Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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RACHETEZ LE TEMPS


«Prenez garde à vous conduire avec circonspection, non comme des gens dépourvus de sagesse, mais comme des personnes sages, rachetant le temps car les jours sont mauvais.» (Ephés. V, 15-16)

S’ils étaient mauvais du temps de saint Paul, ils ne sont guère meilleurs de nos jours. Il est écrit: «Les méchants iront en empirant» (2 Tim. 3, 13).

Hélas! C’est bien ce que nous avons sous les yeux. À tous les degrés de l’échelle sociale, l’âpreté au gain, l’amour du luxe, la recherche des plaisirs sont insatiables.

L'homme du monde n'a plus de frein: honneur, conscience, crainte de Dieu ou des hommes, rien ne l’arrête. Cet état d’impiété traîne à sa suite un effroyable cortège d’égoïsme, de corruption, de souffrances, de vols, de meurtres, de suicides..., et tous les avilissements; la société paraît gangrénée jusqu’à la moelle.


Qu’y a-t-il à faire?

Faut-il se décourager et se contenter de reconnaître son impuissance?

Faut-il rendre les armes; cesser la lutte, s’enfermer, gémir, pleurer sur l’humanité déchue, perdue et condamnée?

Non, non; au contraire!

Plus les jours sont mauvais, plus le chrétien doit redoubler de courage, de vigilance, de prières et d’activité.

Le bras du Seigneur n'est pas raccourci pour ne pouvoir bénir et faire prospérer son règne.


Considérons l'histoire du christianisme.

À la mort du Sauveur, pour ses disciples et pour les Juifs toute l’œuvre de Jésus, comme celle de Jean-Baptiste, semblait être perdue.

Erreur! Lors de la persécution qui chassa les chrétiens de Jérusalem, l'Église naissante paraissait être anéantie.

Erreur! Quand Rome livrait les chrétiens aux bêtes féroces ou les brûlait vifs, il semblait impossible que le christianisme triomphât.

Erreur! Il s'implanta malgré les empereurs, malgré les cachots, malgré les bûchers: le sang des fidèles était la semence de l'Église. C’est en vain que pendant des siècles obscurs, on enchaîna l’Évangile.

À son heure, Dieu suscita Luther, Calvin, Farel et d’autres encore, qui brisèrent les chaînes du Saint Livre captif, remirent le flambeau sur le chandelier, rendirent la Bible au peuple et rassemblèrent l’Église.


Quand cette Église dut essuyer le feu de l’ennemi, subir les plus affreuses tortures: la Saint Barthélemy, les Dragonnades et la Révocation de l’Édit de Nantes, a-t-elle péri?

Nullement; elle changea de place, mais elle fut plus vivante que jamais.

Dieu suscita de nouveau les Antoine Court, les Paul Rabaut et beaucoup d’autres qui, déguisés en charretiers, en maçons ou en marchands, encouragèrent leurs frères et ranimèrent l’Église. On vit alors des jeunes gens se dévouer pour la prédication avec la presque certitude d'y trouver la mort. À cette époque on envoyait aux galères, on brûlait, on pendait les héros de la foi; mais rien n'y fit, c’est alors que l'Église brilla du plus pur éclat.


Voyons maintenant quelques faits individuels.

Celui qui aurait entendu Nathanaël disant: «Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth»? se serait-il attendu à le voir converti sur l'heure?

Pouvait-ou penser que le brigand cloué à côté de Jésus, et mourant pour son crime, serait le même jour dans le paradis?

En voyant Saul de Tarse ravager l'Église, qui aurait pensé qu’il deviendrait le grand apôtre des Gentils

Celui qui a vu Paul tout sanglant sous les verges du geôlier, pouvait-il croire que ce dernier serait croyant et baptisé le lendemain.

Jusqu’à 17 ans, Augustin était un mondain, presque un débauché, mais il avait une mère pieuse. Il s’enfuit à Rome pour se soustraire à l'influence et aux prières de sa mère; mais là-bas, le Saint-Esprit le saisit, le convertit et ce jeune libertin devint le grand saint Augustin.

Enfin! qui n'a vu autour de soi des péagers, des Marie-Madeleine, des buveurs, des indifférents, des incrédules se convertir et être sauvés?


LE SAINT-ESPRIT QUI A FAIT CES MIRACLES VEUT EN FAIRE ENCORE.


Du reste, jamais l'Église n’a été si prospère, jamais la charité chrétienne n'a montré tant de dévouement et n’a fait tant de sacrifices; jamais il n’y autant de missionnaires et tant de conversions qu'aujourd’hui! À l'œuvre donc! Rachetons le temps!

Mais, dira quelqu'un; que sommes-nous que pouvons-nous faire?

Je réponds: Rien, sans Jésus, mais avec Lui, nous sommés quelque chose, et nous pouvons beaucoup.

Ne cherchons pas à faire grand.

Laissons les grandes choses aux grands hommes; FAISONS-EN DE PETITES.

Ne nous contentons pas de désirer faire: AGISSONS.

Rendons-nous utiles dans l’Église, tout est honorable dans le service de Dieu. Puis, avisons quelqu'un autour de nous: un parent, un ami ou un ennemi; montrons-lui accueil, affection: ne le prêchons pas trop; qu'il sente de lui-même notre piété, qu'il voie notre joie, notre paix en Jésus-Christ; SURTOUT PRIONS AVEC PERSÉVÉRANCE, et bientôt il sera sauvé.


Sauver une âme vaut mieux que gagner un monde.

C'est un monument élevé à la gloire de Dieu,

c'est notre illustration éternelle!

«RACHETONS LE TEMPS»!


La pioche et la truelle N° 42 (1891?)


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