Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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À L’HÔTELLERIE POPULAIRE.

DÉTAILS INTÉRESSANTS


(Suite)

Un jeune homme de la Basse-Normandie, le sieur L..., perd une situation et vient à Paris pour reconquérir, sinon la fortune, du moins une position lui permettant de vivre. Il fut comme tant d’autres victime d’agences qui, après lui avoir promis monts et merveilles, l’envoyèrent dans une maison de publicité. Il végétait là depuis quelques semaines lorsque l’un de ses amis l’amena à l’Hôtellerie, le 31 mars dernier.

Un de nos employés qui connaissait la famille de ce cher garçon s’ingénia à faire vibrer les dernières cordes vitales qui résonnaient encore. Les premières tentatives échouèrent; mais ce Bas-Normand avait affaire à quelqu’un qui ne lâche pas volontiers prise. Au bout de quelques jours, cet ancien négociant reprit courage à la vie et usa de relations qui lui furent signalées.

Après quelques démarches il revint à l’Hôtellerie remercier son conseiller et lui annoncer que, deux jours plus tard, il entrait comme employé surveillant dans un important établissement à quelques kilomètres de Paris.

Quelques jours plus tard, le sieur L..., recevait la visite d’un camarade de la Basse Bretagne, le sieur H..., pensionnaire à l’Hôtellerie, et il annonçait à celui-ci qu’il était très heureux d’avoir rencontré les salutistes dont les exhortations et les conseils l’avaient ramené en bonne voie. Il lui annonçait également que plusieurs autres places dans cet établissement étaient vacantes par suite du renvoi des titulaires. Ce visiteur songea aussitôt à se mettre sur les rangs des solliciteurs et à faire part de cet événement à un autre ami habitant également l’Hôtellerie, le sieur L... Celui-ci que nous avions harcelé, pour ainsi dire, de nos sollicitations pour l’amener à sortir d’une situation difficile, saisit cette occasion, et, deux jours après, il recevait, comme le sieur H..., sa nomination dans l’établissement.

À plusieurs reprises, ces trois personnes que nous avions connues sans volonté pour remonter à la surface, se sont ressaisies et comprennent que DIEU A GUIDÉ LEURS PAS en les amenant chez nous. Ces chers amis nous ont fait parvenir leurs remerciements et nous ont promis de rendre, le cas échéant, à autrui le service qui leur a été rendu indirectement.


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L’alcool, LE DIEU ALCOOL qui gouverne le monde ne compte plus le nombre des victimes qu’il a faites.

En voici une:

Le sieur G... Ernest, âgé de 51 ans, est originaire du département de l’Oise. Fils de gens dont l’honorabilité était notoire, G.... connut de bonne heure les principes qui fortifient l’homme et assignent un but élevé à sa vie. Brillantes espérances, magnifique avenir, tout sombra un soir par suite de la banqueroute du père de famille.

Le fils aîné termina sa vie par un coup de révolver; celui que nous avons devant nous a usé d’un poison lent mais sûr, l’alcool.

SANS CHRISTIANISME POUR BOUCLIER, SANS ÉNERGIE, SANS VOLONTÉ, G... a roulé de degré en degré l’échelle du péché. Il songe parfois qu’il aurait pu mener une existence tout autre et il rêve d’un monde meilleur, dû, d’après lui, à ceux qui ont souffert en celui-ci. Mais il oublie que ce paradis que Dieu nous donne par pure grâce, il ne fait rien pour l’obtenir.

Son repentir est platonique en ce sens qu’il regrette seulement pour l’absence de lucre ses jeunes années mal employées, IL NE SONGE PAS À SOLLICITER LE PARDON DE SES PÉCHÉS d’un Dieu miséricordieux qui aime les petits et pardonne aux faibles.

Il n’a ni tué ni volé, affirme-t-il! Toute la morale humaine est là. Il oublie, le malheureux, qu’il vole la société en étant un parasite, et qu’il a fait pis encore en annihilant par l’ivrognerie une âme que Dieu avait créée pour L’aimer et Le servir et produire un rendement normal!


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Le sieur K.. Jacques, âgé de 46 ans, exerçant la profession d’emballeur, né à Strasbourg, a résidé pendant quelques semaines à l’Hôtellerie populaire où il occupait le lit n° 144. Doué d’un caractère très gai, K... s’annonçait chaque soir à l’inscription sons les rubriques «douze douzaines» ou «une grosse.»

Son état de santé, sa figure révélaient sa fin à brève échéance; lui seul se nourrissait encore de projets pour cet été. Nous lui parlâmes un soir de vérités divines, l’engageant à donner immédiatement son cœur à Dieu. Mais notre conseil fut très mal accueilli.

Deux jours après cet entretien, le sieur K., nous quittait pour entrer à l'hospice de Lariboisière et, le lendemain 13 février, son âme comparaissait devant le tribunal de Dieu. Nous n’avons aucun renseignement sur les derniers moments du sieur K..., mais nous tremblons à la pensée que ce cher homme a pu persister jusqu’à la fin dans sa résistance envers Dieu, comptant peut-être encore sur quelques années de vie, lorsque la mort, visible pour tous, était déjà à son chevet.


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Un de nos habitués, le sieur L..., âgé de 48 ans, originaire du département des Landes, a travaillé pendant sa jeunesse dans la culture des champs et de la vigne. Ses gages étaient peu élevés, mais il s’en contentait. Son service militaire terminé, L... pensa que son premier métier était trop pénible, peu rémunéré, et il se fit colporteur. Le nord de la France, la Belgique et la Hollande l’attiraient, — il ne peut s’en expliquer la cause — et depuis 25 années il chemine dans cette région, offrant ses marchandises.


L’hiver, il rentre à Paris et exploite la banlieue. Il connaît parfaitement nos asiles de nuit de Belgique et de Hollande, c’est pourquoi il s’est empressé de venir à la rue de Chabrol lorsque notre hôtellerie a été ouverte.

«Il est très regrettable, nous a-t-il dit à plusieurs reprises, que vous n’ayez pas une maison comme celle-ci dans toutes les villes où je m’arrête, je ne choisirais, pas d’autre logement. Cela me permettrait de réaliser des économies, tandis que souvent je suis sans le sou. Chez vous, la nourriture du soir et le lit ne me coûtent que 65 centimes (en 1899), tandis qu’ailleurs je ne puis déjeuner à moins de 1 fr. 50. Si vous aviez des asiles partout où je m’arrête, j’économiserais plus de 400 francs par an. Et comme je soutiens ma vieille mère, je préferais voir cet argent dans sa poche que dans celle des aubergistes que je connais!»

L... confesse qu’il a eu grand tort de délaisser les travaux agricoles pour une profession très bonne autrefois mais dont les bénéfices sont aujourd’hui très aléatoires: il est trop âgé maintenant pour reprendre les travaux de sa jeunesse....

N’est ce pas le cas de rappeler encore ce proverbe toujours vrai: Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait!


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Notre plus ancien et plus fidèle habitué est le sieur Pierre D..., âgé de 48 ans, porteur aux halles, originaire de la Savoie. Depuis son entrée chez nous, à la mi-septembre, jusqu’à ce jour il s’est levé à 3 heures pour aller prendre son service aux halles centrales. Il quitte son lit sans bruit à l’appel du veilleur de nuit, fait son lit et descend à la cuisine prendre son bulletin pour le soir.

Ce client qui gagne largement sa vie, pourrait facilement louer un cabinet pour lui seul, mais il veut rester chez nous où il est bien, dit-il. Nous voulons croire que cet homme viendra un jour en contact avec Dieu, et que cette existence élogieuse devant les hommes si aptes à décerner facilement des brevets de bonnes vie et mœurs, sera profitable aux intérêts de tous!


Dieu veut que tous les hommes soient sauvés!

Ne l’oublions jamais.


En avant 1899 05 27


 

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