Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LA PLUS GRANDE PAROLE DU MONDE


Il est temps qu’on la rappelle.

Le monde se meurt pour l’avoir oubliée; toutes les calamités présentes viennent de ce qu’on la néglige; le jour où elle deviendrait loi des sociétés humaines, la face de la terre sera renouvelée.

De quelle parole s’agit-il?

D’une parole vieille de dix-huit cents ans, mais tellement belle, tellement haute, tellement pure que l’imagination même n’en peut concevoir de plus sublime; c’est celle qui est tombée des lèvres du Christ:


«Je vous donne un commandement nouveau,

c’est de vous aimer les uns les autres.»


Je prétends qu’il y a là le remède à toutes les souffrances des temps modernes. Examinons-en, si vous le permettez, trois seulement parmi les plus importantes, trois fléaux qui nous poussent à l’abîme, trois ulcères qui nous rongent le sang et le cœur: les haines sociales, la guerre et les crimes.


Le fait le plus tragique à constater à l’heure actuelle, c’est peut-être la haine des classes.

Question redoutable que la question sociale, et grosse de cataclysmes! De sa solution dépend non seulement la paix du monde, mais l’avenir même de la civilisation. Le capital et le travail se mesurent des yeux et comptent leurs forces. Si une conciliation n’intervient pas, ce sera bientôt la lutte à outrance, la guerre au couteau.

Que n’écoute-t-on les conseils de l’Évangile? Tu aimeras ton prochain comme toi même, dit Jésus-Christ.

Toi, patron donne à l’ouvrier son salaire légitime,

et toi, travailleur, attache-toi à la prospérité de celui qui t’emploie.

Pourquoi vous traiter en ennemis?

Vous êtes frères, traitez-vous en frères.

On prône en ce moment sous le nom de socialisme chrétien une espèce de doctrine bâtarde où il est beaucoup question de charité, mais presque pas de justice. La société idéale, celle qui a ses racines dans l’Évangile, c’est plus et mieux que l’avènement de la miséricorde et de pitié, C’EST LE RÈGNE DE LA JUSTICE ET DE L’AMOUR.

Semez ces idées dans les esprits, faites appel aux instincts généreux de l’âme humaine, dites sur les toits que les hommes doivent s’aimer parce qu’ils descendent du même Père et qu’ils retournent au même Dieu, et toutes les classes se donneront la main pour travailler en commun au bonheur universel.


Et la guerre? Cette tuerie organisée, cette boucherie atroce qui déshonore l’humanité!

Qui ne frémit à la pensée qu’au premier signal parti des bords du Rhin, des millions d’hommes vont se heurter poitrine contre poitrine! Les guerres passées étaient horribles déjà, mais la guerre qui se prépare, avec les fusils à tir rapide, combien de centaines de milliers d’hommes aura-t-elle couchés dans les sillons le soir de la première bataille?

Et combien de pauvres mères attendront vainement leur enfant?

Certes, il n’y a personne plus que nous qui aimons la patrie française. Nous avons pleuré sur ses désastres comme nous avons applaudi à ses triomphes..., mais quand nous songeons à l’horreur du carnage, quand devant notre imagination épouvantée surgit le tableau des luttes de demain, notre cœur se serre et nos yeux se mouillent de larmes.

«Seigneur, Dieu du ciel et de la terre, par-dessus le bruit des batailles et plus haut que le fracas des canons, fais entendre ta grande voix et crie à ces peuples en furie: Fratricides, que veulent dire ces armes levées? QU’EST-CE QUE C’EST QUE VOTRE GLOIRE SOUILLÉE DE SANG HUMAIN? Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres».


Que dirai-je de la criminalité croissante, que les lois n’arrivent pas à endiguer?

La soif de jouir est tellement ardente qu’il faut par tous les moyens arriver à la fortune; le jeu, le vol, le meurtre, tout est bon.

Enfermez un récidiviste, il s’en lève dix autres.

Nous rappelions l’autre jour dans nos petites nouvelles qu’à la suite d’une rixe dans la rue on venait d’arrêter, à Paris, un jeune homme de 19 ans qui avait déjà subi 19 condamnations. Il y a actuellement sous les verrous; à Londres, une femme qui a 175 ans de prison à faire.

Les magistrats sont débordés, les maisons de détention regorgent, comment arrêter le flot qui monte?

Comment? 


MAIS PRÊCHEZ DONC L’ÉVANGILE!


Mais dites donc à cet homme qui est encore plus égaré que coupable, dites-lui que c’est son frère qu’il vole ou qu’il frappe ou qu’il tue; allez jusqu’à sa conscience, ravivez en lui l’étincelle du bien.

Prenez l’enfant surtout, au moment où ses yeux s’ouvrent à la vie, où son intelligence s’éveille, où son cœur commence à parler, penchez-vous sur son âme et dites-lui:


«Mon enfant, voici la loi du Père qui est dans les cieux:

Tu aimeras ton prochain comme toi-même.»


Ô parole du Christ, Verbe sublime, je salue en toi la promesse de temps meilleurs, la règle royale qui va changer les destinées humaines et qui fera descendre le ciel sur la terre!

Samuel Vincent.

La pioche et la truelle N° 3 (1890)


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