Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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QU’EST-CE QUE LA VIE?


Qu’est-ce que la vie? Cette question a déjà été posée bien des fois et personne parmi les philosophes ou savants n’en a pu donner une définition satisfaisante. Et si l’on ne peut définir la vie animale, la vie corporelle, combien plus encore ON EST EMBARRASSÉ POUR EXPLIQUER LA VIE INTELLIGENTE ET MORALE, LA VIE DE L’ÂME.


À l’idée de vie est essentiellement associée l’idée de néant et l’idée de mort.

Le néant c’est l’absence de la vie; la mort c’est la cessation de la vie.


Et chaque minute qui passe,

chaque instant qui s’écoule,

sont autant de pas vers la mort.


Mais cette vie que dure-t-elle?

Pour ceux qui la commencent c'est l'espoir d’une éternité;

Pour ceux qui la quittent elle n’a été qu’un bien court passage sur la terre, qu’un séjour bien éphémère.

Et comment se manifeste-t-elle?

Par un continuel espoir du moment suivant, par un désir perpétuel d’arriver plus rapidement à un instant qui doit dans notre pensée nous apporter plus de jouissance. Mais à l’heure désirés nous ne trouvons que la désillusion et cette heure n’est pas encore consommée que déjà notre imagination, dans un avenir plus ou moins rapproché, nous offre la perspective trompeuse d’un vrai bonheur.

Mais chaque instant de notre vie. chaque minute plus ou moins impatiemment attendue, ne nous apporte que le désenchantement le plus complet.


NOTRE EXISTENCE SE PASSE AINSI À COURIR D’UN ESPOIR DÉÇU

À UN AUTRE ESPOIR AUSSITÔT DÉÇU.


Interrogez le vieillard dont la tête se couvre des frimas de l’hiver.

Interrogez-le dans les riches salons des fortunés de ce monde,

Interrogez-le quand, après avoir passé sa vie à amasser un pécule pour sa vieillesse, il court toujours après la satisfaction.

Interrogez-le alors que pauvre et vieux, nourri de misère, cassé par l'âge et les infirmités, il est obligé de courir encore après le pain quotidien.

Ou plutôt, non, ne l’interrogez pas, ce serait insulter à sa peine.

Mais tous vous feront la même réponse quand regardant le passé ils verront leurs espérances toujours leurrées, tous pourront dire bien justement: La vie est une ironie...


Dès que notre intelligence s’ouvre, que nous pouvons avoir conscience de notre existence, nous savons qu’elle en est l’issue. C’est l'aiguille de l’horloge qui tourne régulièrement, automatiquement, sûrement, depuis le matin à la nuit. Cette froide régularité donne le vertige, elle glace et fige le sang dans nos veines quand nous pensons au dénouement.

Mais non, nous ne voulons pas y penser. Invinciblement attirés vers le gouffre fatal et béant de la mort, nous frissonnons en voyant devant nous le but de notre voyage; et nous jetons les yeux à droite et à gauche pour trouver un appui où nous puissions nous accrocher.

Des spectacles et des divertissements qui occupent notre pensée et détachent nos regards du point d'arrivée, nous en rencontrons, mais ils cèdent sous notre main. Ils se présentent comme des arbres puissants auprès desquels nous trouverons un refuge assuré. Erreur!

Ces arbres n’ont que l’écorce. Ils sont vides et pourris.

Ici et là se montrent des fleurs brillantes aux éclatantes couleurs, aux parfums suaves, nous y courrons, nous les saisissons, hélas; roses, elles ont leurs épines qui déchirent: fleurs parfumées, leur suavité est un poison: et corolles et pétales au magnifique coloris ne sont pas encore touchés que déjà notre approche les a flétris.

Et toujours marcher, toujours descendre, régulièrement, infailliblement. La pente ne peut être remontée.


Les divertissements permettent momentanément

de détourner les yeux de l’échéance fatale,

mais sans cesse nos regards sont ramenés vers le terme final.


À côté du brillant cortège de la jeune fille conduite à l'autel par son fiancé, se montre le convoi où la veuve en pleurs conduit à sa dernière demeure celui en qui elle venait de mettre son espérance.

À la veille de la mort, nous ne voulons pas encore y penser, nous en détournons les yeux, avec horreur.

Et pourquoi?

Pourquoi frémir à la pensée de retourner dans le néant d’où nous sommes sortis si nous devons y retourner.

L’idée du néant n'a rien d'effrayant en elle, mais si la mort nous remplit de terreur en se montrant à nous, c'est que la porte qu'elle nous ouvre n'est pas la porte du néant.


Derrière ce noir inconnu, cette sombre et horrible mort, se dresse un tribunal.

Au frisson qui nous saisit en y pensant, nous le pressentons.


NOUS LE VERRONS CELUI QUI NOUS A PLACÉS SUR LA TERRE

ET QUI NOUS A DONNÉ À TOUS UNE MISSION À REMPLIR.


Le moment vient de rendre compte de nos services. 


La mort est la grande introductrice devant le Souverain et Suprême Tribunal.


Lecteur, comment as-tu rempli ta mission?

Es-tu prêt à paraître devant ton juge?...

K.


* * *


Je le sais, tu me mènes à la mort,

Au rendez-vous de tous les vivants.

(Job 30, 23)


il est réservé aux hommes de mourir une seule fois,

après quoi vient le jugement

(Hébreux 9, 27)


La pioche et la truelle N° 23 (1894)


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