LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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DIEU PEUT-IL ME FAIRE GRÂCE?

Il y a quelques jours, raconte un médecin, je fus appelé dans une misérable habitation, pour visiter une pauvre fille qui se mourait des conséquences de sa vie coupable. Elle n’avait pas plus de 20 â 21 ans.

La maladie avait consumé ses forces; elle s'était affaissée tout à coup, et gisait sur son grabat, épuisée, pâle et amaigrie. Je vis aussitôt qu’elle était sur le seuil de la tombe.

Tandis que je parlais à la femme qui se trouvait près d’elle, je sentis sa main se poser sur mon bras; la malade fixa sur moi de grands yeux, où se peignait une profonde anxiété, puis elle me dit;

– Ô Monsieur le docteur, DIEU PEUT-IL ME FAIRE GRÂCE?

– Oui, répondis-je avec émotion; IL PARDONNE À TOUS CEUX QUI VIENNENT À LUI.

– Mais, s’écria-t-elle, j’ai brisé le cœur de ma mère, et j’ai été si mauvaise... oh! si mauvaise! Suis-je perdue... perdue!

– Jésus-Christ est venu chercher et sauver ce qui était perdu.

– Ah! c’est ce que ma monitrice me disait toujours, répondit-elle; et lentement, péniblement, elle ajouta: — Dieu... me soit... en aide!

Et elle expira!

Maintenant, ce pâle visage et ce cri d’angoisse me hantent sans cesse. Cette pauvre fille fut-elle, ou non, sauvée? Je ne pus que la remettre entre les mains d’un Dieu miséricordieux. Mais quoi qu’il en soit, combien est vrai ce proverbe anglais:

«UNE VIE DE PÉCHÉ PLANTE DES ÉPINES DANS LE LIT DE MORT!»

La pioche et la truelle N° 26 (1894)