Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

----------

ÉPREUVES, DEUILS, CHAGRINS


Mais les épreuves, les deuils, les chagrins?

Jésus les transforme en une discipline salutaire et fortifiante.

Une femme chrétienne, persécutée par un mari incrédule, un de ces tyrans domestiques comme il y en a tant, disait;

«Je lui dois beaucoup de reconnaissance, car bien souvent il m’a contrainte de me réfugier auprès de Dieu.»


Un serviteur de Christ, isolé en terre païenne et séparé de sa fidèle compagne par la mort, énonce la résolution de se vouer à son œuvre plus complètement que jamais. Et tout cela n’est pas le privilège d’une race.


Un brahmine converti, honni, et répudié par tous les siens, répondait à quelqu’un qui lui demandait où il avait trouvé la force de tant supporter:

«J'ai mis Christ dans un des plateaux de la balance, et tout le reste m’a paru plus léger que la vanité même.»



* * *


LA GRÂCE VOLÉE


Dans l’île de Man, me promenant un jour le long de la mer, je contemplais avec grand intérêt une vieille tour, grise, en ruines, couverte de lierre. On raconte que dans cette tour fut pendu l’un des meilleurs gouverneurs que l’île eût jamais possédés. Il avait été accusé de félonie au temps des guerres civiles, et il avait été condamné à mort.

On avait intercédé pour lui et sa grâce avait été envoyée; mais le papier qui la portait étant tombé entre les mains de son mortel ennemi, celui-ci l'avait gardé, et, coupable ou non, le gouverneur avait été pendu. Son nom et sa mémoire sont toujours en honneur, et l’on peut encore entendre chanter, au son du rouet, une triste ballade composée en souvenir de lui.

Nous nous sentons saisis d’horreur de l’infamie de cet homme qui ayant en sa possession une lettre de grâce pour un de ses semblables, a pu la garder, et le laissa mourir de la mort des traîtres! Mais retenons notre indignation jusqu’à ce que nous nous soyons demandé si Dieu ne pourrait, en nous désignant, dire:

«Tu es cet homme-là! Tu as entre tes mains une lettre de pardon pour sauver tes semblables, non de la mort temporelle, mais de celle qui est éternelle!

Tu as une lettre de pardon qui convient à tous, pour tous. Tu en as profité, toi; mais ne l’as-tu pas cachée à tes frères, au lieu de la faire parvenir aux extrémités du monde?»


Malheur à moi si je ne prêche pas l’Évangile!

(1 Cor. IX, 16.)


* * *


TOUT ÉTAIT BON, SAUF....


Jean-Jacques assistait, avec beaucoup d’autres, à la prédication de la fête des missions. Le pasteur avait divisé son discours en trois parties.

Dans la première il disait, entre autres choses, qu'il fallait se donner beaucoup de peine pour acquérir. Cela entendant, Jean-Jacques murmura tout bas à l’oreille de son voisin, en patois:

«Mon garçon, voici un homme intelligent.»

Dans la seconde partie, le pasteur disait avec force qu’il fallait s’ingénier non seulement à acquérir, mais aussi à conserver. Ces paroles firent danser de joie le cerveau de Jean-Jacques, et poussant du genou le voisin il chuchota:

«Petit, quel homme que celui-ci!»

Enfin, dans la dernière partie, le pasteur montra qu’il fallait être prêt à donner tout ce que l’on avait acquis, si l'œuvre de Dieu l’exigeait. Là-dessus Jean-Jacques se composa une mine scandalisée, et c'est complètement découragé que, se tournant une dernière fois vers son voisin.il lui dit:

«Malheur! Malheur! voilà qu’il a tout gâté, maintenant.»


La pioche et la truelle N° 3 (1890)


Table des matières