Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LA CRISE DE MA VIE 

Par le Brigadier Peyron-Roussel


«J’ai été saisi par Jésus-Christ

N’est-ce pas le Christ Lui-même qui m’a rencontré cette nuit, à jamais mémorable du 9 février 1884! Je n’étais qu’un enfant, et quinze ans se sont écoulés depuis, mais je n’oublierai jamais les émotions de cette rencontre.

C’était à l’ancien Alcazar de Nîmes, — une ancienne forteresse du démon, que l’Armée du Salut avait capturée. Je vois encore le grand auditoire, la vaste estrade, les officiers de l’Armée qui l’occupaient, se levant, à tour de rôle, pour rendre témoignage de la grâce de Dieu. Tous, il m'en souvient, avaient commencé par ces mots: «Je suis heureux parce que je suis sauvé.»

Mais ce ne furent pas les paroles qui me touchèrent, elles annonçaient les vérités essentielles du salut que je connaissais déjà. Ce qui me toucha, ce fut la présence sensible de Jésus-Christ, la vie de Dieu.

Je sentis que j’étais un pécheur, ma conscience fut réveillée. La première réunion était terminée. Mes parents, qui y avaient assisté, s’étaient levés pour se retirer. Je les suivis jusqu'à la porte, à regret. Je sentais, en effet, que le jour du salut était arrivé pour moi.

Surmontant alors une étrange timidité qui m’avait souvent lié, je demandai à mon père la permission de rester à la seconde réunion qui allait avoir lieu. Je ne doute nullement que c'est de cet acte de volonté qu’a résulté mon salut.

Pour la première fois, en effet, prenant conscience de ma personnalité, je faisais un choix, JE CHOISISSAIS D'OBÉIR AU CHRIST QUI ME PARLAIT INTÉRIEUREMENT. J’étais sauvé, ou du moins je m'étais engagé sur le chemin qui menait au Salut. Je restai donc à la réunion; mes parents, que ma demande avait fortement impressionnés, revinrent au bout d'un instant, mais je ne les vis pas.

Quelques instants après, j’étais à genoux, je demandais ardemment à Dieu le pardon de mes péchés. Et. miracle de la grâce de Dieu, ma prière était encore sur mes lèvres que déjà, Ô Dieu, tu l'avais exaucé!

Une douce paix se répandait dans mon cœur, et je recevais l'intime et douce assurance que j’étais à Toi! Ce ne fut pas sans émotion qu’à la fin de la soirée, de concert avec plusieurs personnes qui s'étaient également converties, je rendis témoignage de ce que Dieu venait de faire pour moi, et je déclarais MA FERME INTENTION DE LUI CONSACRER MA VIE.


À partir de ce moment, le service de Dieu devint la passion de ma vie.

Avec tout l'enthousiasme de la jeunesse, et l’ardeur du premier amour, je rendais témoignage à Jésus-Christ.

Tantôt au lycée avec mes chères SS au collet et le ruban rouge autour de mon chapeau,

tantôt sur les boulevards où je portais une pancarte, invitant les pécheurs à se préparer à la rencontre de Dieu,

tantôt à la porte de l’Alcazar, en butte aux moqueries et aux coups des mauvais sujets.

Mais quel temps glorieux l Oublierai-je jamais ces premières années de mon apostolat?

Et les villages à l’entour de Nîmes où, le dimanche, j’allais annoncer le salut et les villes remuées par le Saint-Esprit, comme Le Vigan, St.-Jean-du-Gard où, pendant l'été, plus de cent personnes se convertirent à Jésus-Christ!

Un peu plus tard je m’intéressai à une œuvre parmi les enfants – Amour, persévérance, enthousiasme furent mes armes – Avec elles j’étais sur de réussir: une quinzaine d'enfants, convertis et enrôlés, tel fut le bilan de ces deux années de travail.

J’avais alors dix-huit ans et demi.

Je pus enfin donner suite au vœu le plus cher de mon cœur, et avec la bénédiction de mes bien-aimés parents, j'entrai dans l’Armée comme Cadet-Lieutenant. C’était en octobre 1888.

J’ai omis de mentionner une bénédiction que je reçus, peu après ma conversion, et qui eut une grande influence sur ma vie religieuse. En janvier 1885, à une réunion de sainteté, je reçus l'assurance que Dieu avait purifié mon cœur et que Son sourire était sur moi. Depuis quelque temps, je recherchais la sanctification, c’est à-dire cette grâce que Dieu promet, à son peuple et qu'il décrit en ces termes au chap. XXXVI d'Ezéchiel:

«Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles.

Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau.

J’ôterai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair.

Je mettrai mon esprit en vous, et je ferai que vous suiviez mes ordonnances et que vous observiez et pratiquiez mes voies.

Et les nations sauront que je suis l’Éternel qui sanctifie Israël, lorsque mon sanctuaire sera pour toujours au milieu d'eux.»

Je voulais être «affranchi de la loi du péché et de la mort; être préservé de toute chute et gardé irrépréhensible, esprit, âme et corps, jusqu’au jour de Sa venue». Je savais que la réalisation de ces grâces dépendait de moi et non pas de Dieu.

Ce soir-là, Dieu mit dans mon cœur l'ardent désir de les rechercher. Après m’être consacré sans réserve à Jésus-Christ, je crus que Dieu était fidèle dans l’accomplissement de Ses promesses; que Sa grâce était pour moi, et je pus dire simplement: «JE CROIS, SEIGNEUR, QUE TU ME PURIFIES MAINTENANT.»

Je me levai pour rendre témoignage de la grâce que je venais de recevoir, par la foi, et c'est alors que le Seigneur me scella de son sceau.

Le sentiment de Sa présence fut tel que je tombai sur le sol, comme autrefois Paul sur le chemin de Damas; ce que j’éprouvai à cette heure, aucune langue ne peut le décrire! J’aimerais pouvoir dire avec l’apôtre, que, depuis lors, toujours, j’ai été fidèle à la vision céleste, et que ma marche avec Dieu a été comme l’éclat du soleil qui va grandissant, mais, hélas! que de fois j'ai désobéi à lumière. Que de fois, j'ai laissé le péché ternir mon âme!

À moi la faute et la confusion! DIEU, LUI, A TOUJOURS ÉTÉ FIDÈLE À SA PAROLE. C'est Lui qui sauve,

C'est Lui qui délivre,

C’est lui qui sanctifie,

C’est Lui qui garde.

C’est Lui qui baptise dans le St-Esprit et dans le Feu.

Il m’a sauvé. Il m’a délivré, Il m’a sanctifié, Il m’a gardé. Il m’a donné son Esprit et, si ces grâces précieuses, je les ai souvent perdues, j en sais la raison j’en connais la cause. Elle n’est pas dans les circonstances, ni dans les tentations, ni dans les faiblesses de la nature humaine, la cause en est dans ma volonté qui a souvent vacillé, qui n’a pas toujours su dire «oui» au St-Esprit et «non» au démon.


* * *


1898-1899. Onze ans se sont écoulés depuis que, jeune élève officier, j’entrais dans l’Armée. Onze ans de Sainte guerre. Officier de Corps, chef d’École militaire, chef de division et enfin de Province, telles ont été mes fonctions en France et en Suisse.

En 1891, je m'unissais à celle qui a été depuis une épouse idéale une mère exquise, la conseillère fidèle de ma vie. Ensemble, nous luttons pour trouver la solution des problèmes multiples que soulèvent l'évangélisation et le salut de la France!

Nous sommes profondément attachés à l’Armée, à ses principes, à ses méthodes, à ses chefs.

Ses principes sont éternels, comme les bases du trône de Dieu; ils sont Justice et Vérité.

Ses méthodes sont le fruit de l’expérience, de la sagesse, de la direction de la Providence, elles sont le résultat d’une profonde connaissance du cœur humain.

Nous croyons au triomphe final de Jésus-Christ dans le monde, et c’est pour hâter le jour glorieux où Sa connaissance remplira la terre, où tout genou fléchira devant Dieu et où toute langue confessera son nom que NOUS AVONS DONNÉ NOS VIES SOUS LA CROIX ET LE DRAPEAU!

En avant 1899 04 15



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