Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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SAUVÉ


Jacques Du Boice avait reçu une bonne éducation, mais poussé par l’amour des aventures et un ardent désir de voir le monde, il s’était engagé comme matelot sur un baleinier. Après une heureuse expédition, le vaisseau revenait vers la patrie.

De tous les hommes de l’équipage, aucun plus que Jacques ne se réjouissait du retour.

Il croyait déjà sentir le baiser de sa mère, entendre la bienvenue cordiale de ses amis et voir leurs regards d’étonnement, leurs exclamations de surprise à la vue de tout ce qu’il apportait et à l’ouïe de ses aventures.

Il passait toute son heure de quart à se représenter avec enthousiasme son retour à la maison. Pauvre garçon! Ce ne fut qu’un rêve pour lui!

Nous étions occupés à arranger les barils d’huile à fond de cale. La mer était grosse; le vaisseau tanguait lourdement, de façon à rendre la besogne fatigante et dangereuse. Le dernier baril était arrimé, quelques minutes encore et les écoutilles allaient être fermées. Du Boice arrangeait quelques morceaux de bois entre les barils d’eau, lorsque, subitement, par un fort coup de roulis, l’un des barils rompit son amarrage, roula dans l’écoutille où se tenait du Boice et lui broya les jambes.

Nous portâmes notre camarade dans l’entrepont et nous bandâmes de notre mieux ses jambes brisées; mais nous savions et lui aussi savait que ses heures étaient comptées et qu’il allait mourir.

Cette nuit-là, pendant laquelle je le veillai, il ne cessa d’appeler sa mère. Cela fendait le cœur de l’entendre dans son délire répéter continuellement: «Ma mère! ma mère!» puis pleurer comme un enfant parce qu'elle ne venait pas.


Vers le matin, Jacques se calma et parla de nouveau avec bon sens. Après m’avoir donné l'adresse de ses parents et un message pour eux, il dormit un moment. À son réveil, il me pria d’aller chercher sa Bible dans son coffre. Je la lui apportai; il l’ouvrit au premier feuillet qu’il contempla longuement; c’était un souvenir de sa mère donné au moment du départ et sur ce feuillet elle avait écrit de sa main:

«A Jacques du Boice, de la part de sa mère Sarah du Boice.»

Maintenant lisez, dit-il en me tendant le livre.

Où lirai-je?

J'ouvris la Bible et mes yeux tombèrent sur le psaume LI. Je commençai à le lire jusqu’à ce que, arrivé au dixième verset:


«Ô Dieu, crée en moi un cœur net

et renouvelle au dedans de moi un esprit bien disposé.»


Attendez, me dit-il, c’est justement ce dont j’ai besoin. Mais comment l’obtenir?... Matelot, c’est une chose terrible que la mort — et je vais mourir! Oh! si ma mère était ici pour me dire comment m’y préparer! et il tremblait d’émotion.


Après un court silence, pendant lequel il sembla profondément plongé dans ses pensées, il dit:

«Y a-t-il un endroit où il soit dit que les pécheurs tels que moi peuvent être sauvés?»

Je citai le verset quinzième du chapitre I de la première épître à Timothée:

«C’est une parole certaine et entièrement digne d'être reçue, que JÉSUS-CHRIST EST VENU DANS LE MONDE POUR SAUVER LES PÉCHEURS, dont je suis le premier.»

«Ô matelot! dit-il, cela est bon. Pouvez-vous vous rappeler quelques autres passages:

Oui, lui dis-je; il est écrit:

«... C’est aussi pour cela que JÉSUS PEUT SAUVER PARFAITEMENT ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux.» (Hébreux VII, 25.)

Voilà qui est clair. À présent, si je savais seulement comment venir à Dieu!

Comme un enfant vient à son père, lui répondis-je.

Comment cela?

Comme l’enfant croit que son père peut l’aider dans le danger, vous aussi regardez à Dieu pour être secouru maintenant; et comme l’enfant montre sa confiance en se réfugiant auprès de son père, de même, remettez-vous à Jésus en vous jetant dans ses bras.

Il resta un instant engagé dans une instante supplication auprès de Dieu, d’après les quelques paroles que je pus saisir. Puis les larmes commencèrent à couler le long de ses joues; il rouvrit les yeux et un radieux sourire illumina ses traits. Il dit alors:

«IL EST MORT POUR MOI. IL ME PARDONNE.... JE SUIS SAUVÉ! IL PEUT SAUVER ENTIÈREMENT!»

Le Jour paraissait: le soleil se levait dans sa royale splendeur au-dessus de l’Océan. Je tenais sa main dans la mienne et je sentis le frisson de la mort; puis il murmura:

«Il est venu, Il est venu.

Qui? demandai-je.

Jésus!» fut sa dernière parole, et il s’endormit.

La pioche et la truelle N° 8 (1891?)


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