LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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SOYEZ SINCÈRES.

Un grand prédicateur, nommé Finney, était arrivé à Hochester, dans les États-Unis. Il fut mis en rapport avec un homme très considéré, qui affichait ouvertement son scepticisme.

– Oui, Monsieur, dit-il à Finney, je suis un sceptique, et si vous parvenez à me prouver que la Bible est un livre de Dieu, vous me ferez vraiment plaisir.

– Croyez-vous, lui répondit Finney, à l'existence de Dieu?

– Certainement, je ne suis pas un athée.

– Alors, estimez-vous avoir traité Dieu comme vous le deviez. L’avez-vous aimé? Car, vous admettez, je suppose que vous devez l’aimer et chercher à lui plaire selon le degré de vos lumières?

– Oh, j’admets tout cela.

– Mais avez-vous agi en conséquence?

– Non, je l’avoue, pas comme je l'aurais dû.

– Alors, reprit Finney, pourquoi vous donnerais-je plus de lumière, si vous n'agissez pas conformément à celle que vous possédez déjà?

Il y eut un silence, puis Finney reprit:

Quand vous vous serez repenti d'avoir été infidèle à vos notions de devoir, et que vous aurez pris la résolution de chercher désormais à faire la volonté de Dieu pour autant que vous la connaissez, alors j’essaierai de vous prouver que la Bible est de Dieu. Jusque-là ce serait parfaitement inutile.

Finney ne s'était pas assis et n’avait pas offert un siège à son interlocuteur. Celui-ci comprit que l’entrevue était finie et se retira en murmurant:

Après tout, vous ne me demandez là rien qui ne soit raisonnable.

Le lendemain, au point du jour. Finney s’habillait; on frappe à sa porte. C'était l’incrédule. Il entre en s’écriant tout joyeux;

– Monsieur Finney, Dieu a fait un miracle!

Et il raconta comment, en essayant de faire ce qu'il savait être la volonté de Dieu, il avait été éclairé d’une lumière soudaine et mis face à face avec Jésus-Christ.

* * *

C'est inutile. Monsieur, je ne comprends pas la Bible, disait un jour un petit commerçant à quelqu’un qui lui conseillait de la lire plus assidûment.

– Et qu’est-ce que vous ne comprenez pas?

– Mais tout, c’est un livre incompréhensible.

Or celui qui parlait ainsi était un homme bien connu de son interlocuteur et du public pour les fraudes qu’il se permettait dans son commerce.

– Voyons, mon ami, reprit l’autre, voulez-vous que nous cherchions un passage facile à saisir, et, feuilletant sa Bible, il mît le doigt sur ces mots (Exode, 20, 15):

«Tu ne déroberas point.»

Il me semble que voilà quelque chose que vous pouvez comprendre, n’est-ce pas? Il faut seulement le mettre en pratique.

* * *

L'important n'est pas tant de comprendre toute la Bible, que de nous soumettre à ce que nous pouvons comprendre, à mesure que, nous le saisissons; c'est ainsi que chaque jour, elle nous devient un peu plus claire.

Toute la question est donc de savoir si nous voulons lui obéir.

Si nous ne le voulons pas, à quoi servirait de la comprendre.

Si nous le voulons, Dieu nous la révèle au fur et à mesure de nos besoins.

La pioche et la truelle N° 24 (1894)