Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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MA MÈRE


Elle était ce que j’avais de plus précieux en ce monde; elle s’en est allée dans celui où les peines ne sont plus. Puisque ses yeux ne peuvent plus les lire, qu’on me permette ici d’en dire quelques mots, qui pourront aider une autre mère désireuse de voir ses enfants servir Dieu.

Dès notre naissance, elle nous consacra à Dieu, et ses prières simples et confiantes montaient vers Lui tout en vaquant à ses nombreux travaux. Aussi elle eut le bonheur de nous voir tous quatre convertis dans notre enfance.

Je me souviens encore combien elle a insisté, jusqu’à ce qu’elle m’ait persuadé de choisir la volonté de Dieu. Quand elle entendit parler de l’Armée annonçant le salut dans les carrefours des rues et parmi les plus misérables de ce monde, elle dit: Ils sont les envoyés de Dieu, je voudrais tant qu'ils viennent chez nous. Ils vinrent.

Ne pouvant combattre comme soldat elle-même, elle me facilita cette tâche de tout son pouvoir. Elle aimait à prendre sur elle le fardeau des siens et fut, dans tout le sens du mot, une mère dévouée. De bon cœur, elle me laissa partir pour l’École Militaire. La pensée que j’étais dans l’œuvre de Dieu fut une des joies de ses dernières années.

Quoiqu’éloignée d’elle et libre de mes actes, je me suis toujours inspirée de son jugement, même dans les moindres détails. Dans les moments de congé, elle évitait, avec un soin jaloux, de me garder un jour de plus que le nombre fixé, de peur de nuire à l’œuvre de Dieu.

Un jour, en lui racontant l’histoire de deux enfants que j’avais eu le bonheur de retirer d’une vie de misère et de péché, elle fut très heureuse et me recommanda d’employer tous les moyens à ma portée pour le relèvement des malheureux pendant toute ma vie.

Elle était déjà très affaiblie quand je quittai la Suisse, et je lui dis: «Je m’en vais bien loin, cette fois-ci.» — Dieu te bénisse, et sois fidèle à ta tâche, ne la néglige jamais pour l’amour de moi!

À l’heure où elle partait de ce monde, je visitais une pauvre femme pour la consoler de la mort de sa mère, dans un petit village du Midi de la France. En apprenant sa mort, peu d’heures après, je me dis: — Oui, c’est bien la place où elle aime que je sois; merci, mon Dieu, avec Ton aide j’y resterai.

Après de cruelles souffrances, endurées sans murmure, elle est partie en paix auprès de Celui qu’elle a aimé et auquel elle a donné ce qu’elle avait de plus précieux. Merci, mon Dieu, pour ce don inappréciable, pour cet ange gardien dont tu as, jusqu’ici, abrité mon existence.

Une enfant reconnaissante,

J. Blanc.

En avant 1899 05 20


 

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