Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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UNE FEMME QUI SE TROMPE...

(POUR ALLER AU CALVAIRE.)


J'étais dans l'omnibus qui se dirige vers les Ternes; une femme, fort pressée d'arriver à destination, était montée à la station du Palais-Royal, et nous avions déjà dépassé la place Beauvau.

Tout à coup, elle s’écrie:

«Je ne reconnais pas le chemin: arriverons-nous bientôt au Calvaire?

Au Calvaire! s’écria-t-on, mais vous lui tournez le dos!

Hélas! hélas! dit la pauvre femme.

Je vous ai pourtant bien demandé, en montant, où vous alliez, dit le conducteur; vous n’y avez donc pas fait attention?

Mais je croyais être dans la direction du Calvaire I

Vous vous en éloignez, au contraire, à chaque pas.

Que faut-il donc que je fasse!

Descendez vite, s’écria tout le monde, rebroussez chemin!

Tenez, reprit le conducteur, voici précisément la voiture qui vous conduira au Calvaire!»


Il n'avait pas encore fait arrêter que la pauvre voyageuse était sur le marchepied, se retenant à la rampe; mais, malgré toute son impatience, elle hésitait à descendre.

«Lâchez tout!» lui cria-t-il avec autorité.

Toute tremblante, elle lâcha la barre à laquelle elle s’était cramponnée et se trouva saine et sauve sur le pavé. Alors, courant vers l'omnibus qui croisait le nôtre, elle y monta et reprit le bon chemin.


Ce mot de Calvaire, dans sa bouche, désignait un boulevard de Paris; mais chaque fois que je l’entends prononcer, ma pensée se reporte sur une autre ville où se trouvait jadis une colline de ce nom.

Je m'y transporte en esprit et j j’y vois une croix dressée, et sur cette croix un homme, dont les pieds et les mains sont transpercés de clous pour l’attacher au bois.

Je le vois couronné d'épines, dépouillé de ses vêtements, le visage enflé par les coups qu'il a reçus, sillonné de larmes et de sang, le corps meurtri, l'âme angoissée.

Je le nomme: MON SAUVEUR!

Là, sur la colline du Calvaire:


IL RÉPOND POUR MOI DEVANT LA JUSTICE DE DIEU.


C’est lui qui l'a voulu, c'est Dieu qui a donné son fils.

DIEU EST AMOUR. Il m'a tellement aimé — moi, dont les péchés l'ont si grièvement offensé, — qu’il a voulu (et à ce prix) me sauver!

Comment voulez-vous que je n’y pense pas chaque fois que j’entends ce mot de Calvaire?

Ce mot résume pour moi tout ce qu’il y a de plus tendre en amour.

Dieu m’a tant aimé qu'il a donné son Fils unique afin, que, me confiant en lui, je ne périsse point, mais que j'aie la vie éternelle.

IL A VOULU ME SAUVER et, grâce à ce sacrifice inconcevable, unique, il a lui-même satisfait à sa propre justice que j’avais violée, et ainsi il a donné libre cours à son amour.

Tout obstacle est ôté, et à quiconque se rend en esprit au Calvaire, renonçant à tout autre moyen de salut pour se confier entièrement à la grâce de Celui qui y est mort pour lui, il est accordé non seulement le pardon, mais encore une vie toute nouvelle.

CELUI-LÀ S’ABANDONNE JOYEUSEMENT À LA DIRECTION DE L'ESPRIT-SAINT et se jette dans les bras de Celui qui l’a tant aimé.


La petite scène de l'omnibus ne fait-elle pas penser à tant de personnes sincèrement désireuses de suivre la route qui conduit au Sauveur, mais qui, par inattention ou par ignorance, se laissent entraîner en sens contraire?

Oh! comme je voudrais leur crier:

Réveillez-vous! Réveillez-vous! Voyez où l’on vous mène!

Arrêtez-vous, dégagez-vous!

Lâchez tout pour vous soustraire bravement, courageusement à l'influence funeste qui vous éloigne du Calvaire, loin du bonheur, loin du ciel, loin de Dieu!

«Le juste vivra par la foi,

a dit le Seigneur,

«mais si quelqu'un se retire, mon âme ne prend point plaisir en lui.»

(Héb, X, 38.)

La pioche et la truelle N° 40 (1891?)


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