Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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QU’ATTENDEZ-VOUS?


Cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve; invoquez-le tandis qu’il est près. (Ésaïe 55, 6)

Il y avait dans ma congrégation, raconte un pasteur, une jeune femme pour laquelle j'éprouvais un grand intérêt, et avec laquelle, depuis longtemps, je cherchais à avoir un entretien sur la religion, je lui avais souvent parlé en présence de membres de sa famille. Mais elle était très réservée et paraissait peu disposée à une conversation sur ce sujet.

Elle suivait mes prédications avec attention, mais ne manifestait aucun intérêt particulier pour les choses de Dieu. Je résolus de la voir en particulier et de la faire sortir de son silence obstiné.

Je me rendis chez elle et demandai à la voir.

Voulez-vous, lui dis-je, m'accorder quelques instants? Je suis venu tout exprès pour vous parler de religion, si vous y consentez.


Elle resta muette, baissa les yeux et parut confuse.

J’espère que vous ne me trouverez pas indiscret, repris-je, mais permettez-moi de vous demander si vous voulez causer avec moi sur votre état religieux.

Je n'ai pas de religion, dit-elle en baissant la tête et d’un air très sérieux.

Et entendez-vous vous en passer durant votre vie et à votre mort?


Elle ne répondit rien. J'attendis assez longtemps, mais, aucune réponse ne m’étant faite, je continuai:

Vous dites que vous n’avez pas de religion. Ne serait-il pas sage et prudent de vous occuper de ce sujet?

Point de réponse.

Ne voulez-vous pas y penser?

Point de réponse.


Je ne suis venu ni pour vous embarrasser, ni pour vous ennuyer, repris-je enfin. Je désire votre bien, mais, si vous le préférez, je vais me retirer. Je ne veux pas vous forcer à vous occuper d'un sujet auquel vous ne désirez pas donner votre attention.

Non, restez, je crois qu’il est bon que vous en parliez.

Pourquoi alors ne voulez-vous pas me répondre?

En vérité, monsieur, je ne sais que dire.

Ma question est simple cependant: vous occupez-vous de la religion avec une attention sérieuse et avec prière?

Non, monsieur, pas à présent.

Je vous remercie de m’avoir répondue. Mais laissez-moi vous demander si votre devoir ne serait pas d’y donner, sans délai, une attention sérieuse et sincère?


Elle ne répondit pas, mais parut toute confuse; le sang colora ses joues, et j’en eus pitié.

Ne vous troublez pas; dites-moi simplement ce que vous pensez.

Eh bien, monsieur, je le veux; mais je sais que vous n’aimerez pas ce j’ai à vous dire.

C’est égal, dites.

Je n’ai pas le désir de vous contredire. mais je ne crois pas que, dans ma disposition présente, il me soit bon de m'occuper de religion,

Que voulez-vous dire par là? Je ne comprends pas.

Je veux dire que je n’ai aucun intérêt actuel pour la religion, et je ne crois pas qu’il me soit utile d’y penser jusqu'à ce que j'en éprouve un plus pressant besoin.

Attendez-vous donc ce besoin?

Certainement.

Espérez-vous qu'il vienne en attendant?

Je ne sais pas, vraiment, dit-elle avec tristesse. Je l'espérais, mais je l’ai déjà attendu si longtemps.

La Bible vous dit-elle de l’attendre?

Je ne sais pas, mais elle parle de convictions, de coeurs contrits et brisés, d’angoisses du cœur et d’influence du Saint-Esprit. Je n’ai rien de tout cela; comment pourrai-je chercher Dieu?

Comment pensez-vous que ces convictions et ces sentiments nous arrivent?

Je ne sais pas.

Sentez-vous que vous avez péché contre Dieu et que vous n’êtes pas réconciliée avec lui?

Oui, je le sens.

Savez-vous que vous ne pouvez pas vous sauver vous-même et que vous avez besoin que Jésus-Christ vous sauve?

Oui, je le sais, dit-elle d'un air très significatif et en appuyant sur les mots je le sais.

Alors vous avez quelques convictions?


Vous pouvez les appeler des convictions, si vous voulez, mais je n'ai pas de profondes impressions.

Et vous attendez d’avoir de telles impressions avant de rien faire, et quand vous les aurez, alors vous chercherez Dieu?

Oui, monsieur.

Vous pouvez, dans ce cas, attendre toujours.

Oh! j'espère que non.

C’est ce qui vous arrivera probablement. Les profondes impressions viennent rarement quand on les attend. Combien de temps les avez-vous déjà attendues?

À peu près cinq ans.

Et avez-vous gagné quelque chose dans ces cinq années? Vos convictions sont-elles devenues plus fortes?

Je ne sais pas.

Pensez-vous gagner quelque chose en attendant cinq ans de plus?

Je crains que non, dit-elle tristement.

Et moi aussi je crains que non. Vous pouvez attendre, et toujours attendre, jusqu'à ce que vous soyez couchée dans la tombe, et alors vos délais ne vous serviront à rien.

Que ferai-je?

Cherchez le Seigneur pendant qu'il se trouve; invoquez-le tandis qu’il est près.

Comment! avec mes dispositions actuelles?

Oui, justement.

Je ne crois pas que cela me fasse aucun bien.

Mais d’attendre cinq ans ne vous a fait aucun bien, et vous n'avez aucune raison d’espérer que cinq ans de plus vous en ferait. Vous savez ce que c’est qu'attendre: je désire que vous essayiez maintenant de chercher comme la Bible vous le commande.

Je chercherais le Seigneur, si je pensais qu’il fut possible de le faire, disposée comme je le suis.

Cela est très possible. Quant à moi, j’ai la confiance que vous ne le chercheriez pas en vain.

Je sais que vous vous trompez;

Je sais que vous mettez votre sagesse à la place de celle de Dieu, qui vous invite à le chercher sans délai, aujourd’hui... Maintenant voulez-vous retenir mes conseils! J’ai plusieurs choses à vous dire, si vous voulez m’écouter.

Très volontiers, monsieur.

1° Souvenez-vous d’abord que Dieu ne vous dit nulle part d'attendre d’avoir des convictions ou autre chose. Il nous dit: C’est MAINTENANT le temps favorable, c'est aujourd’hui le jour du salut.

2° Vous n’avez nullement besoin d'attendre des impressions plus profondes. Celles que vous avez suffisent. Qu'est-ce qu'un pécheur a besoin de connaître et de sentir pour aller à Christ? Il a besoin de savoir qu'il est pécheur, qu'il ne peut se sauver lui-même, et qu'il NE PEUT ÊTRE SAUVÉ QUE PAR JÉSUS-CHRIST. C’est là tout... et vous avez tout cela déjà.

3° Jamais les profondes impressions ne sont venues sans prier et sans se réfugier vers Jésus-Christ; elles ne viendront jamais autrement.

4° Votre devoir est de vous détourner du péché et du monde aujourd'hui même, pour aller à Christ.

5° Si après tout cela, vous désirez avoir de plus profondes impressions, la seule manière de les éprouver, c'est d'essayer de faire ce que Dieu vous commande, en vous repentant, en vous abandonnant à Christ, en donnant, votre cœur à Dieu. Alors vous commencerez à voir quelle pécheresse misérable et perdue vous êtes, et quel besoin vous avez du secours de Dieu. Vos impressions seront alors aussi profondes que vous pouvez le désirer. Cinq ans ou cinquante ans de plus d'attente ne vous les donneront pas. C'est tout ce que j'ai à vous dire.

Je pris congé.

Trois jours après, je renouvelai ma visite, et trouvai la pauvre femme dans un état de profond abattement. Elle avait réfléchi, prié, lu sa Bible. Mais plus elle désirait renoncer au monde et se donner à Dieu, plus elle trouvait que son cœur ne voulait pas céder. Jamais elle n’avait connu auparavant combien elle était pécheresse et elle désespérait de ne jamais arriver au salut.

Jésus-Christ, lui dis-je, peut vous sauver.

Je pense bien qu’il le peut, répondit-elle, mais je ne crois pas qu'il le fasse jamais!

Non seulement, repris-je, Jésus-Christ peut vous sauver, mais il veut le faire.


Elle leva sur moi un regard angoissé et me dit:

Ah! si j'étais sûre qu’il le veut.

Vous en êtes sûre, car sa Parole vous le dit:

venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et vous trouverez le repos de vos âmes.

Si quelqu'un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive.

Que le méchant délaisse sa voie et l'homme inique ses pensées, et qu'iI retourne à l’Éternel, et il aura pitié de lui, et à notre Dieu, car il pardonne abondamment,

Ah! dit-elle, je veux essayer de chercher Dieu.

Je la quittai à l’instant même.


Quelques jours après ces entretiens, je retournai la voir. Je la trouvai calme et heureuse dans l’espérance, ayant mis toute sa confiance en Christ. Elle me remercia de lui avoir parlé si franchement.

Vous m’avez ouvert les yeux, ajouta-t-elle. Quand vous vîntes la première fois, j’étais résolue à ne pas vous dire ce que j’éprouvais. Si vous n’aviez pas insisté, et si vous ne m’aviez pas comme contrainte à penser sérieusement à la religion sans tarder, j’aurais attendu des convictions plus fortes toute ma vie.

Que fîtes-vous alors?

Accablée par le sentiment de mes péchés, me voyant indigne et incapable de ne rien faire pour me sauver, je pleurai et priai pour obtenir grâce et miséricorde. Peu de temps après, j'eus la paix. Je ne sais pas comment, mais je n'ai rien fait moi-même. LORSQUE J'AI CRIÉ À DIEU, IL A TOUT FAIT POUR MOI.

Quelque temps après, elle se joignit à l'Église, et elle a vécu dès lors en chrétienne utile et dévouée.

La pioche et la truelle N° 27 (1894)


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