Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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CROIS AU SEIGNEUR JÉSUS


Un homme chrétien qui visitait depuis longtemps une de ses pauvres voisines, sans pouvoir lui faire comprendre que le salut gratuit est un don du Christ, la trouva un jour dans son lit.

Qu’y a-t-il ma bonne femme, demanda-t-il.

Oh! voisin, ça ne va pas; mon pauvre pied est de plus en plus mal; je crois qu'il me faudra entrer à l'hôpital pour tâcher qu’on me le guérisse.

Vraiment? Est-il si mal que cela? Montrez-le-moi un peu.

La plaie était terrible, profonde.


En effet, le mal est grave; mais, ma bonne femme, à votre place je ne voudrais pas porter à l’hôpital un pied semblable, j’aurais honte! Pensez donc que les médecins sont tous de grands messieurs!

Eh! bien, est-ce ma faute si la plaie est si laide à voir? N’est-ce pas précisément parce qu’ils sont de grands messieurs que je vais les trouver?

À votre place, j’essayerais de guérir un peu mon pied avant do me présenter à l’hôpital.

Mais enfin, s'écria-t-elle, n’est-ce pas justement parce que je suis malade que je dois aller à l'hôpital? Qu’en aurais-je besoin si j'étais en bonne santé?

Je vous assure, voisine, qu'il vaut toujours mieux se guérir le plus possible auparavant.

Mais enfin!... Je ne comprends rien à tous vos raisonnements, et...


Tout-à-coup s’arrêtant:

Pardon! Pardon! reprit-elle enfin, est-ce que, par hasard, vous voudriez dire que j’ai eu tort de refuser d'aller au Christ, à Celui que vous appelez le grand Médecin, avant d'être un peu meilleure?

Ah! je le vois enfin, le Christ est pour les mauvais comme moi, de même que l'hôpital pour les malades. Eh bien! j’irai à Lui tout de suite, avant même d'aller à l’hôpital; c'est décidé, voisin! Oh! merci!

Jésus, prenant la parole, leur dit:

«Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin,

mais ce sont ceux qui se portent mal.

Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.»

(Luc, V. 31; XIX. 10.)



* * *


LA DERNIÈRE ALLUMETTE.


Un brave garde-voie d'un pont du chemin de fer nous a raconté le fait suivant:

Il y a dix-huit ans que j'habite cette maisonnette. Ma tâche consiste à surveiller le pont et le tunnel, long de dix minutes, qui lui fait suite.

Une fois, le rapide de nuit, qui passe ici à dix heures et demie, faillit être précipité dans l'abîme. C'était par une nuit d'hiver particulièrement froide et tempétueuse. Dix heures venaient de sonner. Je m'enveloppai de ma grande capote et, ma lanterne à la main, je sortis pour faire mon inspection ordinaire.

Arrivé à l'extrémité du pont qui touche au tunnel, j'aperçus sur la voie quelque chose d'irrégulier. Sous l’action du froid terrible, un rail avait sauté et était entièrement hors de service. Impossible de réparer immédiatement ce dégât. Je tirai ma montre: dans quinze minutes le rapide devait sortir à toute vapeur du tunnel, et alors... il se précipiterait dans le gouffre béant. Une angoisse terrible s’empara de moi. Malgré ce froid si intense, je me sentais tout ruisselant de sueur.

Il n'y avait pas une minute à perdre. Je me hâtai d'entrer dans le tunnel et de courir à la rencontre du train pour donner l'alarme en agitant ma lanterne. Mais comme j'approchais de l’autre extrémité du tunnel, je fus enveloppé par un tourbillon qui me jeta de côté avec violence et ma lanterne fut brisée contre la paroi.

Plus de lumière! Que devenir?

Dans quatre ou cinq minutes le train allait passer. Si je ne pouvais pas donner l'alarme, des centaines de voyageurs devaient périr dans les flots. Du plus profond de mon âme je criai à Dieu, le suppliant d'avoir compassion. Puis, avec une hâte fiévreuse, je fouillai dans ma poche et j'y trouvai un journal et une allumette, la seule qui me restât.

Bientôt dans la nuit noire apparurent les deux grands yeux de la locomotive haletante. Le sifflet retentit. Je m’agenouillai sur la voie et je criai: «Seigneur, sauve-nous.» Puis, me faisant de ma capote un abri et tenant le journal de ma main gauche, j'attendis, m'efforçant d'être calme. Au dernier moment je frottai l'allumette. Le feu jaillit et bientôt je pus agiter le journal enflammé. À ce moment le train passa avec grand bruit. Cependant, Dieu soit béni, le mécanicien avait aperçu le signal de détresse. Un coup de sifflet strident retentit, les freins crièrent sur les roues. Je tombai sans connaissance sur la voie.

Le lendemain mes cheveux blond foncé étaient devenus blancs comme la neige; la Compagnie m’offrit, comme gage de reconnaissance, cette belle montre en or avec sa chaîne. Mais c'est Dieu seul qui nous préserva de ce grand malheur. À Lui soit la gloire!


«INVOQUE-MOI AU JOUR DE LA DÉTRESSE;

JE T'EN DÉLIVRERAI ET TU M’EN GLORIFIERAS.»
(Ps. L, 15)


La pioche et la truelle N° 24 (1894)


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