Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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UNE FIN TERRIBLE


Chers lecteurs, vous avez lu des récits de morts plus ou moins épouvantables, et peut-être avez-vous douté de leur authenticité n’ayant jamais eu l’occasion d’assister à de telles morts. Celle-ci n’est malheureusement que trop vraie, et c’est en frémissant encore que je vous la raconte.


Il était six heures du matin. Quelqu'un sonne, j'ouvre la fenêtre; c'était M. A...

«J’arrive de chez X... me dit-il, où je suis depuis deux heures du matin. Il est venu me chercher, sachant que vous n'étiez rentré que dans la nuit. Son beau-père vous demande. Il est dans un état affreux. Si vous voulez le voir, hâtez-vous.»

Je savais déjà que le docteur appelait la maladie de cet homme le choléra des ivrognes, et qu’il avait dit:

«Si le second remède n’est pas efficace, il n’y a plus d’espoir.»

Et maintenant la mort s’approchait.

Vingt minutes après, j’étais près du mourant. Il avait toute sa présence d’esprit.

Comment allez-vous? lui dis-je.

Oh! ça ne va pas, c’est la fin, me dit-il.

Peut-être, répliquai-je. Il ne faut pas vous décourager.

Si, si, c’est la fin, je le sais bien, mais ce n’est pas cela qui m’inquiète...

Et il raidissait les bras et les jambes.


Qu’est-ce qu'il y a donc qui vous inquiète? lui dis-je.

Oh! JE SUIS PERDU, répondit-il avec angoisse.

Vous êtes un pauvre pécheur, sans doute, mais il ne faut pas vous désoler. Il y a un remède. «Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs. Son sang purifie de tout péché.» Contemplez-le sur la croix, jetez-vous à ses pieds et vous serez sauvé.

Non, dit-il, pas moi.

Si, si, monsieur, vous! Écoutez Jean III, 16: «Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.» Vous l’entendez? Ce QUICONQUE, C’EST VOUS, C'EST MOI, C'EST N’IMPORTE QUI. Croyez, acceptez Jésus et vous êtes sauvé.

Non, pas moi.


Il se tordait, sa figure se contractait, il était livide.

Si, si, c’est vous, lui dis-je, quels que soient vos péchés.

Voyez Marie-Madeleine, femme perdue;

Zachée, un voleur;

Le larron, un assassin; ils se sont tournés vers Jésus, ils l'ont cru, et ils ont été sauvés. Vous connaissez leur histoire, et vous savez bien que ce que je vous dis est vrai.

Oui, dit-il, mais la grâce n’est pas pour moi.

Qu’avez-vous donc fait que vous désespériez ainsi?

Ce que j’ai fait? J'AI REJETÉ LE SAUVEUR... Il m’a appelé... JE N'AI PAS VOULU LE SUIVRE. Il y a quinze ans que M. C... m’a prêché l'Évangile et je n’en ai rien fait.

Sans doute, vous avez eu tort, mais il n'y a pas là un obstacle à votre salut. Le peuple d’Israël est parfois tombé dans l'incrédulité, dans l'idolâtrie, il a abandonné Dieu; mais quand il se repentait, qu'il priait du coeur, Dieu lui pardonnait.


Je lui lus Ésaïe, 55, 7; Ezéchiel, 33,11; le Psaume 51 et lui montrai que David, grand coupable, avait été pardonné.

Je lui citai d’autres exemples de pécheurs qui avaient écouté l’Évangile sans se convertir et qui ensuite avaient été sauvés, dès qu’ils étaient revenus et qu’ils avaient accepté le Sauveur.


JÉSUS EST MISÉRICORDIEUX, IL VOUS PARDONNERA.


Non, répondit-il.

C’est une erreur, mon ami, écoutez ce que Dieu dit: «Venez maintenant, dit l’Éternel, et débattons nos droits, quand vos péchés seraient comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige, et quand ils seraient rouges comme le vermillon, ils deviendront blancs comme la laine.» (Ésaïe, 1, 18.) Vous le voyez bien, Dieu est un bon père. CROYEZ À SON AMOUR ET VOUS SEREZ SAUVÉ.

Non!

Vous vous trompez, mon ami. Le père a-t-il repoussé son enfant prodigue quand celui-ci est revenu? Au contraire, il l'a accueilli avec joie. Il en sera de même de vous certainement.

Hélas! Il répondit encore: Non!


Je crois que le malheureux ne voyait plus que la justice de Dieu. Je fis une courte prière. Nous étions navrés.

Après un moment de silence, je dis au malade:

Écoutez ce que dit Jésus: «Venez à Moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés et je vous soulagerai... Je vous donnerai...., je vous donnerai... le repos de vos âmes.» Si vous ne sentiez pas vos péchés, je dirais: Il faut vous les faire sentir. Mais vous les sentez, vous êtes travaillé. C’est donc bien vous que le Seigneur Jésus appelle.

Non!

Écoutez encore le Sauveur: «JE NE METTRAI POINT DEHORS CELUI QUI VIENT À MOI.» Celui, c’est vous. Jésus n'est pas menteur. Vous voyez bien que vous n’avez rien à craindre, Il vous recevra.

Non! répondit-il.


La sueur perlait à son front. Quant à nous, ses enfants et moi, chacun de ces «NON» nous déchirait le cœur et nos larmes coulaient abondamment.

Sa fille lui présenta une cuillerée de ne sais quoi, qu'il accepta à regret en disant: Ça, c’est inutile. Il semblait n’être occupé que de la présence de Dieu. Alors, je proposai de prier. Il joignit les mains. Il les serra tellement qu’il nous semblait que l’extrémité des doigts entrait dans le dessus des mains, je le recommandai à la bonté, à l'amour de Dieu.

Quand j'eus fini, je lui dis: Maintenant, je vais descendre un moment, et pendant ce temps-là, priez vous-même; le Seigneur est là.


Il n'y avait guère plus de cinq minutes que j'étais descendu, qu’il me rappela. Ses mains étaient jointes: ses yeux qui s'étaient tournés vers le ciel et qui n'avaient plus laissé voir que le blanc quand je lui avais dit de prier lui-même, étaient dans le même état; sa figure semblait jaune: sa respiration paraissait bonne encore, il était silencieux. Sa fille lui épongeait le front.

Après un moment n'osant plus l'interroger, je dis: Seigneur Jésus, tu as pardonné à Pierre qui t'a renié; tu prias pour tes bourreaux; pardonne à M. C: fais lui sentir ta paix; reçois-le. Seigneur!

Un«NON» énergique sortit encore de la bouche du mourant. Alors sa fille se laissa tomber à genoux en sanglotant et s'écria à haute voix: «Seigneur, sauve mon pauvre père!»

Nos coeurs se fondaient.

Quand nous fûmes un peu remis, je lus lentement quelques passages choisis de l’histoire de la passion du Sauveur, et j’ajoutai:

Pourquoi Dieu a-t-il consenti à la mort de son Fils?

Pourquoi Jésus a-t-il consenti à souffrit et à mourir!

C’était pour sauver! les pécheurs. Il a ainsi payé votre dette. Vous voyez bien que Jésus Il veut vous sauver, puisqu’il est mort pour cela.

IL N'Y A PAS DE LIMITES À SON AMOUR, à sa puissance; Il vous attend. Il vous appelle. Il sera heureux de vous sauver. Ne regardez plus à vous, regardez à Lui.

CROYEZ SEULEMENT ET VOUS SEREZ SAUVÉ!


Hélas! Il dit encore: «NON!» Comme nous ne pensions pas qu’il put encore parler, nous étions atterrés.

Ses mains restaient jointes, ses yeux blancs, ses paupières immobiles, ses lèvres se retiraient, la sueur inondait son front. Il me semblait le voir dans l’angoisse de la rencontre de Dieu.

Je priai encore à haute voix, et lui récitai lentement, à intervalles, bien des promesses du Sauveur. Après quelque temps de cet état, il eut quelques convulsions et rendit l’esprit.


Son dernier mot avait été «NON». Il était dix heures du matin.

Ainsi mourut un homme qui avait cru en Dieu, en Jésus-Christ, au péché! Il avait bien des fois amené des gens au culte; mais il ne s'était pas converti.

Sa conscience tout à fait éveillée, mais trop tard sans doute, lui révélait tonue sa culpabilité; mais il ne voyait plus en Jésus qu’un juge et il n'osa pas se confier en Lui.


«ON NE SE JOUE PAS DE DIEU


Quel exemple! Dieu vous préserve, mes amis, d’assister à une pareille mort. Et surtout que ce ne soit pas la vôtre.

Vincent Père.

La pioche et la truelle N° 6 (1890)


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