, douloureux martyre de la crèche au calvaire, ses larmes, ses sueurs de sang, son indicible agonie.

Ces pensées, qui martelaient votre cœur d’un regret infini, étaient traversées par les visions de vos inconséquences, de votre tiédeur, de votre lâcheté, de vos trahisons; vous auriez voulu pleurer alors, mais vos yeux restaient secs, secs comme aux temps où le Seigneur frappait à la porte de votre cœur.

Et cette croix était toujours là, sur votre poitrine, qui vous brûlait comme un fer rouge.

Cependant, le Seigneur avait fini avec le païen, et le païen ne fut pas condamné. Vous étiez maintenant en présence de votre Seigneur, seul. Votre Seigneur ne vous parla point, mais son doigt, d'un geste accusateur, se dirigea vers votre croix tandis que son œil perçant fouillait les profondeurs de votre âme.

Vos dents claquaient de terreur et tout votre être frissonnait. Il vous sembla que le sol se dérobait soudain sous vos pieds et que vous vous enfonciez dans un abîme infini, comme en un cauchemar horrible. Vous eûtes la sensation d’une chute effrayante, éternelle, avec toujours la vision du juge vous montrant votre croix devenue le stigmate accusateur... ...


Ami, ceci n’est-il qu'un rêve? NON, MAIS UN AVERTISSEMENT, car si vous ne vous convertissez de tout votre cœur au Seigneur, ce sera bientôt une réalité. Écoutez ses propres paroles:

«Heureux le serviteur que son maître, à son arrivée, trouvera fidèle, mais si c’est un mauvais serviteur, le maître de ce serviteur viendra le jour et à l’heure où il ne s’y attend pas et il le mettra en pièces; il lui donnera sa part avec les hypocrites: c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents».

A. Antomarchi.

En avant 1899 04 08



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