Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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SAUVÉS


«Sauvés!» écrivait, il y a quelque temps, en gros caractères, à la tête d’un article, un de nos journaux quotidiens les plus répandus.

Les aéronautes du «Jupiter» étaient sauvés. Depuis cinq ou six jours on les avait cru perdus, naufragés dans les eaux de la Manche.

Ils avaient tenté une ascension dans des conditions défectueuses: le matériel laissait à désirer et l’ouragan faisait rage. Des marins anglais avaient aperçu des épaves de ballon qui se jouaient sur la mer déchaînée.

Le télégraphe avait propagé la nouvelle de cette sinistre trouvaille, et partout l’espoir de revoir encore MM. Porlié, Demeyer et Besançon, péniblement entretenu dès les premiers jours, avait fait place dans mille cœurs émus à la quasi-certitude que cette navigation aérienne s'était terminée par une fin tragique pour les hardis explorateurs.

Et des millions de Français, et des millions d’hommes, en dehors de nos frontières, pensaient avec un douloureux serrement de cœur aux familles de ces trois martyrs de la science. Pauvres veuves! Pauvres orphelins!

Il n’est pas difficile de se représenter les appréhensions, les angoisses, les larmes et l’aspect lugubre, désespérant, des visages de toutes les personnes en intimité avec les trois hommes supposés ensevelis sous les ondes.

Entendez d’ici les cris déchirants qui sortaient de toutes les poitrines. «Mon mari, mon cher mari, est-ce fini; ne te reverrai-je plus jamais; ma part est-elle désormais de porter le vêtement de la veuve. — Père cher père, nous as-tu dit un adieu éternel; sommes-nous vraiment orphelins. Plus de doux épanchements du coeur: plus de tendres embrassements! Séparation éternelle! Et comment sont-ils morts? Leurs souffrances ont-elles été grandes? Leur agonie a-t-elle été longue?»


Et au moment même où le désespoir des mères et des enfants atteignait son paroxysme, le fil télégraphique de la Bretagne frémissait sur plusieurs lignes à la fois, sous cette communication: «Sauvés, lundi à cinq heures. Débarquons à l’instant tous trois en bonne santé. Rentrons prochainement à Paris. Amitiés.» Signé: Besançon.

Qu’elles restent donc à leurs transports de joie, ces chères familles qui ont retrouvé vivants leurs bien-aimés, dont la fureur des éléments — dans leurs suppositions — devait avoir lait des victimes.

Sauvés! Ils sont sauvés! Ils les ont retrouvés; ils les tiennent embrassés! Nous avions pris part à leur douleur, nous nous associons maintenant à leur bonheur; mais...:


* * *


IL Y A UN AUTRE NAUFRAGE QUI SE CONSOMME.


Il y a un autre sauvetage à opérer. Quant à trouver des paroles pour exprimer ici la réalité absolue, nous y renonçons d’emblée.

Oh Si seulement nous en trouvions pour dire ce que nous savons à cet égard et c que nous sentons.

La mer sur laquelle s’accomplit ce drame n’est pas un de ces océans lointains connus par ses colères périodiques.


Ce Cap des Tempêtes là, où les destructions sont à l’état permanent, c’est ce vaste monde ou vous et moi vivons. Ses eaux, toujours courroucées, s’étendent partout où il y a des créatures humaines.

SES VAGUES FURIEUSES SONT FAITES D’INJUSTICES ET DE PÉCHÉ, et je n'en connais pas qui portent dans leurs sinistres replis plus de victimes. Elles engloutissent avant tout, l'âme des hommes, et souvent aussi leurs corps.

Ces vagues-là sont déchaînées maintenant contre vous, et c’est vous-même, lecteur, C'EST VOTRE ÂME QUE JE VOIS EN DANGER.

Voulez-vous que je vous transcrive ici le lugubre rugissement d'une de ses vagues? Le voilà, dans toute son horreur, emprunté au livre de la justice de Dieu:


«MAUDIT est quiconque ne persévère pas

dans tout ce qui est écrit dans la loi.»

Gal. III, 10.


Vous avez bien une idée des angoisses qu'ont dû traverser les trois aéronautes pendant qu'ils tentaient des efforts surhumains pour atterrir et pour échapper à la mort.

Moi, je vois leur ballon s’abaisser lentement vers la mer puis leur nacelle plonger lentement dans les flots. Les trois hommes immergés sentent et se voient descendre lentement et tout vivant dans leur tombeau liquide.

Deux d’entre eux emploient leurs dernières forces pour se hisser en haut des cordages et se maintiennent là, ou pour mourir ou pour être sauvés.

Le troisième, resté dans la nacelle, plonge dans les eaux qui l'ont envahie pour en rejeter les derniers sacs de lest, et par ce moyen provoque une nouvelle envolée du ballon: peut-être leur salut.

Ô malheur! Cinquante et un bateaux — je dis bien cinquante et un — avaient été hélés au passage par ce cri désespéré: «Au nom de l'humanité, sauvez les pauvres naufragés de l’air», et les cinquante et un bateaux avaient conservé le large et continué leur route. Ils n'avaient entendu aucun appel, ils n'avaient vu aucun drame.

Périr! Il faut périr! Oh! qui dira les transes de ces malheureux hommes à l’intelligence lucide se voyant mourir en descendant lentement dans les profondeurs des eaux.


Eh bien! je connais des personnes qui ont traversé, au sujet de leur état moral devant Dieu au sujet leurs péchés, des angoisses pour le moins aussi intenses.

Un homme de jadis, un roi, David, AU MOMENT MÊME OÙ IL PRIT CONSCIENCE DE LA SAINTETÉ DE DIEU et DE SA PROPRE CORRUPTION, faisait retentir, dans son palais, pendant des jours entiers, de plaintes et des gémissements désespérants.

Il s’accusait de péchés, d'iniquités, de forfaits. Il parlait dans ses lamentations:

d'os brisés, d’os qui se consumaient

de sa vigueur changée en sécheresse d’été,

de la main de Dieu restant appesantie sur lui jour et nuit

et de larmes dont il faisait son pain.


Aujourd'hui, autour de nous, que d'âmes tourmentées

de leur vie manquée,

de la loi de Dieu violée, à la vue de la mort qui s'avançait et du tribunal de Dieu entrevu à l'horizon.

Ils en avaient perdu le manger et le boire, et le sommeil avait fui leur paupière.

La société de gens gais, rieurs, au lieu de les arracher a leurs tristesses, n'avait d'autre effet que de rendre leur désespoir plus profond encore.

Debout, assis, chez eux, dehors..., TOUJOURS ET PARTOUT une seule pensée les obsédait, les torturait: «Mes péchés! mes péchés!» s'écriaient-ils.

Puis tout à coup, alors que leur condamnation semblait irrévocablement scellée, de même que le vaisseau la «Germania» est accouru pour sauver d'une mort certaine les trois aéronautes naufragés, DE MÊME JÉSUS EST APPARU À CES PAUVRES ÂMES DÉSESPÉRÉES ET LES A SAUVÉES.

Elles étaient tourmentées pour leurs péchés et voici que:


Jésus les avait portés en son corps sur le bois


Elles tremblaient à la pensée de la condamnation et voici que:


Jésus avait subi cette condamnation


Elles redoutaient la mort et voici que:


JÉSUS ÉTAIT LA VIE.


Le nom même de Jésus leur était une garantie de leur salut.

Le nom de Jésus signifie: SAUVEUR.

Elles crurent cela; elles se confièrent en Lui. Elles étaient sauvées, et elles s'écrièrent;


SAUVÉS! NOUS SOMMES SAUVÉS!


Lecteur ne voudrais-tu pas être sauvé, et aux mêmes conditions?

M. Meyer

La pioche et la truelle N° 9 (1891?)


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