Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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CE N'EST PAS MON AFFAIRE

Eglise passant pour être vivante mais....


L’Église de... est nombreuse et riche. Elle a un pasteur instruit, qui prêche l'Évangile avec fidélité et avec force. Elle l'écoute avec le désir de mettre en pratique ses enseignements. Elle donne largement pour l’entretien de son culte et pour toutes les œuvres charitables. Elle est unie et POSSÈDE TOUTES LES APPARENCES D'UNE ÉGLISE VIVANTE. Mais le fait suivant prouve qu'elle est morte:

Un jeune homme, fils d'une mère chrétienne, vint se fixer dans la ville où se trouvait cette Église. Dès le premier dimanche de son arrivée, seIon la recommandation de sa mère, il se rendit au temple.

Le service terminé, il reste à sa place dans l'attente que quelque chrétien viendrait lui parler. Mais personne ne prit garde à lui.

Le dimanche suivant, même expérience et même déception. Et cela dura six mois!

Pourtant, quelques membres de l’Église l'avaient remarqué. C'étaient les plus pieux. Un homme d'un certain âge avait dit à son voisin:

«Voilà un jeune homme qui me paraît intéressant. Ne ferait-on pas bien de lui parler

Sans doute, répondit le voisin, mais j’avoue que ce n’est pas mon atffaire.

Ni la mienne non plus, reprit l’autre. Le frère X. fera cela mieux que nous.»


Un jeune homme avait dit à son ami:

«Ce jeune étranger qui vient au culte paraît sérieux. On devrait lui parler et tâcher de le gagner à l'Union chrétienne.

Oui, répondit son ami, mais ce n'est pas mon affaire.

Ni la mienne non plus, reprit l'autre; notre président s'acquittera mieux que nous de cette tâche.»


Une dame avait dit à sa voisine:

«N'avez-vous pas remarqué ce jeune homme qui vient s'asseoir derrière nous? Il doit avoir des besoins religieux et je regrette que nos frères ne lui disent rien.

Je regrette aussi, reprit sa voisine, mais je ne puis lui parler moi-même. Ce n'est pas mon affaire.

Ni la mienne non plus, reprit l'autre. La sœur X. pourrait mieux le faire que nous.»


Fatigué de l’isolement dans lequel on le laissait, le jeune homme ne vint plus au culte, il se lia avec des jeunes gens dissipés qui l’en tramèrent dans le vice.

Quelques mois s'étaient écoulés quand, un dimanche, plusieurs jeunes gens faisaient du bruit â la porte du temple, à l'heure même du culte. Une dame qui rentrait à ce moment, reconnut, parmi ces jeunes débauchés, l'étranger qu'elle avait vu souvent au culte. Elle le regarda d’un œil compatissant. Le jeune homme rencontra ce regard sympathique. Il se souvint de sa mère.

Ah! si cette dame avait saisi ce moment favorable pour lui parler, il est probable qu'elle l’aurait conduit au Sauveur; mais elle se borna à murmurer: «Pauvre jeune homme! il est perdu! Quel dommage que personne ne lui ait parlé. Mais je ne puis le taire moi même. Ce n'est pas mon affaire.»


Cher lecteur, si ce jeune homme s'est perdu, à qui la faute? À tous ces soi-disant Chrétiens, n’est-ce pas, qui ont dit:

"CE N'EST PAS MON AFFAIRE."

Aussi, croyez-moi, si jamais un étranger, jeune ou vieux se présente dans votre Église:


Gardez-vous de dire:

"ce n'est pas mon affaire,"

car Dieu vous redemanderait son âme.


La pioche et la truelle N° 8 (1891?)


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