Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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PUISSANCE HUMAINE ET PUISSANCE DIVINE

Napoléon Ier et JÉSUS-CHRIST


Napoléon Ier était depuis quelque temps prisonnier sur le rocher de Sainte-Hélène; il y repassait dans la solitude les souvenirs de sa vie agitée. Un chapelain malade l’avait quitté, son remplaçant arrivait; il avait dans ses bagages un volume qu’on l’avait prié de remettre à l’Empereur.

Ce volume, dont la reliure très soignée portait le N surmonté d’une couronne, c’était la Bible.

Napoléon la reçut; il la lut beaucoup. La personne de Jésus-Christ, l’œuvre qu’il avait accomplie, le frappa extraordinairement; la comparaison avec lui-même, avec son œuvre, l’écrasait, et il communiquait souvent à ses compagnons d’exil ses impressions à cet égard.

J'ai, dans les jours de ma gloire, disait-il, passionné des multitudes au point qu'elles mouraient joyeusement pour moi. Mais enfin, pour enthousiasmer le soldat il fallait ma présence, l'électricité de mon regard, mon accent, ma parole, mon prestige.... Et maintenant que je suis à Sainte-Hélène, qui est-ce qui bataille ou conquiert des empires pour moi? Qui est-ce qui m'est demeuré fidèle?

Telle est la destinée des grands hommes. Telle est celle de César et d'Alexandre. On nous oublie. À peine Louis XIV était-il mort qu'il fut laissé seul dans sa chambre mortuaire. Ce n'était plus le maître, c’était un cadavre, un cercueil. Encore quelques jours et ce sera mon sort.

Oh! quelle différence entre la destinée prochaine de Napoléon et celle de Jésus-Christ! Quel abîme entre ma profonde misère et le règne éternel du Fils de Dieu! Avant même que je sois mort, mon œuvre est détruite; tandis que LE CHRIST, MORT DEPUIS 18 SIÈCLES, EST AUSSI VIVANT QU'AU MOMENT DE SON MINISTÈRE.

Loin d'avoir rien eu à craindre de la mort, il a compté sur la sienne. C'est le seul, oui, le seul, qui ait été plus vivant après sa mort que de son vivant. Et quant au temps, il n'a pas seulement respecté l'œuvre du Christ, il l'a grandie. En quelque endroit du monde que vous alliez, vous trouvez Jésus prêché, aimé, adoré...

Quel est l'homme mort qui fait encore des conquêtes et dont les soldats courent encore à la victoire?

Je suis encore vivant, et pourtant mes armées m'ont oublié. Alexandre, César, Charlemagne, moi-même, nous avons fondé des empires, mais sur quoi avons-nous fait reposer notre pouvoir? Sur la force.

Tandis que JÉSUS-CHRIST A FONDÉ SON EMPIRE SUR L'AMOUR, et des milliers d'hommes donneraient joyeusement à, cette heure même leur vie pour lui! Voici un conquérant qui unit, qui incorpore en lui-même non pas une nation, mais l'humanité. Quel miracle! L'âme humaine, avec toutes ses facultés, devient une annexe de l'existence de Jésus-Christ. Et comment? Par un prodige qui surpasse tous les prodiges.

Christ veut l'amour des hommes, c'est-à-dire ce qu'il y a de plus difficile à obtenir. IL DEMANDE LE CŒUR.

C'est là ce qu'il veut; il ne demande rien autre et il l'obtient. J'en conclus sa divinité.

Alexandre, César, Annibal, Louis XIV,avec tout leur génie y ont échoué. Ils ont conquis le monde; ils ne sont pas parvenus à avoir un ami!...

L'union qui unit Jésus-Christ à ses rachetés est plus sacrée, plus impérieuse que quelque union que ce soit. Tous ceux qui croient sérieusement en lui ressentent cet amour surnaturel.

Ils aiment quelqu'un qu'ils n'ont pas vu. C'est un fait inexplicable à la raison, impossible aux forces de l'homme, et pourtant il a été accompli. Voilà ce que j'admire au-dessus de toutes choses, moi Napoléon; plus j'y pense, plus, je suis absolument persuadé de la divinité de Christ.


Napoléon avait fasciné les imaginations, provoqué des enthousiasmes inouïs, et le bilan de sa vie se chiffrait par la mort d’un million d’hommes, vainement sacrifiés à son ambition et à son égoïsme.

On comprend l’impression extraordinaire qu’a dû lui faire l’histoire de ce Jésus-Christ, qui, venu pour fonder sur la terre un autre empire, le règne de Dieu, n’a pas voulu d’autre gloire que de donner sa propre vie pour le salut de l'humanité.

Pour le premier, ces sanglantes victoires ont été le prélude d’un désastre sans nom;

Pour le second, cette seule mort a fondé un royaume qui, malgré toutes les oppositions, s’étend encore tous les jours.

On ne s’étonne pas que Napoléon, dont le front ne s’était jamais courbé devant personne, se soit ainsi incliné en présence du Christ et qu’il ait reconnu en lui le Fils de Dieu!

En avant 1899 05 20


 
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