Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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FIDÉLITÉ DANS LES PETITES CHOSES.


Un jour que sir William Napier faisait une longue promenade à la campagne, il rencontra une petite tille, âgée d'environ cinq ans, qui était tout en larmes en présence des débris d’un vase cassé.

Interrogée affectueusement touchant la cause de ces larmes, l’enfant répond qu’elle vient de porter à dîner à son père qui travaille aux champs, qu’en revenant avec son vase vide elle est tombée par suite d’un faux pas, et que dans cette chute le vase a été mis en morceaux. La petite fille ajoute ensuite que si elle rentre à la maison sans son vase, elle va être sévèrement battue; puis s'adressant au bienveillant personnage qui l'interrogeait, elle lui dit en souriant:

Vous pourriez la raccommoder, n'est-ce pas Monsieur?

À cette naïve question sir William Napier répond qu’il ne peut remettre à neuf le vase brisé, mais qu’il a un moyen sûr de réparer l'accident, c’est de donner à la petite fille une pièce de six pence (60 centimes), pour l'achat d'un autre vase.

Là-dessus sir Napier prend sa bourse pour donner immédiatement les six pence promis, mais, à son grand regret, il constate que cette bourse ne contient aucune pièce de monnaie.

Que faire? — Après un moment de réflexion, il donne rendez-vous à son interlocutrice et promet que le lendemain, à la même heure, il se trouvera au même endroit, c’est-à-dire à la place où lui et l'enfant étaient en ce moment arrêtés; il assure à la petite fille qu'à ce rendez-vous elle recevra l'argent qu’il vient de promettre et lui conseille de raconter chez elle l’entrevue qu’elle vient d'avoir afin de se garantir, si possible, contre la correction tant redoutée.

L'enfant partit immédiatement et rentra à la maison pleine de confiance en la promesse qui venait de lui être faite, et tout à fait consolée.

De retour chez lui, sir William Napier apprend qu'il vient d’être invité à un dîner qui doit avoir lieu le lendemain à Bath, chez un de ses amis, avec lequel il désirait vivement se rencontrer.

Il se demanda tout d'abord s'il lui sera possible de se rendre au dîner et de se trouver au rendez-vous qu’il a donné quelques instants auparavant; puis jugeant cet arrangement impraticable, il écrit aussitôt à son ami qu'un «engagement déjà pris» et qu'il ne peut rompre, l'empêche absolument d'accepter l'invitation qui lui a été faite.

Et le lendemain, à l'heure convenue, à l'endroit indiqué, l'enfant au vase brisé recevait de sir William Napier en personne la petite pièce de monnaie qui lui avait été promise.


* * *


Celui qui est fidèle dans les moindres choses

l’est aussi dans les grandes,

et

celui qui est injuste dans les moindres choses

l’est aussi dans les grandes.

(Luc XVI, 10)

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L’APPEL DE DIEU RÉITÉRÉ.

(ET APRÈS...)


«Jeune homme, marche comme ton cœur te mène...» (Eccles. XII, 1)


Un étudiant de grands talents, enivré de ses succès universitaires, parlait avec enthousiasme du jour où il allait recevoir le bonnet de docteur en droit, du talent qu'il déploierait comme avocat, de son éloquence, de son activité, de sa célébrité prochaine...

Et après? lui dit son pieux maître.

Après? Je me marierai, j'aurai une chère compagne, de beaux enfants. Je serai heureux.

Et après, que ferez-vous?

Après? Je deviendrai député, peut-être ministre; je serai entouré d’honneurs.

Et après cela?

Après, je jouirai d'une heureuse vieillesse... dans les douceurs de la famille.

Et après? demanda de nouveau le vieux maître.

Après? Après? reprit le jeune homme étonné de l'insistance de son interlocuteur, après, je mourrai.

Et après? répéta encore le vieillard.

Le jeune homme ne répondit point.

Il pensa un instant et s’en alla sous le coup de cet après.


APRÈS:

«Jeune homme, Dieu te fera venir en jugement.»

(Ecclés. XII, 1.)


La pioche et la truelle N° 39 (1891?)


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