Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

----------

UN PORTRAIT


Un jour, en visitant l’un des Muséums de la ville de N..., je m’arrêtai devant un certain tableau contrastant avec ses voisins. Où était le contraste?

Dans sa mine bouffie, son nez bourgeonné, ses cheveux ébouriffés, son regard alcoolique, sa main amaigrie tenant un verre de verte empoisonneuse. L’artiste l’avait bien esquissé et, du milieu de la beauté, de l’exactitude de son travail, il avait fait ressortir la laideur et le prends-garde par ces mots: Le rire est moqueur et la cervoise tumultueuse (les boissons fortes – V. Segond), quiconque en fait excès n'est pas sage.

Je me demande combien de personnes, en passant devant de semblables portraits, souvent, hélas! trop réels, et non moins animés, se reproduisant sur leur passage de chaque jour, poursuivent leur course sans dire:

Ô Quel homme! quel ivrogne!» ou, ce qui est plus horrible encore, se mettent à rire.

Ah! me direz-vous, jetons la pierre aux cafetiers.

Non, mes amis, voici le pourquoi de tant de misères: C’est qu’enfants vous avez voulu devenir hommes, et qu’un premier verre a ouvert la Voie à d’autres.


MAIS, VOUS QUI BUVEZ, avez-vous donc regardé au tond de votre verre, la lie?

Non, eh bien! je l’ai fait moi-même et j’ai vu que, pour toute ivresse, il était une main mystérieuse, appelée la Soif écrivant ces mots: ENCORE ET TOUJOURS ENCORE!


Chers amis, songez-vous qu’à travers vos rires il y a des pleurs. Mais, à côté de cette ivresse, dépeinte ci-dessus, il s’en ajoute bien d’autres, plus graves encore, et dont les chaînes ne sont pas moins solides que celles du buveur.

Citons, en passant, l’orgueil, la moquerie, la soif des plaisirs.

Cette dernière, en particulier, ruine la santé du jeune homme, avilit le corps de la jeune fille, et entraîne parfois au suicide, au crime, à une mort impie.

L’homme souffre d'une soif, comme le voyageur au milieu du désert; mais il ne peut la satisfaire ici, dans ce pauvre monde de plaisirs futiles, et dans ces mares putréfiées dont les airs ambiants produisent la mort. 


Amis, frères et sœurs qui avez goûté à ces sources vicieuses, ne voulez-vous pas reconnaître que votre beauté d’autrefois n’est plus que la victime de vos passions, le cadavre disséqué de votre vie de débauche.

Voilà ce que vous a donné votre volupté. Mais il est une ivresse selon Dieu, celle qui, seule, peut se trouver en Jésus-Christ. Cette ivresse-là ne saurait inspirer de tableau criard.

Dans un portrait splendide, je me représente le racheté de l’Éternel, chantant:

Oui, j’ai trouvé la source vive

Et mon cœur s’est désaltéré.

Je suis fixé sur l’autre rive,

Je n'ai plus soif, j’ai tout trouvé,

tandis que, dans sa main rosée tenant l’encensoir, il brûle le divin parfum du bonheur éternel.

J. Coulin.

En avant 1899 04 08



Table des matières