Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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L’AFFLICTION


S’il était nécessaire que l’Auteur de notre salut fût consacré par la souffrance (Héb. II, 10), les souffrances sont aussi nécessaires pour consacrer et perfectionner ses disciples.

La multitude de ceux qui «vêtus de robes blanches se tiennent devant le trône sont venus de la grande tribulation» (Apoc. VII, 14).


LES SOUFFRANCES SONT LE FEU PURIFICATEUR

QUI SÉPARE LE MÉTAL DES SCORIES.


On dit que le raffineur de l’argent observe attentivement le métal fondu jusqu'à ce qu’il puisse se mirer dedans, et que lorsqu’il y a vu son visage, il sait qu’il peut faire cesser le feu. C'est ainsi que notre Père céleste nous observe quand nous passons par l'épreuve, et quand II voit son image «réfléchie» dans la nôtre, Il dit: «C’est assez», et il fait cesser l'affliction.

Les souffrances, de quelque espèce qu'elles soient, corporelles ou mentales, nous rendent plus aptes à sympathiser avec le prochain, à nous rendre utiles, et surtout à nous rapprocher de Dieu. Une mère qui, hier, a enseveli son fils, sait sympathiser avec celle qui ensevelit le sien aujourd’hui, et une sœur qui a traversé une période de souffrances physiques, sait mieux consoler celle qui souffre présentement.


Quelquefois les soucis de ce monde détournent nos pensées de Dieu, et alors, Il nous couche sur un lit de souffrance, afin que nous ayons le temps de causer avec Lui; ou bien il nous enlève quelque personne bien-aimée, afin que nous sentions mieux le voisinage et le prix de la Jérusalem céleste.

Cet amour pour la personne qui s’en va n’est pas coupable: c’est la nature humaine implantée dans nos cœurs par le plus sage des Pères qui, au moyen de ces séparations, nous attire vers notre trésor, tellement que chaque fois que nous pensons à cet être cher, nous pensons à Dieu, et afin que nous nous pénétrions de sa présence, qui nous soutient et nous sanctifie.

Dieu nous aidera à supporter nos afflictions. Mais quand même aucun secours ne nous serait donné, notre devoir serait d’endurer avec patience tout ce qui nous arrive pour la sainte cause de Jésus; mais il y a une force divine et les plus grands avantages à être chrétien véritable. Le vrai croyant peut obtenir, s’il la demande, «la grâce qui suffit» avec une force parfaite dans sa faiblesse.

Dieu ne nous envoie des afflictions qu’afin de nous rapprocher de Lui.

Il ne nous a pas promis de nous ôter nos échardes, mais de nous soutenir lorsqu’elles s'enfoncent dans nos chairs vives et d’accomplir sa force dans notre faiblesse. Il nous appelle à Lui avec nos fardeaux; mais ce n’est pas de nos fardeaux qu’Il veut, c'est de nous.

Il ne nous promet pas de nous délivrer des croix qui pèsent sur nos épaules, mais de nous aider à les porter et de nous soutenir de ses bras tout-puissants.


Quand, pour la première fois, un enfant quitte la maison pour aller à l'école, il se trouve dans un milieu différent où il n'a plus sa tendre mère qui le protège et qui le console. Or, si la mère vient à savoir quelles sont les inquiétudes ou les craintes de son enfant, lui dit-elle: «Tu n’iras plus à l’école».

Non, en vérité; car elle sait que son cher petit garçon a besoin de cette discipline. Néanmoins elle sympathise avec lui, jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour supporter son propre fardeau.

De la même façon, le Seigneur sympathise avec ses enfants et peut faire plus; Lui, Il a le pouvoir d'augmenter notre force, afin que nous puissions supporter les épreuves les plus grandes. Ses bras ne sont pas seulement ouverts pour nous, en vue de nous presser sur son sein avec tendresse, mais ils sont aussi puissants que paternels.

Trois fois l’apôtre Paul demanda au Seigneur que l’écharde de sa chair lui fût ôtée, et Dieu lui dit: Ma grâce te suffit; ma force s’accomplit dans la faiblesse; et à la fin Paul sentit que l'affliction, avec l’aide de Dieu, lui était plus utile que si cette même affliction et la grâce de Dieu s’étaient l’une et l’autre éloignées de lui, à tel point qu’il put s’écrier: «Je me glorifierai donc dans mes faiblesses, dans les opprobres, dans les misères, dans les persécutions, dans les afflictions extrêmes pour Christ; car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort» (2 Cor., XII, 10).

La Sainte Écriture nous dit que «c’est par beaucoup d'afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (Actes, XIV, 22); ce qui revient à dire que les rachetés de Jésus doivent atteindre leur céleste patrie sous le travail de la sanctification, qui s’acquiert en supportant les afflictions et les épreuves, dans la foi en Dieu et dans la communion de son Esprit.

C’est pour cela qu’il est dit que, non seulement «nous ne devons pas trouver étrange d’être parfois comme dans une fournaise, mais que nous devons nous réjouir d’avoir part aux souffrances de Christ» (1 Pierre, IV, 12-13)


Un très grand nombre des larmes que nous versons à cause de nos douleurs sont des larmes de rébellion, et souvent LE SOUVENIR DE NOS SOUFFRANCES NOUS FAIT OUBLIER LES NOMBREUSES GRÂCES QUE NOUS AVONS REÇUES et nous empêche d’apprécier justement la vie que, dans une intention pleine de sagesse, notre divin Maître nous a accordée.

Aimé Cadot.

La pioche et la truelle N° 40 (1891?)


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