Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LES PRIVILÈGES DU CHRÉTIEN


Dans ces temps rigoureux et difficiles que nous traversons, où la vie ne semble plus être qu’un long gémissement, un immense cri de douleur et d’angoisses, parlons des privilèges du chrétien.

Tout d’abord, il doit être à l’abri des colères, des haines, de la débauche, de la paresse, de l’avarice, des disputes, des procès, de la prison;toutes choses qui, avec un effroyable cortège de souffrances, amènent souvent la mort du corps et la mort l’âme.

Mais passons.

Le chrétien est un racheté.

Il est propriété de Celui qui a dit: «Je donne la vie éternelle... et personne les ravira de ma main.»

Le chrétien est un enfant de Dieu.

Quel titre donné par un tel Père! Tous les titres de la terre pâlissent, s’effacent et disparaissent devant celui-là.


Le chrétien EST-IL pauvre des biens de ce monde?

Son Sauveur lui dit:

«Regarde les oiseaux..., les lis..., les passereaux...»; ils sont nourris et vêtus, et, «pas un ne tombe sans la permission de votre Père. NE VALEZ-VOUS PAS BEAUCOUP PLUS!»

Ce sont les païens qui s’inquiètent. «Votre Père sait de quoi vous avez besoin».

Oui, on a vu un paresseux, un débauché, un incrédule mourir d’inanition! Mais Dieu n’envoie-t-il pas toujours quelque corbeau pour nourrir son Élie?


Le chrétien a-t-il lieu de gémir d’être pauvre?

Non. St-Jacques dit (I, 9-10);

«Que le pauvre qui est dans la bassesse, se glorifie dans son élévation. Que le riche, au contraire, s’humilie dans sa bassesse; car il passera comme la fleur de l'herbe.»

Et ailleurs nous lisons encore:

«Que vos moeurs soient sans avarice, étant content de ce que vous avez; car Dieu lui-même a dit: «JE NE TE LAISSERAI POINT, JE NE T’ABANDONNERAI POINT.» (Héb. XIII, 5.)


Le chrétien EST-IL éprouvé?

«Regardez, dit Saint-Jacques, comme le sujet d’une parfaite joie les diverses afflictions qui vous arrivent» (I, 2) parce que, ajoute Pierre, «l’épreuve de votre foi vous tournera à l’honneur, à louange et à gloire, lorsque votre Sauveur paraîtra».

«Toutes choses concourent ensemble au bien (au souverain bien, au bonheur suprême) de celui qui aime Dieu» (Rom. VIII. 28)


Le chrétien rencontre-t-il la persécution sur le chemin du devoir?

«Réjouissez-vous alors, lui dit le sauveur, et tressaillez de joie...»

Les souffrances du chrétien sont déjà sa gloire.

«Nous sommes heureux, disaient les apôtres, d’être trouvés dignes de souffrir pour le nom de Jésus».

Sur les galères de Louis XIV, on voyait les chrétiens chantant et leurs gardiens pleurant. «Celui qui souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point de honte; mais qu’il en glorifie Dieu, dit Saint-Pierre. — Les souffrances du temps présent, ne sont pas comparables à la gloire à venir...» s’écrie Saint-Paul.


Le chrétien peut-il craindre?

Le peut-il quand Dieu lui dit: «Une mère n’abandonne point son enfant qu’elle allaite...; mais quand même elle l’abandonnerait, moi, je ne t’abandonnerai pas... Je t’ai gravé sur les paumes de mes mains» (Ésaïe XLIX. 15-16).


Le chrétien a-t-il quelque écharde en la chair?

Son Sauveur lui crie du ciel: «Ma grâce te suffit...»


Manque-t-il de sagesse?

«Qu’il la demande à Dieu, dit Saint-Jacques, et elle lui sera libéralement donnée...»


Manque-t-il de force?

Le Saint-Esprit est là! «Je puis tout par Christ qui me fortifie», dit Saint-Paul.


Son œuvre, sa vocation est-elle difficile?

«Je serai avec toi, dit le Seigneur. Fortifie-toi et prends courage.» (Jos. I. 6, 7).

Mais il est des privilèges d’un autre ordre.


Le chrétien est le sel de la terre:

Il empêche la corruption et la destruction de la terre (Matth. XXIV. 22), ce qui est considérable.


Il est la lumière du monde.

Par sa joie, son espérance, ses principes et sa vie, il concourt au relèvement moral du monde et il guide l'humanité vers la croix et vers le ciel.

Autres privilèges encore:

Y a-t-il un déshérité quelque part? Le chrétien arrive.

Quel privilège de secourir le malheureux!

«J’ai eu faim, dira Jésus, et vous m’avez donné à manger.»

Y a-t-il un malade? Le chrétien y court.

«Vous m’avez visité», dira le Sauveur.

Y a-t-il un cri d’appel, une œuvre de Christ à aider, à soutenir? Vite, le chrétien délie sa bourse.

«Vous me l’avez fait à moi-même», dira son Sauveur. Une pite, un verre d’eau froide donné en son nom ne perdra pas sa récompense. Quel privilège!

Ah! qu’ils sont heureux au ciel, ceux qui ont dépensé leur vie et leurs biens pour leur Sauveur!

Ce n’est pas tout.


Le chrétien est un ouvrier avec Dieu.

Il connaît la source des «eaux vives». Autre Saint-Pierre, il possède les clefs du royaume.

Y a-t-il une âme troublée, qui soupire, qui gémit, qui pleure? Aussitôt sa sympathie s’éveille, et il conduit cette âme à Jésus, à la croix, à l’amour du Père, et la pousse à entrer dans le royaume de Dieu. Et alors cette âme déborde de joie et de reconnaissance. Que! Privilège!

Le chrétien EST-IL malade?

Jésus est avec lui.

Meurt-il? Sa mort est un triomphe.

Reste maintenant le ciel; mais je n’en parlerai pas.

Tout ce que j’en pourrais dire ne ferait qu’en diminuer le prix.

Plus de péchés, plus de douleurs, plus de mort; c’est le règne de la justice et de l’amour. C’est la rencontre de nos bien-Aimés; c’est la société des saints, des âmes d’élite, des glorieux martyrs.

C’est la vue de Dieu, des anges, de notre cher Sauveur.

Là, enfin, tout est bonheur, gloire et félicité aux siècles des siècles!


Chrétien, voilà tes privilèges!

Ne pleure plus, mais donne gloire à Dieu.


Vincent, père.

La pioche et la truelle N° 7 (1890)


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