Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES


On raconte que, lorsque l’apôtre Jean devint vieux, il se faisait porter dans les rues d’Éphèse et là, s’adressant à la foule qui l'entourait, il disait: «Mes petits-enfants, aimez-vous les uns les autres.»

Oh! combien j’aurais aimé entendre la voix douce et tremblante de ce vieillard aux cheveux blancs.

C’était un coeur d’or que cet apôtre de l’amour, il avait compris que c'était là le seul remède à tous les maux de la société quels qu’ils soient.

Pourquoi ces guerres civiles?

Pourquoi ces dissensions continuelles au sein des sociétés?

Pourquoi! Oh! pourquoi ces guerres cruelles qui sont la honte de l’humanité tout entière?

Oh! si ces mots: «Aimez-vous les uns les autres» pouvaient être gravés en lettres d’or dans le cœur de tout être humain; quel accord, quelle union!

Le disciple bien-aimé du Sauveur dit encore dans une de ses épîtres: «Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en action et en vérité.»

Voilà comment il faut aimer.

Les écrivains, les orateurs, nous présentent quelquefois ces belles paroles et nous disent de les pratiquer, mais nous prêchent-ils par l’exemple?

Quand donc le riche ne se contentera-t-il plus de ne donner que quelques pièces de monnaie au malheureux qui lui tend la main?

Quand traitera-t-il comme un frère celui qui est son frère?

Ah! s'il prenait de temps en temps le chemin de ces étroites mansardes où gît quelque pauvre malade, s'il n’avait plus peur de salir les pans de son habit dans ces escaliers sombres et poussiéreux, s’il s'initiait aux mystères de la vie des classes inférieures, certainement son cœur s’ouvrirait et, que ne ferait-il pas pour soulager les nombreuses misères qui l’environnent.

Quand donc le malheureux cessera-t-il d’injurier le riche, de lui vouer une haine implacable, d’en faire l’objet de son mépris?

Oh! s'il savait se contenter du peu qu’il possède et extirper de son cœur cette jalousie qui le dévore, car, après tout, elle ne lui donne rien, sinon des tourments sans nombre.

Certainement, on verrait en ce jour-là l’union et la concorde régner en maîtres sur la terre.

Plus de barrières! Riches et pauvres, grands et petits, ignorants et savants, tous viendraient ensemble, la main dans la main, immoler leurs rancunes sur l'autel de la fraternité.


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«Aimez-vous les uns les autres.»

Comme cette parole résonne doucement à nos oreilles, il nous semble entendre le son doux et lointain des clochettes argentines.

Comme elle fait battre notre cœur!

Est-il au monde un si beau commandement que celui-là?

Oui, me répondrez-vous, je connais telle ou telle maxime du Bouddhisme ou de telle autre religion, qui est aussi belle.

Mais, je vous dirai, comprenez-vous bien le sens de ces mots: «LES UNS LES AUTRES»: c’est le voisin, c’est l’ami, c’est l'ennemi même, et ces belles paroles ne sont, que le résumé de cette autre que Jésus prononça sur la montagne:

«Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous persécutent.»

Connaissez-vous quelqu'un qui ait mis ce commandement en pratique jusqu'au bout, qui ait aimé ses ennemis d’un parfait amour et qui, alors qu’on le torturait, alors qu’on le meurtrissait, trouvait encore des paroles de bonté pour ses persécuteurs: «PÈRE, disait-il au moment de son agonie, PARDONNE-LEUR, ILS NE SAVENT CE QU’ILS FONT.»

C’est Jésus, le Fils de Dieu, celui qui personnifia cette doctrine sublime de l'amour.

Les incrédules auront beau nier Christ, mais jamais ils ne pourront nier l’œuvre immense qu’il a accomplie dans le monde.

Loin de nous ces systèmes de philosophie admirables, mais impraticables, et qui n'amènent que discussions vaines et inutiles: loin de nous ces violences terribles qui n’atteignent que des innocents. AIMONS-NOUS LES UNS LES AUTRES.

Cependant, cette doctrine si simple à première vue est bien difficile à pratiquer, me direz-vous. Comment pourrons-nous aimer celui qui nous injurie et s’acharne à nous déshonorer?

Sur ce point, nous sommes d’accord, car nous ne pouvons rien par nous-mêmes. Celui qui maîtrise son cœur est plus grand que celui qui prend des villes, dit un proverbe, mais ce que l’homme ne peut, Dieu le peut.


Pour aimer son prochain comme soi-même,

il faut d’abord apprendre à connaître Dieu et à l’aimer.


Que le nom de Dieu soit craint et vénéré par toute la terre; que Jésus soit accepté comme Sauveur par tous les hommes.

Quand notre cœur mauvais aura été brisé par le sentiment de l’amour de Dieu, nous saurons immoler au pied de la croix nos haines et nos égoïsmes et nous tendrons la main à tous les hommes,

Ce jour-là, le paradis sera redescendu sur la terre.

Sabinus.

La pioche et la truelle N° 24 (1894)


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