Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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L'ÉTAT D’ÂME LE PLUS ENVIABLE


Tout le monde a entendu parler du général Gordon et de sa mort glorieuse à Khartoum. mais nous sommes bien aise de citer un trait de ce grand caractère, qui ne saurait être trop connu:

Un jour que Jean, roi d'Abyssinie, tenait à humilier l'émissaire détesté de l'Angleterre, il le convoqua en audience solennelle. Le Roi des rois comme s'intitulait pompeusement l’étrange monarque à demi barbare, assis sur un trône élevé, avait fait placer beaucoup plus bas dans la salle une simple chaise destinée à l’ambassadeur britannique.

Gordon est introduit. Indigné de l'affront fait à sa qualité de représentant de l'Angleterre, il saisit la chaise, monte les gradins de l’estrade royale, place son siège à côté du trône et s’assied tranquillement, en rappelant au monarque que le général Gordon est le représentant d'un souverain, qu'il est, par conséquent, son égal et veut traiter comme tel.

L’arrogant potentat n'y tenait plus. Il demeura quelque temps sans parler. Bientôt cependant reprenant ses esprits:

Savez-vous que je pourrais vous faire tuer sur le champ, si je voulais?

Je le sais fort bien, Sire, répond Gordon: faites-le tout de suite si c'est votre royal plaisir, je suis prêt.

Quoi! dit le roi décontenancé, prêt à recevoir la mort?

Certainement je suis toujours prêt à mourir, et bien loin d'avoir peur d'être tué par vous, en me faisant mourir vous m'accorderiez une faveur, car vous feriez à ma place ce que mes scrupules religieux m’empêchent de faire moi-même: vous me délivreriez de toutes les épreuves et de toutes les misères que l'avenir me réserve.

Ma puissance ne vous inspire donc aucune terreur?

Aucune!»

Le monarque, dominé par cet ascendant moral, donna un autre tour à la conversation.


Être toujours prêt à mourir, non par témérité ni par bravade, mais parce qu'on se sent en paix avec Dieu, réconcilié avec Lui par Jésus-Christ, c'est l'état d’âme le plus enviable que nous devons tous rechercher, si nous ne l’avons pas encore, c'est l'état normal du vrai chrétien.


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UNE HABITUDE DE PRIER QUI SAUVE


Prie! Tu n'en as jamais eu plus besoin!

Et l'officier sortit sa montre, tandis que le peloton se formait.

Un soldat d'un régiment d'Écosse avait été accusé de trahison: on l'avait vu à plusieurs reprises se rendre dans un bois touffu du côté de l'ennemi.

Le major André venait d’être pendu comme espion, et les Anglais courroucés ne pouvaient se montrer indulgents envers un homme soupçonné d’entretenir des relations avec les Américains. Le soldat fut donc amené devant le colonel par les témoins de son crime supposé.

«Qu’as-tu à dire? demanda le colonel d'une voix sévère.

Rien que ceci, mon colonel, je me suis retiré seul dans le bois pour prier un peu, et mes camarades m'ont arrêté.

Tu as l'habitude de prier?

Oui, mon colonel.

Alors prie à cette heure; jamais tu n’en as eu plus besoin,»

Croyant qu'il n’avait que quelques moments de plus à vivre, le jeune soldat chrétien s'agenouilla et répandit son âme devant Dieu son Père; un tel torrent d’amour et de foi ne pouvait sortir que d'un cœur qui depuis longtemps avait Dieu pour ami.

Ceux qui étaient présents, ainsi que l'officier, furent frappés d'étonnement.

Va, dit celui-ci, tu as dit la vérité, si tu n'avais pas été souvent à l’exercice, tu ne le serais pas si bien tiré d’affaire!»


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LA MEILLEURE PREUVE


Une bonne femme, marchande de fruits en Italie, avait reçu les saintes Écritures et en avait senti dans son cœur la vérité.

Établie avec son modeste étalage à l'entrée du port, elle profitait de tous les moments où sa vente ne l'occupait pas pour lire le précieux volume.

Quel livre lisez-vous donc là? lui dit un jour un monsieur en s'approchant pour acheter quelques fruits.

C'est la parole de Dieu, répondit la marchande.

La parole de Dieu! Qui vous l’a dit?

C’est lui-même.

Vous a-t-il donc parlé?

La pauvre femme se trouva un peu embarrassée, et le fut encore plus lorsque son interlocuteur insista pour avoir des preuves qu’elle était loin de savoir donner.

Enfin, lui dit-elle en levant les yeux en haut, prouvez-moi, Monsieur, que c'est bien là le soleil.

Vous le prouver! répondit-il: mais la meilleure preuve, c'est qu'il m'éclaire et me réchauffe.

Oh! c'est la même chose! S'écria joyeusement la femme: la preuve que ce livre est bien la parole de Dieu, c'est qu’il éclaire et réchauffe mon âme.

La pioche et la truelle N° 6 (1890)


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