LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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PARESSEUX PRIS AU PIÈGE.

Le célèbre Moody, qui travaille à l'œuvre de Dieu avec tant de succès, est un homme pratique en toutes choses, il disait un jour:

Lorsque j’étais président de l’Union chrétienne de Chicago, nous recevions souvent des visites de gens qui venaient implorer notre secours en nous disant que le travail leur manquant, ils se trouvaient dans la misère.

J'eus l'idée de mettre à l’épreuve ces visiteurs importuns et je fis acheter plusieurs cordes de bois (1 corde de bois = 3 stères), ainsi que des scies et des chevalets, que j’eus soin de faire placer de manière à ce qu’on ne les vit pas immédiatement.

Quand un solliciteur se présentait en nous demandant de lui venir en aide, il y avait toujours un dialogue de ce genre:

— «Pourquoi ne travaillez-vous pas?»

— «Je ne puis trouver d’occupation nulle part.»

— «Accepteriez-vous du travail, si l’on vous en procurait?»

— «Certainement, et le genre d’ouvrage m’importe peu.»

— «Scieriez-vous du bois?»

— «Oui, bien volontiers.»

— Alors on montrait les scies et les chevalets, et on disait:

— «Eh bien, travaillez.»

Presque toujours, l’homme se mettait à l'œuvre, puis, au bout d’un moment, il disait: Je vais aller dire à ma femme que j’ai trouvé du travail», et il partait, sans songer à revenir.

Durant tout un hiver, nous n’eûmes pas plus de deux ou trois cordes de bois de sciées, par ces gens sans travail qui nous visitaient en si grand nombre.

Mon opinion est qu’on ne peut espérer le salut d’un homme qui ne veut pas travailler, et je crois même qu’on ne peut garder son corps en santé si l'on vit dans l’oisiveté.

À cause des mains paresseuses, le plancher s'affaisse;

et à cause des mains lâches, la maison a des gouttières.

(Eccl. X, 18.)


La pioche et la truelle N° 40 (1891?)