Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UNE AMIE DE LA PREMIÈRE HEURE

SOUVENIRS D’AUTREFOIS ET D’AUJOURD’HUI


En juillet 1885, la famille Peyron venait passer l’été à Cauvalat-les-Bains, dans le Gard. Des réunions de salut en plein air s’organisèrent aussitôt et, comme aux temps glorieux des réveils Cévenols, le salut fut proclamé avec la puissance du St-Esprit à la face du Ciel et des hommes, sous les grands châtaigniers séculaires qui avaient été les témoins des réunions du désert.

Parmi les plus assidus à ces réunions, on pouvait remarquer une femme d’une soixantaine d’années, portant la coiffe blanche du pays avec sa robe noire, et accompagnée de ses deux enfants, deux jeunes filles de 16 à 20 ans, cette dernière déjà convertie; la plus jeune ne devait pas tarder à céder à l’appel de Dieu.

La maman Argelliès, elle, connaissait le Seigneur depuis de longues années. Restée veuve avec quatre enfants en bas âge, n’ayant que ses mains pour toute ressource, elle avait pu lutter et vaincre, forte de son Dieu qui ne l’abandonna jamais dans les moments les plus critiques et fut, selon Ses promesses, par Ses dispensations providentielles, l’Ami fidèle de la veuve et le Père des orphelins.

M. Argelliès, le père, avait fait une fin triomphante; sa vie est relatée dans une petite brochure que publie le vénéré pasteur M. Arbousse Bastide et qui fut eu bénédiction à beaucoup d’âmes.

Le village de Cauvalat était à peu de distance du Vigan où habitait la famille Argelliès et, quelque temps après, le Quartier Général décidait l’ouverture du poste du Vigan. Mais en attendant que le local et l’appartement des officiers fussent aménagés, on commença à tenir des réunions de sainteté dans la cuisine, toujours bien trop petite chaque fois, de la maman Argelliès.

C’est dans cette cuisine qu'était le quartier des officiers, c’est là que furent enrôlés les premiers soldats du Vigan: En l’inoubliable soirée du 15 septembre 1885, la Major Cox, — aujourd’hui la Colonelle — y donna, les SS aux nouveaux soldats: Eugénie Grand, — aujourd’hui la Major Châtelain — Mathilde Cabrillac — la Lieutenante Cabrillac, aujourd’hui dans la gloire — la future Capitaine Reboul et Dorcas Argelliès, — aujourd’hui la Capitaine d’E. M. Antomarchi.


Or, dimanche dernier 23 avril, nous conduisions à sa dernière demeure sur cette terre, la précieuse amie de nos premiers jours, la chère maman Argelliès qu’il plut à Notre Père céleste de nous reprendre après une longue et douloureuse maladie. Sa fin fut comme l’avait été sa vie, sous le regard de l’Éternel, un adieu au monde, un sourire radieux qu’éclairait sur son front l’aurore de l’éternité.

Lorsqu’en 1887, le Seigneur appela sa plus jeune enfant à partir pour l’École Militaire, elle accepta, avec un cœur soumis, ce grand sacrifice et en disant dans ses larmes: «Je ne veux point briser le cœur de Dieu.»

Enfin, quand, il y a deux mois, la Capitaine d’E.-M, appelée auprès d’elle par une première attaque du mal qui devait l’emporter, allait rejoindre son poste, elle lui demanda, avant de partir, sa bénédiction. Posant alors ses mains tremblantes sur la tête de sa fille à genoux auprès de son lit, la maman Argelliès lui dit en la bénissant: «Ma fille, reste fidèle jusqu’au bout!»

Puis, repassant dans son esprit les meilleures dispensations de Dieu à son égard, elle ajouta: «LE SEIGNEUR A ÉTÉ FIDÈLE. Il m’a rendu au centuple ce que je lui avais donné.»

Dans ses derniers moments, alors qu’elle ne pouvait plus parler, elle soulevait son bras affaibli et montrait le Ciel, comme le dernier rendez-vous, à ceux qui venaient la voir. Et lorsque ses yeux furent fermés et que ses enfants et ses amis, nous la contemplions dans son dernier sommeil si paisible et si beau, nous nous sentions invinciblement détachés de cette terre et réunis en espérance avec elle là-haut, dans les parvis éternels. Dieu seul pouvait consoler nos cœurs. Il l’a fait, béni soit Son saint Nom!

Les officiers, les soldats, les amis, chrétiens de toute dénomination qui ont connu la chère maman Argelliès se sentaient bénis et encouragés au contact de sa forte et courageuse foi et sous l'influence de son esprit de devoir et de prière. Nous nous plaisons à leur dire que si sa vie a pu leur parler et les bénir, sa mort les eût aussi bénis et réconfortés pour affronter le combat suprême. Et maintenant, chère mère, chère amie, merci pour votre exemple, merci pour l’héritage de fidélité, de loyauté et d’amour que vous nous laissez... Au nom du Seigneur, au nom de vos enfants, au nom de vos bien-aimés camarades salutistes et de vos amis, merci et au revoir Là-Haut!

Cap. d’E -M. Antomarchi.

En avant 1899 05 13


 

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