LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LA CONSCIENCE

Pour chaque péché, grand ou petit, la conscience a un reproche.

Charles IX, responsable du massacre de la Saint-Barthélemy, était poursuivi par cet amer souvenir; à sa dernière heure, il dit au docteur Ambroise Paré:

Docteur, je ne sais ce qui m’arrive; j'ai depuis longtemps une fièvre de corps et d’esprit. Ah! si seulement j'avais épargné l'innocent, et l'idiot, et le boiteux!

Rousseau déclara dans sa vieillesse qu'un pêché qu’il avait commis dans sa jeunesse lui donnait encore des nuits sans sommeil.

Charles II, roi d’Espagne, ne pouvait dormir qu'en ayant dans sa chambre un confesseur et deux frères.

Le cardinal Beaufort, qui avait tué le duc de Olocester, s'écriait souvent, pendant la nuit:

Allez! allez! pourquoi me regardez-vous?

Richard III, qui avait tué ses deux neveux, se levait parfois la nuit; il prenait son épée et combattait des apparitions.

Pourquoi Adam et Ève ont essayé de se cacher, repris par leur conscience?

Pourquoi la punition de Caïn lui sembla-t-elle plus grande qu'il ne pouvait porter? C'était sa conscience.

Pourquoi Achab cria-t-il au prophète: «M'as-tu trouvé, toi, mon ennemi?»

Qui est-ce qui fit trembler le grand Félix devant Paul? La conscience.

Qu'est-ce qui troubla Beltsatzar lorsqu’il vit un doigt écrire sur la muraille? La conscience.

La conscience, avec son aiguillon, avec ses tenailles, avec ses fournaises...

Jusqu'à ce que la conscience se réveille, il n’y a pas de repentir possible.

Thomas Olivier, l'un des prédicateurs de John Wesley, après sa conversion, voulut payer ses dettes. Il dut vendre pour cela sa petite propriété et jusqu'à son cheval. Tout le monde vit alors qu’il était vraiment transformé; sa conscience était convertie; voilà ce qu'est la religion!

Franc Tiebout vendait des liqueurs. Après sa conversion, il prit toutes ses barriques et les vida dans la rue. Voilà la religion! C'est par une pression de la conscience que l'on se décide à restituer.

La conversion n’est pas réelle, à moins que le cœur ne soit gagné, le portefeuille et tout le reste... L'homme à moitié converti, ou au quart, ou au millième, n’est pas converti du tout. Que sera le grand livre au jour du jugement? La conscience; la conscience rappelant les occasions perdues, les péchés non pardonnés, et tout le passé...

La pire des choses, c'est d'avoir une mauvaise conscience!

Ne dites pas que tout ce que vous avez fait, dit ou pensé a été bon. Car, alors, vous ne vous connaîtriez pas vous-même et vous ne seriez qu’un pharisien.

N'y a-t-il pas de bassin où l'âme puisse être lavée? Oui, il y en a un! «Lave-moi, disait David, et je serai plus blanc que la neige.»

Vous souvenez-vous du grand bassin de l'Ancien Tabernacle?

Il est un type glorieux du bassin de la Nouvelle Alliance.

Venez et lavez tous vos péchés à la source toujours ouverte du sang du Sauveur! Ne les portez plus une seconde encore, car ce sang peut laver les péchés du monde entier.

LE PARDON N'EST OBTENU QUE PAR CE SANG VERSÉ SUR LA CROIX; je place devant vous la mer d'airain de la miséricorde divine qui pardonne; jetez-y votre âme et votre vie...

Les historiens disent qu’une grande armée vint un jour pour prendre Jérusalem. Quand elle aperçut ses tours du haut de la colline, elle poussa un tel cri de joie que la terre en trembla.

Ah! si vous pouviez avoir un coup d'œil du Temple où vous pouvez laver vos péchés, vous chanteriez de joie et crieriez des hosannas qui émouvraient les cieux.

La pioche et la truelle N° 25 (1894)